Si dans un premier temps, approximativement jusqu'en 1993, date à laquelle tombe le gouvernement Walesa, l'Eglise demeure un acteur incontournable, quoique contesté, des évolutions de la Pologne post-communiste, par la suite, l'enracinement d'une démocratie réelle a pour effet direct l'émancipation de la société et de l'Etat à son égard, ce qui augure une remise en cause complète de son rôle : elle serait alors reléguée au rang de spectateur, dans une Pologne résolument libre
[...] Le relativisme est donc également inacceptable. La démocratie doit donc être comprise comme la construction d'un ordre sociale qui s'appuie en dernière instance sur système de valeurs stables, naturelles, universelles En Pologne, la démocratie doit se fonder sur les valeurs défendues par l'Eglise catholique ; car se sont les seules enracinées dans l'histoire de la nation, réaffirmées dans la lutte contre le communisme, et donc aptes à produire du sens. Il est nécessaire de souligner que cette conception particulière de la démocratie est à lier à une certaine interprétation de l'expérience communiste. [...]
[...] Cela n'a été possible qu'en 1989. Comme pour la laïcisation, c'est le long terme qui permettra à la Pologne de répondre aux exigences de l'Union européenne, sans pour autant craindre pour son identité, et de lier ainsi, conscience de la nation et conscience de l'altérité Conclusion Marcel Gauchet explique fort bien qu'au XXème siècle, en Europe, l'intégration des religions dans la démocratie est consommée [ ] et la politique a perdu l'objet et l'enjeu qu'elle devait à son affrontement [ En Pologne, depuis 1989, on semble assister à une accélération de ce processus historique qui, menant à la sécularisation des sociétés, s'est déroulé sur plusieurs siècles en Europe occidentale. [...]
[...] Mais la frange radicale de l'Eglise qui nous occupent ici, va plus loin dans l'affront. Elle évoque régulièrement le fait qu'il y aurait un complot anti-polonais en Occident, suite aux événements de la Seconde Guerre mondiale. Enfin, une radio, Radio Maryja, très connue en Pologne pour ses calomnies, insultes et propos xénophobes, regroupe les catholiques les plus intransigeants autour de Monseigneur Lefebvre et de son courant intégriste, qui se réclament de défendre la vraie polonité Le prêtre directeur de la radio, Tadeuz Rydzyk a notamment déclaré que la réconciliation avec les Juifs est le plus grand péché de l'Eglise et sa plus grande menace Ainsi, si le danger intégriste existe bien dans la Pologne post- communiste, il ne semble pas être une fatalité, en vue notamment, de cette autre frange de l'Eglise, qui opte pour des idées résolument ouvertes et tolérantes. [...]
[...] Une indispensable redéfinition de son rôle Les conséquences de la chute du communisme et de l'avènement de la démocratie ont modifié en profondeur les rapports qu'entretenait l'Eglise avec la société, et la scène politique. La redéfinition de son rôle est donc, selon Marcin Frybes[5], la conséquence de la sortie du communisme qui a provoqué l'effondrement progressif de trois mythes fondateurs de la société polonaise, qui, s'ils étaient opératoires sous la période communiste, ne peuvent plus produire de sens après 1989. [...]
[...] De plus, maintenir le religieux dans le domaine privé reviendrait à reproduire la pratique soviétique. En 1999, lors d'un voyage en Pologne, le Pape Jean-Paul II revient sur les affres de la période communiste : longue période de lutte contre le système totalitaire communiste a affaibli chez de nombreuses personnes le sens du religieux, en favorisant la tendance à réduire l'Eglise au rang purement humain, et à reléguer la religion au domaine du privé L'ingérence peut ainsi être justifiée par la nécessité de réactiver sans cesse le rêve de Compostelle selon une expression de Nicolas Bardos-Féltoronyi. [...]
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