À l'époque républicaine, les guerres puniques et la conquête de l'Orient ont elles des conséquences néfastes sur l'évolution de la courbe des natalités. Afin de résoudre ce problème, Metellus Numidicus, censeur romain, prononça un discours devant ses concitoyens pour les exhorter à se marier par patriotisme et dans le dessein de perpétuer la race romaine. C'est Aulu-Gelle, érudit et homme de goût, qui a conservé un fragment de ce discours dans son recueil Nuits Attiques (Noctes Atticae).
En quoi ce discours de Metellus pourrait être l'illustration de « grandeur et misère » de la rhétorique ?
[...] Par conséquent il n'est pas surprenant que ce dernier soit récompensé pour sa notissima confessus eaque confessione fidem (notons encore une fois l'emploi du superlatif ici, conférant toujours plus d'emphase et de gravité au propos). En effet Metellus parvint à convaincre de façon facile et procliuiter grâce à son honnêteté et persuasit civitatem saluam esse sine matrimoniorum frequentia non posse Metellus a gagné en faisant admettre au peuple ces vérités. Par conséquent ce discours nous montre les aspects positifs de l'art oratoire. [...]
[...] Dans un troisième temps, le narrateur parle de ce qu'a fait véritablement Metellus et insiste sur les raisons pour lesquelles il a bien fait de s'exprimer de la sorte. L'éloge de Metellus est constatable à travers l'expression sanctum virum dont l'adjectif sanctum confère une connotation quasi religieuse à la personne du censeur. Cela est d'autant plus renforcé par les expressions grauitate et fide praeditum Metellus est donc un homme sérieux, loyal et honorable tanta honorum Aulu-Gelle insiste au moyen de vocabulaire élogieux sur l'honneur de Metellus non seulement dans sa fonction de censeur, mais aussi sur la dignité dont il fait preuve dans sa vie privée vitae dignitae»). [...]
[...] À l'opposé potius il faut négliger les brevi voluptati moins importants d'autant plus qu'ils sont brefs. Ainsi le caractère antithétique et le chiasme des termes saluti perpetuae et brevi voluptati amplifie l'opposition et insiste sur la gravité du propos afin d'emporter l'adhésion de l'auditoire. D'autre part, le second paragraphe prend le contre-pied de l'argumentation du censeur Metellus. C'est un passage intéressant dans le sens où l'auteur y développe une seconde argumentation corrective en proposant ce qu'il aurait fallu dire. En effet, certains auditeurs quibusquam trouvent que l'action de Metellus est maladroite. [...]
[...] Enfin, il semble que Metellus ait stratégiquement débuté son discours en recherchant un consensus autour de valeurs admises par l'auditoire. Les formules employées renferment un caractère péremptoire, comme si elles avaient une portée universelle. L'emploi de la première personne du pluriel possemus, careremus engage l'auditoire et confère un aspect solennel au tout. Après avoir énoncé des vérités générales pouvant être admises par tous, Metellus achève le discours par la clausule saluti perpetuae potius quam brevi voluptati consulendum est Cette ultime formule pourrait être qualifié de péroraison dans le sens où il semble qu'elle soit le couronnement du discours, le dernier feu de l'orateur, qui doit de ce fait produire une l'impression décisive pour emporter la conviction des auditeurs. [...]
[...] Toutefois si cela arrive, les molestias sont qualifiés par l'expression leves facilesque esse toleratu». Ainsi en plus d'être facilement supportable, ils sont de même oblitterari par des emolumentis et voluptatibus L'éloge de l'état marital se voit renforcé par l'emploi du comparatif maioribus qui vient corroborer le tout. Enfin, dans un troisième temps, les molestias n'arrivent ni pour omnibus ( ) neque naturae vitio Par conséquent, les molestias ne sont pas intrinsèques à la nature humaine, et n'arrivent pas à tout le monde. Ici l'on voit un conseil de précaution, de nuance. [...]
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