On se propose donc de partir d'un simple constat : la comparaison entre le fascisme italien et le nazisme est très fréquente, aussi bien dans l'historiographie qu'en dehors du champ universitaire. En effet, l'essor simultané dans les années d'immédiat après-guerre de ces deux mouvements de masse, la coexistence de deux états issus de ceux-ci à partir des années 1930 et leur alliance à l'occasion de la Guerre d'Espagne mais surtout lors de la Seconde Guerre Mondiale, favorisent grandement l'idée d'une proximité de ceux-ci et accréditent l'idée a priori qu'une comparaison est possible. On présente en outre fréquemment le nazisme comme une forme de fascisme.
Pourtant, l'historien ne saurait établir une stricte équivalence entre fascisme italien et nazisme, car, si les deux mouvements et leur forme étatique partagent nombre de caractéristiques, il serait réducteur de considérer que l'on a à faire à deux phénomènes similaires. On se propose donc ici de mettre en évidence les points de convergence entre fascisme italien et nazisme, mais surtout ce qui les distingue fondamentalement.
Pour ce faire nous étudierons parallèlement nazisme et fascisme italien, en deux temps, correspondant aux deux étapes majeures que connaissent ces deux phénomènes : d'une part nous verront en quoi les deux « mouvements » nazi et fasciste se rejoignent tant par l'idéologie, les moyens d'action, l'assise sociale et les conditions de leur accès au pouvoir; d'autre part on s'intéressera à l'exercice du pouvoir par Mussolini et Hitler, qui, s'ils visent tous deux à la constitution d'un Etat totalitaire, arriveront à des résultats différents.
[...] La liberté de la presse sera définitivement enterrée par les lois de défense de l'Etat de novembre 1926 qui prévoient la suppression de tous les journaux antifascistes. Durant la même période de rudes coups sont portés à la pluralité politique puisque les lois fascistissimes de Rocco suppriment tous les partis politiques et permettent d'emprisonner quiconque manifeste le désir de commettre des actes destinés à la subversion violente de l'ordre social, économique ou national c'est l'institution d'un délit d'opinion . L'établissement de l'Etat autoritaire allemand sera plus rapide, puisque dès le 28 février 1933, au lendemain de l'incendie du Reichstag perpétré par un ancien communiste, sans doute manipulé par les nazis, le gouvernement prend un décret pour la protection du peuple et de l'Etat qui suspend la liberté de la presse, de réunion et d'association. [...]
[...] fidèle à ses habitudes. force coercitive d'institutions étatiques qui se destinent à encadrer l'individu de façon totale Pourtant, la différence fondamentale entre nazisme et fascisme italien, perceptible dès l'exposition de leurs programmatiques en 1919 et 1920, est l'antisémitisme. Si cette divergence n'est pas tangible, au sens qu'elle n'est pas réalisée en faits, dans la période des mouvements et a pu amener certains analystes à considérer le nazisme comme une simple forme de fascisme, elle devient fondamentale dès lors que ceux-ci accèdent au pouvoir. [...]
[...] Il faut néanmoins remarquer que les mesures d'exception sont nombreuses : les familles Israélites considérées comme réellement fascistes sont exemptées de ces mesures. Ainsi ceux dont l'un des parents est tombé lors de la conquête de la Lybie en 1915-1918, de la campagne D'Éthiopie ou de la guerre d'Espagne, qui ont adhéré au fascisme avant la Marche sur Rome ou durant l'affaire Matteotti échapperont aux lois de 1938. De même, la corruption des fonctionnaires pour que ceux-ci n'appliquent pas les décisions gouvernementales en matière raciale sera conséquente, et le Duce fermera les yeux. [...]
[...] L'antisémitisme nazi suppose quant à lui un contrôle très étroit de la société, un renforcement inouï des structures coercitives étatiques puisqu'il s'agit de combattre un ennemi intérieur Il n'y a pas d'idée de publicité au coeur de la logique nazi d'élimination : tous les Juifs représentent un même mal, et quelque soit leur investissement dans la vie publique, malgré leur allégeance au régime hitlérien, ils doivent disparaître, après que l'on ait anéanti dans leurs esprits toute volonté et tout respect d'euxmêmes. La logique de destruction propre au nazisme trouvera sa macabre illustration avec le génocide perpétré durant la Seconde-Guerre Mondiale. [...]
[...] En novembre 1932, pressés par le Docteur Schacht, un certain nombre d'industriels se sont adressés à Hindenburg pour qu'il confie la chancellerie à Hitler et c'est après une rencontre chez le banquier colonais Kurt von Schröder, lié aux magnats de la Ruhr que Hitler est appelé à la chancellerie. La classe dirigeante, politique comme économique, ne conclu pas à proprement parler d'alliance avec le fascisme ou le nazisme, elle voit juste en ces mouvements les instruments idéaux d'un rétablissement de l'ordre. [...]
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