Archives historiques artistiques et littéraires, Joseph Garnier, commande en tableaux en 1461, coutumes, négoce de l'art, rapports économiques, oratores, formalisme, connotation religieuse, clergé, artisan
Dans le présent document, le marchand récapitule la commande de tableaux qui lui a été faite. L'art, religieux, est exposé en détail, et montre l'attachement aux précisions picturales qui fondent l'originalité desdites oeuvres - et qui ne sont pas sans refléter les «mentalités» de l'époque, dans une portée méthodologique à la Duby où la «mentalité se fond dans l'idéologie par le haut et dans la culture par le bas ». L'acte économique est par conséquent bien davantage qu'un simple rapport d'échange commercial : il s'agit d'un développement des coutumes et des représentations du milieu du XVe siècle structuré, de façon circoncise dans le présent document, dans une simple commande de tableaux.
[...] D'où le fait que le marchand est assurément « obligeant, renonçant, submettant, etc. », et qu'il est l'obligé du clergé en la matière. [...]
[...] L'art, religieux, est exposé en détail, et montre l'attachement aux précisions picturales qui fondent l'originalité desdites œuvres - et qui ne sont pas sans refléter les « mentalités » de l'époque, dans une portée méthodologique à la Duby où la « mentalité se fond dans l'idéologie par le haut et dans la culture par le bas ». L'acte économique est par conséquent bien davantage qu'un simple rapport d'échange commercial : il s'agit d'un développement des coutumes et des représentations du milieu du XV[e] siècle structuré, de façon circoncise dans le présent document, dans une simple commande de tableaux. Dès lors, dans quelle mesure ladite commande de tableaux démontre-t-elle autant la conception du négoce de l'art au XV[e] siècle que les représentations de l'époque sur le religieux comme objet d'art et de commerce ? [...]
[...] Il s'agit donc de faire ressortir toute la majesté de la puissance divine, dans une perspective de survalorisation de la scénarisation religieuse. Les jeux de couleurs au sein des tableaux Mais les tableaux sont aussi des jeux de couleur, et le marchand les note bien. Fin or pour les fonds, « couleur d'or semee de pierreries », « riche couleur rouge, et le chassis vert ». Le rouge étant une couleur noble, autant que le vert. Les couleurs énoncées répondent à la majesté de la couleur or et aux couleurs maritales : « et sera le manteaul de Nostre-Dame d'azur d'Allemagne et sa robe de fin blanc, et saint Jehan sera vestu de rouge ». [...]
[...] D'où le fait que toutes les scènes soient explicitement religieuses et traitent tant de « saint Pierre, saint Michiel, saint Benoist » que « sainte Katherine » (l. 5-6). L'opulence glorieuse des tableaux L'opulence glorieuse des tableaux transpire dans la commande du marchand à l'abbé. En effet, le marchand note bien que « le champ du tableaul desdictes ymages sera de fin or », ceci dans une perspective de représenter un fond qui mette « ung Dieu en majestey, assis sur ung siege » (l. 8-9). Ce champ, c'est-à-dire le fond du tableau, est propre également au deuxième tableau : « Et le champ dudict taubleaul sera de fin or ». [...]
[...] Le marchand évolue donc dans une rationalisation du processus économique et des échanges commerciaux. La mentalité des commanditaires Les commanditaires se révèlent par certaines aspirations et certaines velléités que mettent en avant lesdites commandes : le clergé souhaite afficher sa magnificence et souhaite inspirer la déférence. Couleurs en majesté, dorures, scènes religieuses épiques et magistrales ; il s'agit de placer le clergé dans toute sa superbe et de témoigner du triomphe, de la domination, de la structure cléricale sur la société du XV[e] siècle français et européen, le document placé sous les auspices de Dieu. [...]
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