"Mythe est le nom de tout ce qui n'existe et ne subsiste qu'ayant la parole pour cause" (Valéry, Variété, pléiade, I, page 967).
[...] De Chirico emprunte donc dans un propos personnel, la thématique familière du voyage des Argonautes, particulièrement chère aux grecs, profitant de ce que le mythe offre de "plasticité sémantique". Rassemblant cependant la vérité d'une Grèce à l'identité historique et accédant au propos de Mircea Eliade qui définissait le mythe comme un récit porteur d'une vérité supérieure, De Chirico offre un regard à la fois circonstancié et universel, conservant au mythe des Argonautes, de facto, son caractère infiniment universel. Partenza degli Argonauti Giorgio de Chirico. Partenza degli Argonauti, Alberto Savinio, 1933. [...]
[...] En effet, de Chirico est né de parents italiens à Volos en Grèce. Sa ville natale est Iolchos, le lieu d'où embarquèrent les Argonautes. Giorgio De Chirico conçoit donc son parcours artistique comme un voyage initiatique, une catharsis rendue à sa propre quête, celle de l'identité propre et de l'identité désirée. Si le mythe apparait être une évocation plus qu'une représentation, ancrée et contextualisée, le peintre offre, cependant un propos métaphysique du voyage des Argonautes, tendant à une vision collective et immuable de l'identité et de la quête de soi. [...]
[...] Il convient de noter ici, que la peinture, s'apparente à une allégorie du mythe des Argonautes, devenue légende familière de l'artiste. En effet, elle semble réduite à une simple évocation dans la mesure où les héros sont, d'une part, absents ou du moins hors de vue tandis que les trois éléments principaux du tableau renvoient à autant de symboliques du voyage de Jason: on voit d'abord, une partie de la nef Argo portée par un vent favorable- la proue, œuvre de la déesse Athéna, restant dissimulée au regard du spectateur. [...]
[...] En effet, la focalisation du peintre sur le point de départ de l'Histoire des Argonautes ouvre sur une plage de cailloux, posée dans un décor équilibré, typique des côtes grecques, offrant au regard deux échappatoires. S'esquisse au fond à droite un escalier menant à une habitation de craie blanche. À gauche, le navire Argo s'éloigne déjà du rivage, échappant au regard du spectateur. Sur la plage, véritable cœur de la scène picturale, se dresse une statue blanche, tournée vers l'horizon. Il s'agit d'Athéna, portant arme et casque. Un sacrifice lui a été offert : les corps de deux chevreaux gisent à ses pieds. [...]
[...] Mythologie Analyse de l'oeuvre: Partenza degli Argonauti Giorgio de Chirico. "Mythe est le nom de tout ce qui n'existe et ne subsiste qu'ayant la parole pour cause" (Valéry, Variété, pléiade, page 967). Si cette citation renvoie à la transmission du mythe conçue comme étant nécessairement oralisé et ancré comme fondement "civilisateur", elle omet de considérer la mythologie comme intemporalité et universalité intrinsèque. Ainsi, en est-il du mythe fondé par la légende des Argonautes, ces héros partis en expédition sur des mers aventureuses afin de ravir la Toison d'Or. [...]
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