Analyse de l'affiche de Victor Jean Desmeures : « Exposition coloniale internationale – Paris 1931.
[...] Son regard est porteur d'une sagesse, d'une part de mystère et d'un côté noble propre à la figure du « Maure » qui fut représenté de cette façon par les orientalistes au cours du XIXème siècle. Dans la partie basse, le personnage asiatique porte également un côté raffiné par son costume. Là encore, il renvoie à la culture indochinoise porteuse d'une grande culture multiséculaire. Cela contraste avec les deux figures situées à gauche et à droite de l'affiche. En effet, que ce soit l'indien d'Amérique ou le personnage originaire d'Afrique équatoriale, le côté « primitif » dans leurs traits est sans équivoque. [...]
[...] Dans un premier temps, nous procéderons à la description de l'affiche et dans un second temps, nous montrerons comment son auteur s'est employé à représenter la diversité de l'empire colonial français. En d'autres termes, comment il a souhaité en exalter les valeurs. Le slogan de l'affiche est sans équivoque : lors de sa visite, le spectateur doit pouvoir effectuer un « tour du monde en un jour ». Ainsi, les quatre personnages au centre de l'affiche deviennent les représentants du monde colonisé par la France et les grandes puissances occidentales. [...]
[...] Toutefois, elle est assez éloignée de la réalité et il faut reconnaître que la zone pacifique et l'Océanie ne figurent pas sur cette affiche alors que depuis le XIX[ème] siècle la Polynésie ou la Nouvelle-Calédonie sont des territoires français. Cette affiche exalte donc l'empire colonial français dans toute sa diversité et ses composantes. En ce sens, nous pouvons qualifier cette affiche comme relevant d'une certaine propagande iconographique et médiatique dans le sens où elle travestit en quelque sorte (en mobilisant les clichés racistes) les réalités ethniques des habitants des colonies et exalte la mission civilisatrice de la France. Le visiteur doit, « en un jour », voir l'autre France, celle du « Lointain » et des colonies. [...]
[...] En effet, nous pouvons distinguer aisément deux bâtiments. À gauche, nous pouvons distinguer le minaret d'une mosquée où est apposé un drapeau français. Il peut renvoyer à ce monde musulman où la France est largement représentée en 1931, du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) au Machrek (Liban, Syrie). Quant au bâtiment de droite, il s'agit d'une représentation du temple d'Angkor Vat, situé actuellement au Cambodge, qui, d'une façon, peut renvoyer à la grandeur khmère que la France a permis de révéler par ses fouilles archéologiques notamment (confère le livre « La voie royale » d'André Malraux paru un an seulement avant l'exposition coloniale de 1931). [...]
[...] C'est en sens que cette affiche publicitaire est importante, encore aujourd'hui. En effet, elle nous montre bien la pensée dominante de l'époque. En 1931, le drapeau français était hissé aux quatre coins du monde. Le visiteur, en voyant cette publicité, devait comprendre du bien-fondé des colonies. En ce sens, il aurait été intéressant de confronter et d'analyser l'affiche de la contre-exposition qui eut lieu au même moment aux Buttes-Chaumont (Paris) à l'instigation du Parti communiste. [...]
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