L'idée que les autochtones soient des citoyens privilégiés, et même qu'ils aient des droits supérieurs aux autres citoyens vivant sur le territoire du Québec fait
maintenant partie des croyances populaires et du discours quotidien » (Pierre
Lepage, 2002, Mythes et réalités sur les peuples autochtones, p. 59).
Quelle est, selon vous, l'origine d'une telle perception ? Quels sont les arguments
qui pourraient être utilisés pour contrer cette perception ? Utilisez le contenu des
cours, vos lectures obligatoires et les autres lectures et documents audiovisuels
proposés durant la session, ainsi que vos recherches personnelles pour construire
votre réponse.
[...] -Clarifier un projet de société. Qu'est-ce que la nation ? Qu'est-ce qu'un peuple ? Une Nation peut-elle être composée de plusieurs peuples et pourquoi ? Du côté des acteurs politiques, la question est posée de leur capacité à proposer des représentations du monde social différentes (la fameuse « hégémonie culturelle » de Gramsci), capables de créer un sentiment de solidarité transversal aux groupes ethniques. Par exemple autour de la protection de l'environnement, patrimoine commun (ce que prône par exemple Naomi Klein, dans « tout peut changer »). [...]
[...] Nous touchons à l'ambiguïté fondamentale de la société canadienne, une société qui, au vu de ses conditions d'émergence, se veut démocratique mais non pas républicaine, loin du modèle français liant directement l'Etat Nation au citoyen. Le modèle multiculturel essaie d'articuler non pas des citoyens égaux devant la loi, mais des individus liés à des peuples au sein du peuple, des nations diverses dans une nation. La notion d'égalité des droits et devoirs, au sein d'un même ensemble politique, la Nation, est ainsi en permanence questionnée. Comment imaginer l'égalité tout en mettant en œuvre une symbolique de la différenciation, de la singularité ? [...]
[...] Comment peut-on expliquer ce paradoxe ? Nous pouvons recourir à une explication de type socio psychologique, en évoquant la peur du déclassement dans une société stratifiée. Le fait même qu'une couche de la population identifiable objectivement (les autochtones), cumule les difficultés, a recours à l'aide sociale, la désigne comme le groupe social que l'on ne veut surtout pas rejoindre dans son sort. Ainsi dans un contexte de stagnation économique ou d'incertitude, où l'ascension sociale collective ou individuelle paraît improbable, le regard se portera vers « le bas » de l'échelle sociale, et les membres des couches populaires et moyennes de la société déploieront des comportements de « distinction », tels que les a théorisés Pierre Bourdieu, comme centraux dans les schémas de reproduction sociale. [...]
[...] Dans le contexte québécois plusieurs facteurs aggravants peuvent être cités. Le racisme est une part d'héritage qui s'inscrit dans une histoire conflictuelle encore récente, dans le projet de conquête des populations européennes, de marginalisation des autochtones dans les réserves, d'assimilation forcée traduite dans la loi des indiens. Ces violences physiques ou légales (le statut des femmes indiennes et les règles de naturalisation liées aux mariages par exemple, privatrices d'identité) ne pouvaient que s'accompagner de représentations extrêmement négatives de « Autre ». [...]
[...] On peut suggérer plusieurs pistes, certaines concernent les pouvoirs publics, d'autres les acteurs politiques : -Imaginer des politiques sociales plus tournées vers les individus que vers les groupes (par exemple ce que théorise le sociologue français Eric Maurin dans « le ghetto français »), afin de mieux asseoir leur légitimité. -Eduquer précocement au raisonnement sociologique pour déstigmatiser : correspondance ne signifie pas inférence. La sur représentation de l'alcoolisme ou de la délinquance dans un groupe ne signifie pas que la cause en est une quelconque « essence » du groupe. [...]
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