Note historiographique de 5 pages sur Robespierre
1/Les excès romantiques : de la légende noire à la légende dorée
2/L'homme tel qu'il fut pour et par lui-même
3/À la source de la déconstruction du mythe : Robespierre objet d'études
[...] De ses parents c'est vers sa sœur Charlotte et son frère Augustin qu'il faut se tourner pour espérer obtenir un récit de l'enfant et de l'homme que fut Robespierre. Les mémoires de Charlotte qui prit une part négligeable à l'action révolutionnaire de ses frères auxquels elle survécut une quarantaine d'années, sans jamais en être véritablement éloignée, ont été publiées peu après sa mort en 1834, Mémoires de Charlotte Robespierre sur ses deux frères.Une œuvre de réhabilitation d'une centaine de pages qui sera rééditée à partir du manuscrit de la seconde édition de 1835 à plusieurs reprises, une édition critique a vu le jour sous la plume d'Hector Fleischmann, en 1909. [...]
[...] Cet ouvrage, dernière somme sur le sujet faisant référence est une « synthèse fondamentale » pour l'historien Michel Bliard, qui avait l'année précédente dirigé un ouvrage collectif sur la question, Robespierre, Portraits croisés. Il y voit une occasion rare de déconstruire le mythe et de mettre en avant sa filiation avec Rousseau, l'opposition à la peine de mort utilisée comme arme d'épuration politique, la question coloniale, et son intérêt pour les questions éducatives , sans oublier l'éternel débat de la religiosité du révolutionnaire, de son rapport au sacré. La pensée de Robespierre, homme du passé, prend dès lors les atours d'une modernité surprenante d'égalitarisme sans être illusoire. [...]
[...] Les excès romantiques : de la légende noire à la légende dorée Les trois premières décennies suivant Thermidor furent quasi exclusivement à charge. Le mouvement contre-révolutionnaire s'est inspiré, entre autres, de la pensée du Savoyard Joseph de Maistre selon laquelle la Révolution avait transgressé puis anéanti l'ordre naturel hiérarchique et théologique que représentait l'Ancien Régime, s'en prenant aux idéaux politiques des Lumières visant à faire de chaque citoyen un roi imparfait et à durée déterminée dans son Étude sur la souveraineté, puis condamnant avec rage les massacres et les exactions qui font de la France un pays honni, coupable arrogant et vindicatif, ayant volé à la Savoie son indépendance dans un pamphlet : Jean Claude Têtu, maire de Montagnole, district de Chambéry, à ses chers concitoyens les habitants du Mont-Blanc 10 août 1795. [...]
[...] Chateaubriand en fera l'une de ses bêtes noires dans son Essai sur les Révolutions anciennes et dans ses Mémoires d'outre-tombe. Robespierre est également rejeté par les libéraux pour qui la Terreur précipita l'avènement de la dictature personnelle de Napoléon, ainsi est-il dénoncé par Germaine de Staël et son continuateur, Charles Nodier, qui n'hésite pas à s'en prendre au physique jugé ingrat de Robespierre. L'historien romantique Michelet le compare à Néron, et toutes les descriptions injurieuses de l'homme viennent puiser à la source dans les Mémoires de Thibaudeau, ancien conventionnel très peu amène envers Robespierre déjà de son vivant. [...]
[...] Dès lors la légende noire de Robespierre naît, faisant fi des principes et des apports modernes de Robespierre, on ne retient que Robespierre le Terroriste. Pour ce faire, les sources sont falsifiées par l'action intéressée d'Edme-Bonaventure Courtois, conventionnel en charge du rapport sur les documents inventoriés au domicile de Robespierre et auteur d'une communication le 16 nivôse An III (le 5 janvier 1795) devant la Convention sur les crimes de Robespierre, qui aurait fait disparaître une somme de papiers incriminants de nombreux révolutionnaires thermidoriens. Sur cette base, les ouvrages à charge se multiplient. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture