La bulle Unam Sanctum de Boniface VIII (1302) - superiorité de l'autorité spirituelle sur les autorités temporelles

Résumé du document

La Bulle d'Unam Sanctam est un acte normatif écrit par le Pape Boniface VIII, et ayant une portée générale. La particularité d'une bulle est qu'elle porte sur un sujet d'intérêt général et qu'elle est scellée par un sceau.
Boniface VIII qui rédige cette Bulle en 1302 est Pape depuis 1294, il est puissant et autoritaire. Avant d'être pape, il était avocat et notaire du pape précédent. Sa formation est donc double puisqu'il est à la fois juriste et canoniste. C'est pour cette raison qu'il utilise le droit canonique pour argumenter contre Philippe le Bel (Roi de France depuis 1285) qui lui se base sur le droit romain pour établir son argumentation car il est entouré de légistes. Pour sa part, Philippe le Bel est un homme froid, caractériel, et n'admet pas qu'on remette en cause sa suprématie et son autorité. Les deux hommes ont des conceptions très différentes des relations entre les pouvoirs.

Extraits

[...] Il réunit alors une assemblée des clergés de France qui l'autorise à lever la décime. Le pape en réponse à cela, en février 1296, rédige une Bulle, qui rappelle que le roi ne peut lever la décime sans la permission du pape. Le roi va réagir de trois façons : il va interdire toute sortie d'argent du territoire (asphyxie financière de la papauté), il utilise un document rendez à César ce qui est à César pour dire que le pape ne doit pas se mêler des affaires temporelles du royaume de France, et l'on se met à écrire des pamphlets politiques pour répondre à la papauté. [...]

[...] Lors de cette arrestation, Saint-Pierre sortit son épée pour défendre Jésus, mais celui-ci lui dit : Remets ton glaive dans son fourreau Le second passage vient des évangiles de Saint Luc, il décrit la même scène de façon différente : les apôtres lors de l'arrestation disent Il y a ici deux glaives Jésus répond alors C'est assez ! Le Christ exprime l'idée qu'il n'utilisera pas la force pour combattre ses ennemis, et sans remettre en cause cette interprétation, Saint Bernard en est sorti, pour donner à ces deux passages une signification politique. Dans le second passage, il explique que les deux glaives symbolisent les deux pouvoirs (spirituel et temporel). [...]

[...] Boniface VIII reprend alors à son compte la théorie de Saint Bernard de Clervaux et affirme que les deux pouvoirs sont dans la puissance de Pierre donc du Pape, il accentue la position du Pape par rapport à la conception de Bernard de Clervaux. Pour Bernard de Clervaux, il y avait un accord entre les deux autorités pour l'exercice du pouvoir temporel. Avec Boniface VIII, il n'y a plus qu'une idée de soumission complète du roi au pape. Il précise que s'il existe bien deux pouvoirs, alors le pouvoir spirituel est nécessairement supérieur au temporel et donc, l'autorité temporelle est soumise à l'autorité spirituelle. [...]

[...] Or arrivé à ce stade, il le justifie grâce à un passage des Evangiles où le Christ s'adressant à Saint-Pierre lui dit : Pais mes brebis cela veut dire qu'il doit faire paitre ses brebis, et que le Christ a confié à Saint-Pierre l'ensemble de ses brebis ou l'ensemble de ses fidèles. Et tous ceux qui d'une façon ou d'une autre entendent se soustraire à l'autorité de Pierre ou du Pape avouent par la même ne pas devoir se soumettre à l'autorité du Christ, ils refusent ainsi le credo de départ. La primauté pontificale est donc affirmée tout d'abord par rapport à la société ecclésiastique, mais Boniface VIII va également montrer que cette primauté se fait aussi par rapport aux autorités temporelles. [...]

[...] Boniface VIII souligne alors que celui qui admet l'existence de deux pouvoirs égaux est similaire aux manichéens, car il admet l'existence de deux pouvoirs, mais Dieu étant un symbole d'unité, il n'existe qu'un pouvoir. L'intégralité du genre humain est donc soumise à l'autorité du pape. Toutefois, le roi a réussi à affirmer son indépendance vis-à-vis du pape, ce qui marque le début de l'effondrement des thèses de la papauté. Et si le pape perd en puissance dans l'Eglise, ce sont les conciles qui en profitent. Les rapports de force entre le Pape et les évêques vont donc évoluer. [...]