Chez Fassbinder, les personnages sont prisonniers des relations tendues qu'ils vivent
[...] Les contrastes d'ombre et de couleurs de Berlin Alexanderplatz et de La Femme de chef de gare donnent à l'image une intensité expressionniste. L'action de ces deux films se situe d'ailleurs dans les années 1920. Les couleurs de Lili Marleen évoquent celle des films de la UFA52. Le vaste appartement de Willie, blanc, vide et presque abstrait signe son appartenance à ce monde de pouvoir, en l'occurrence nazi. Le Mariage de Maria Braun s'ouvre dans la même tonalité, mais la fin, beaucoup plus coloré nous laisse penser qu'il y a là une influence des couleurs américaines d'une pellicule Technicolor. [...]
[...] »195 Indirectement, ces élèves servent aussi d'incarnation, de la révolte étudiante qui mènera au terrorisme. En une scène, plus d'un siècle d'histoire allemande est exposé. Après cela, Fassbinder peut présenter sa fresque, où la première erreur des personnages est d'avoir refoulé et oublié tout ce passé. Fresque qui se raccorde au Mariage de Maria Braun, tourné quelques mois auparavant, qui s'achève sur une explosion, signe que le refoulé et l'oubli ne peuvent qu'engendrer le chaos et la violence. Le film est divisé en chapitres, comme un livre d'Histoire, et chaque chapitre s'ouvre sur une citation récoltée dans l'une des toilettes publiques de Berlin. [...]
[...] »126 La RFA en pleine reconstruction économique, incarnée ici par le personnage de Lola, serait donc une putain au service du capital. Dès le générique, on peut lire Lola B.R.D.3 »127. Cela indique qu'il s'agit bien du troisième volet de L'Histoire générale de la République Fédérale d'Allemagne que Fassbinder avait l'intention de tourner, Le Mariage de Maria Braun étant le premier volet et le deuxième tourné en 1982 Le Secret de Veronika Voss. D'autres épisodes devant aller jusqu'à la période actuelle étaient prévus. [...]
[...] Celui-ci, toujours acquis à la cause nationale-socialiste, est poursuivi et traqué par le Juif riche et dont les parents ont été tués par le nazi pendant la Seconde Guerre Mondiale. On retrouve dans cette peinture des bas-fonds de Francfort tout l'univers de Fassbinder : un monde peuplé de marginaux et d'exclus. Fassbinder a été taxé d'antisémitisme à cause de la représentation qu'il a donnée du personnage du Juif riche Cela était nécessaire selon lui d'accentuer le trait : C'est le dernier tabou en Allemagne, cette histoire avec les Juifs, et maintenir ce tabou, à mon avis, ça n'est pas protéger les Juifs, mais prolonger une discrimination. [...]
[...] Dans son adaptation, les titres ne sont pas des marques de la progression de l'action mais, comme dans le roman, des commentaires qui superposent un discours au récit. Fassbinder fait également usage de la voix off. Cette voix off, qui à l'évidence est celle du narrateur, évoque parfois le contexte de l'action principale, mais énonce aussi des remarques scientifiques qui tout comme dans le roman, sont disséminés dans le récit. Par ailleurs, Fassbinder fait fréquemment usage des cartons, procédé qui remonte aux premières années de l'Histoire du cinéma. [...]
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