« Au temps du roi Arnoul, une foule de roitelets surgirent ; Bérenger, fils d'Evrard se proclama Roi en Italie, Rodolphe, fils de Conrad s'installa comme Roi en Bourgogne, Gui, fils de Lambert, aspira à la royauté en Gaule Belgique, Eudes, fils de Robert, usurpa la monarchie du nord de Loire ; enfin Ramnulf se proclama Roi » écrivait dans Les annales de Fulda l'abbé de la ville germaine de Prüm.
En effet, la fin du 9e siècle apparaît être à de nombreux points de vue une période politiquement troublée au sein du Royaume de France. Le pouvoir politique y apparaît être remis en cause pour de multiples raisons. Ainsi le délitement géographique du Royaume semble-t-il être le fait d'une montée en puissance des pouvoirs locaux représentés en haute main par les seigneurs qui prennent à leur compte les pouvoirs de Ban royaux. Ainsi le Roi doit-il justifier d'une légitimité de plus en plus forte. C'est ainsi que fait son apparition, dès 877, la promesse royale qui apparaît être un engagement moral que contracte l'aspirant au trône aux différentes forces sociales en vue de prendre le pouvoir. Cette promesse semble devenir un préalable au sacre et c'est ainsi qu'Eudes, comte de Paris, s'y plie le 29 février 888. Cette promesse faite suite au « renouveau générationnel » qu'évoque Laurent Theis dans L'héritage des Charles et qui augure d'un changement de dynastie entre les Carolingiens et les Robertiens. La fin du 9e siècle apparaît donc être une période troublée au niveau intérieur tant par le désordre politique provoqué par le pouvoir en place que par la prétention des seigneurs à se trouver investis de pouvoirs de Ban qu'ils n'avaient précédemment nullement.
[...] Il s'agit pour Eudes d'être une solution de continuité dans un temps de rupture et donc par conséquent mise en lumière du principe du double corps du Roy. La promesse d'Eudes apparaît être au final une mise en avant de la défense qui est faite par le roi élu par ses pairs en 888 des gens d'Eglise et des biens d'Eglise. Elle est à considérer comme tel sur la base des engagements pris par les Roy et qui correspondent à autant de promesses qui attendent en retour l'appui des structures traditionnelles de la société. [...]
[...] Les annales de Fulda, l'abbé de la ville germaine de Prüm Au temps du roi Arnoul, une foule de roitelets surgirent ; Bérenger, fils d'Evrard se proclama Roi en Italie, Rodolphe, fils de Conrad s'installa comme Roi en Bourgogne, Gui, fils de Lambert, aspira à la royauté en Gaule Belgique, Eudes, fils de Robert, usurpa la monarchie du nord de Loire ; enfin Ramnulf se proclama Roi écrivait dans Les annales de Fulda l'abbé de la ville germaine de Prüm. [...]
[...] Il va ainsi bénéficier de pouvoirs d'origine divine, le savoir et le pouvoir c'est-à-dire la connaissance lui permettant de diriger son royaume avec équité et la capacité de faire régner l'ordre social et de combattre les ennemies de Dieu. Par ailleurs, le Roi Eudes va également bénéficier du soutien de son peuple et particulièrement par l'intermédiaire de l'aide et du Conseil de ses autres fidèles ses vassaux, dont il est le seigneur par excellence Dans ce contexte de dévouement, l'aide du vassal est d'abord militaire qui est représenté par le service de l'ost. [...]
[...] Une stratégie clientéliste Le roi nouvellement élu par ses pairs tente, par sa promesse, de s'agréger le soutien de l'Eglise et de s'appuyer sur son droit pour imposer son règne comme étant le seul valable sur l'ensemble du royaume qu'il entend administrer. Ainsi, en échange de sa protection, il attend de l'Eglise soutien comme il l'explique ( ) que pour cela vous soyez, pour moi, selon Dieu et le siècle, de fidèles soutiens comme vos prédécesseurs le montrèrent eux-mêmes à mes prédécesseurs selon leur savoir et leur pouvoir Cet engagement de protection apparaît donc être, plutôt qu'un engament mystique détaché de toute considération politique, une tentative détournée d'effacer le caractère original de son accession au trône et de s'imposer comme une solution de continuité pour l'Eglise et pour ses sujets. [...]
[...] Un acte riche d'engagements La promesse d'Eudes apparaît être un acte administratif détaillant une pluralité d'engagements contractés envers l'Eglise catholique. Ces engagements apparaissent défendre tant les biens matériels de l'église que son intemporalité et peuvent être considérés comme politique dans la mesure où ils attendent réciprocité La défense tant du royaume que de l'Eglise Le Roy nouvellement élu par ses pairs se veut être le garant de l'intégrité des biens d'Eglise. En effet, le rapport de force nouvellement mis en place qui impose à Eudes de donner des garanties quant à sa légitimité. [...]
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