Le genre et l'habit, Nicole Pellegrin, interdit religieux, vêtir masculin, transvestisme féminin
Nicole Pellegrin, née le 16 mai 1944, est une historienne française agrégée ayant un doctorat de troisième cycle. Elle est spécialiste de l'anthropologie historique des XVIème-XIXème siècles et chargée de recherche à l'Institut d'histoire moderne et contemporaine du CNRS à Paris. Elle collabore également à Musea[1], musée virtuel d'histoire des femmes et du genre, édité par l'université d'Angers, pour lequel elle a conçu l'exposition "Les genres de Jeanne d'Arc". Ses travaux portent principalement sur les rôles et les fonctions des femmes dans la France d'Ancien Régime, sur leurs pratiques corporelles et vestimentaires et sur la culture matérielle paysanne.
[...] Cette particularité s'associe aux parures vites soulevées comme celles des enfants (fille comme garçon). C'est donc une marque infantilisante, de fragilité. Signe aussi d'infériorité par rapport aux hommes qui eux ont des boutons. Donc il fragilise un sexe et accroît l'assurance de l'autre. Grâce à leurs boutons, les hommes n'ont pas besoin de contraindre leurs mouvements ni de veiller à se rajuster sans cesse. - vêtement lourd : En plus d'être ouvert et fragile, le costume féminin est aussi fort lourd et très embarrassant. [...]
[...] Ce caractère proprement mortifère du costume féminin fournit l'une des principales raison du transvestisme féminin. La commodité du vêtement masculin confère aux hommes agilité et dignité. Témoignage de George Sand qui appuie cette théorie. Lorsqu'elle débarque à Paris en 1830, elle écrit que sa garde-robe de femme, fragile et coûteuse, s'use trop vite sur le pavé de la capitale. Elle adopte alors redingote, pantalon, gilet, chapeau, cravate et bottes. Elle évoque la commodité de cette panoplie : solide sur le trottoir, je voltigeais d'un bout de Paris à l'autre on comprend donc que c'est un plaisir physique de s'habiller en homme. [...]
[...] l'indulgence de l'Église envers le transvestisme féminin pour des cas particuliers. Les dictionnaires de cas de conscience contenaient une rubrique habit dans laquelle il est évoqué obligatoirement le transvestisme féminin : preuve de la réalité de ce type de faute, preuve aussi d'un pardon nécessaire mais possible pour ce qui est cependant, dans l'absolu, un péché mortel. L'exemple de Jeanne d'Arc L'héroïne lorraine, elle même, était convaincue de transgresser la loi divine en se vêtant en homme. Ses défenseurs trouvent alors des arguments pour légitimer son accoutrement (sa garde de robe de guerrière) : risque de viol, volonté divine . [...]
[...] Les textes témoignent de la présence de nombreuses tireuses de charrues sur les routes. Notamment la documentation judiciaire (manuscrite et imprimée) qui ressuscite ces voyageuses dont la masculinisation vestimentaire reste occasionnelle, mais rend leurs autres fautes, vols ou débauches, plus lourdes. Certaines femmes vont plus loin dans le transvestisme en adoptant l'uniforme militaire. Quelques sources en témoignent. Une relation de voyage de 1728 raconte que face à la menace d'une attaque de corsaires, les passagères d'une traversée transatlantique s'habillèrent en hommes [ . [...]
[...] Jeanne Baré qui se fait passer pour un homme sur un navire pour une longue expédition. Elle réussit à berner les marins mais à l'arrivée du bateau à Tahiti elle se fait dévoilée par les tahitiens, apparemment plus perspicaces que les européens. Elle a fait cela pour le goût de l'aventure, elle était de plus miséreuse et n'avait rien à perdre. Passer pour un homme est le fait de trois grands motivations. La première est le plaisir physique que procure le fait d'enlever le costume féminin encombrant. [...]
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