Ego-histoire, sujet, Grand oral, historien, mémoire, subjectivité, littérature, écriture, auteur, oeuvre, perspective romanesque, romancier, personnage, exigences littéraires, science humaine, objectivité
En 1987, Pierre Nora publie les Essais d'ego-histoire, une tentative, selon ses mots, pour « des historiens [de chercher] à se faire historiens d'eux-mêmes ». Il s'agit de textes écrits par d'éminents chercheurs, où ceux-ci explorent leur implication personnelle dans leurs recherches. Dans une discipline, où, pour paraphraser Pascal, le moi est plus qu'ailleurs « haïssable », Nora cherche à créer « un nouvel âge de la conscience historique ». Relativisant l'opposition traditionnelle des concepts de mémoire et d'histoire, l'ego-histoire cherche à exposer l'intériorité non seulement de ceux qui font l'histoire, mais aussi et surtout de ceux qui l'écrivent. Mais, cette démarche est-elle réellement nouvelle ? Je me demanderai si l'ego-histoire permet une appréhension renouvelée de la mémoire par l'histoire ?
[...] Or, il faut des deux pour faire un film Ainsi, l'ego-histoire serait une approche complémentaire à la pratique historique traditionnelle. Le « je » est en effet un aveu de partialité. C'est la marque de la subjectivité de l'historien, qui admet par là-même être tributaire de son histoire et de ses convictions personnelles. Le faire savoir au lecteur en utilisant le « je », et être conscient de cette limite inhérente à la pratique de l'histoire est fondamental pour trouver, dans la subjectivité, une plus grande objectivité. [...]
[...] L'historien accorde une véritable substance, profondeur, à un personnage historique qui serait sans cela resté un nom dans des archives. Comme Orphée, nous explique Kracauer dans L'histoire, publié en 1969, « l'historien doit descendre dans le monde inférieur pour ramener les morts à la vie ». Mais, le travail de l'historien ne se rapproche-t-il pas alors trop de celui du romancier ? Quelles peuvent être les limites de cette démarche ? Examinons-les dans un deuxième temps. Si le public et la critique ont acclamé Laëtitia, l'accueil des chercheurs fut plus mitigé. [...]
[...] En résulte une nouvelle façon d'écrire l'histoire, à la première personne. Ivan Jablonka représente assez bien cette tendance. Dans Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus il enquête sur la vie de ses grands-parents, Matès et Idesa Jablonka, deux juifs polonais qui ont émigrés en France avant d'être déportés et tués à Auschwitz. Il serait réducteur de qualifier ce livre de simple ouvrage d'histoire, tant il est nourri des affects de son auteur, qui n'hésite pas à utiliser la première personne et à mêler des éléments autobiographiques à son enquête. [...]
[...] L'ego-histoire, une nouvelle façon d'appréhender la mémoire ? - Grand oral d'Histoire-Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques (HGGSP) Contrairement aux historiens de l'objectivité dix-neuvièmiste comme François Guizot ou à Augustin Thierry, l'historien contemporain écrit de plus en plus souvent à la première personne. Il semble par là même accepter une part de subjectivité dans son écriture. En 1987, Pierre Nora publie les Essais d'ego-histoire, une tentative, selon ses mots pour « des historiens [de chercher] à se faire historiens d'eux-mêmes. » Il s'agit de textes écrit par d'éminents chercheurs, où ceux-ci explorent leur implication personnelle dans leurs recherches. [...]
[...] Tout témoignage comporte en effet un risque de partialité. Mon propre arrière-grand-père, sympathisant communiste, contre toute logique prétendait à la fois que les bombardiers américains tout en volant très haut réussissaient l'exploit systématique d'arrêter leurs bombes au ras des usines allemandes de Königsberg. C'est le syndrome d'une mémoire reconstruite a postériori. En tant que science humaine, l'histoire ne peut jamais être entièrement objective. Comment faire usage de l'ego-histoire sans pour autant compromettre l'objectivité scientifique ? Imaginons dans ce troisième et dernier moment la situation comme un film. [...]
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