Le document expose le bilan d'une visite épiscopale du diocèse de Canterbury de 1292 à 1294. Il nous expose les résultats de cette visite pour six paroisses, organisées autour d'une ou plusieurs églises. La visite commence par la paroisse de Woodchurch, elle enregistre d'abord les absences et retards de Roger le chapelain pour prêter canonicalement obéissance au prieur et au chapitre de Canterbury ; puis deux cas d'adultère, les relations d'un chapelain dénommé John et enfin un cas d'enfant hors mariage.
Pour le village d'Old Romney, la visite enregistre la résidence au domicile d'un chapelain de sa prétendue sœur, des affaires contre des paroissiens détenant des biens de l'église et des problèmes au sujet des ornements de l'église St Martin. À propos du village de New Romney, la visite enregistre un cas d'adultère, le mariage de l'ensemble des clercs et des problèmes au sujet des ornements de l'église de St Nicolas et sa palissade. Au sujet du village St Mary in The Marsh, la visite enregistre la non-résidence du recteur, le non-paiement de la dîme, un cas de procréation hors mariage et un autre cas de non-paiement du loyer d'une terre appartenant à l'église. Concernant le village d'Eastbridge, la visite enregistre un cas de non-résidence suivi d'un cas de sous-traitance de l'office paroissiale. Enfin pour le village de Broomhill, la visite enregistre un cas de non-résidence, des problèmes concernant les vêtements liturgiques, un cas de relations hors mariage, un cas de fornication, et un cas de procréation hors mariage.
Le pouvoir épiscopal cherche à vérifier l'état matériel, moral et spirituel des paroisses. En quoi ce document, retranscrivant la visite épiscopale du diocèse de Canterbury de 1292 à 1294, qui s'avère être une véritable enquête sur la moralité des clercs et des laïcs, est-il révélateur du poids de l'Église sur la société chrétienne médiévale et ses mœurs?
[...] On le voit aux lignes 31-33 : A cause des carences en ce qui concerne le saint chrême et le ciboire, sir William, le chapelain, est suspendu en ce qui concerne la célébration du service divin et aux lignes 55-56 : les revenus du bénéfice seraient mis sous séquestre jusqu'à nouvel ordre. Puisque le recteur n'est pas apparu, il est suspendu en ce qui concerne la célébration du service divin». On remarque que la première réaction de l'épiscopat est d'infliger une suspension. [...]
[...] La visite fait état de problème concernant le matériel liturgique servant à l'administration des sacrements. Le saint chrême sert pour la confirmation, le calice pour la consécration, le ciboire à l'eucharistie et les fonts baptismaux pour le baptême. Le surplis est une tunique de lin blanc à large manche et le rochet est un surplis à manches étroites, souvent en dentelle ; ce sont des vêtements liturgiques portés par les desservants de la paroisse lors de l'office et les sacrements. [...]
[...] Il est important de signaler que la dîme n'est donc pas la source de revenus la plus importante du desservant comme cela a été le cas avant le XIIIe siècle. La principale source de revenus pour le titulaire d'une paroisse est le casuel désignant toutes les oblations ou offrandes que les fidèles apportent lors des baptêmes, mariages et autres cérémonies, mais surtout au moment des funérailles. D'ailleurs ces derniers l'ont défendu avec âpreté face aux ordres mendiants. Enfin, l.4 Roger, le chapelain de Woodchurch est cité afin de prêter canonialement obéissance au prieur et au chapitre de Canterbury puis l.8 à 10 : et a demandé la permission de prêter obéissance à cet endroit et à ce moment ce qui lui a été accordé Le tout nous démontre une forme de contrôle du clergé sur ses desservants. [...]
[...] Néanmoins ce constat est à nuancer, il s'agit de ne pas en faire une généralité pour toutes les paroisses du diocèse de Canterbury. En effet, leur visite permet d'établir un meilleur encadrement ecclésiastique et une meilleure desserte des offices paroissiaux en évinçant de leur siège les clercs titulaires de bénéfices paroissiaux défaillants et en affirmant la hiérarchie du clergé. Nous avons donc vu, le contrôle et les sanctions prises envers le clergé paroissial défaillant. Voyons maintenant ce que les autorités ecclésiastiques nous apprennent au travers de la visite sur les mœurs du plus grand nombre des paroissiens : les laïcs, et les sanctions prises à leur encontre. [...]
[...] Problématique En quoi ce document, retranscrivant la visite épiscopale du diocèse de Canterbury de 1292 à 1294, véritable enquête sur la moralité des clercs et des laïcs, est-il révélateur du poids de l'Église sur la société chrétienne occidentale et ses mœurs? Annonce du plan Ainsi, pour répondre à ce questionnement, nous verrons d'abord, en quoi le document est révélateur de l'encadrement ecclésiastique des fidèles ; des mœurs des desservants de la paroisse et de la bonne tenue de leur office ainsi que de la réaction des autorités religieuses ; et enfin des mœurs des laïcs notamment sur la question du mariage et de la sexualité ainsi que les sanctions épiscopales prises envers les fidèles non respectueux des règles de l'Église. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture