Chaque jour, la presse signale de nouveaux attentats, des conflits en germe, des menaces, des déclarations inquiétantes. Au jour le jour, il est rarement possible de replacer les évènements dans une perspective historique capable de les rendre intelligibles. Cette étude a pour but d'aider à le faire, en offrant quelques éléments pour comprendre une actualité souvent opaque et interpréter les menaces, réelles ou imaginaires, venant du Proche-Orient.
Tous les conflits actuels ont commencé quand Britanniques et Français se sont partagé les possessions arabes de l'empire ottoman, tandis que naissait une nouvelle Turquie. À bien des égards, au début du XXe et surtout après 1918, la Grande-Bretagne fut l'acteur principal au Proche-Orient.
Un personnage d'exception a joué un rôle majeur dans le jeu britannique : Thomas Edward Lawrence, autrement appelé « Lawrence d'Arabie », une personnalité qui ne se laisse pas facilement cerner. Ayant été tour à tour archéologue, agent secret, stratège, combattant, diplomate, écrivain et poète, ses activités ont toujours suivi un même but, une même obsession. C'est un rêve de bâtisseur d'empire qui poussa cet aventurier sur le chemin de l'Orient, d'Oxford au Caire, puis de La Mecque à Damas...
S'il n'a pu mener jusqu'au bout de son objectif terrestre le peuple qu'il a soulevé, il lui a montré le chemin. Nous verrons ce qu'il en est de ce chemin, où les nations issues du démembrement de l'Empire ottoman s'efforcent encore aujourd'hui de surmonter leurs différences pour se fondre dans un moule unique imposé par un passé commun et l'unité arabe.
Lawrence s'était promis d'être à trente ans général et anobli. Par la magie de l'écriture, cet étrange et increvable petit homme parvint bien plus haut, développant par exemple une théorie moderne de l'insurrection, qui aura servi à bien des révoltes après la sienne, et encore valable aujourd'hui.
[...] Le meilleur exemple en est la République arabe unie (RAU) proclamée par l'Egypte et la Syrie le 1er février 1958. Le projet a échoué, comme tant de regroupements, à cause de l'absence de volonté commune des parties, due à la dissolution des partis syriens en octobre 1958 au profit de l'Union nationale, parti unique. Le coup d'État à Damas en septembre 1961 a conduit au départ de la Syrie de la fédération. Une nouvelle tentative, en 1972, avec la création par l'Egypte, le Soudan, la Syrie et la Libye de l'Union des Républiques arabes, échouera également. [...]
[...] Grâce à sa popularité, Lawrence multiplie ses tribunes sur la cause arabe: Nous avons dit que nous allions en Mésopotamie pour battre la Turquie. Nous avons dit que nous y restions pour délivrer les Arabes de l'oppression du gouvernement turc, et pour rendre accessible au monde ses réserves en pétrole et en blé [ Notre système est plus mauvais que le vieux système turc. Eux gardaient incorporés quatorze mille conscrits et tuaient en moyenne deux cents Arabes par an pour maintenir la paix. [...]
[...] Or, comme il ne peut être sans cesse sur le terrain, il recrute des jeunes gens pour initier le chantier. En 1910, Lawrence est accepté et repart pour la Syrie, où il restera la majeure partie de son temps, jusqu'en 1914. Dirigeant le second chantier, Lawrence montre d'ores et déjà ses qualités d'organisateur et de meneurs d'hommes. Il n'hésite pas à se mélanger avec les locaux et à vêtir l'habit arabe. Il devient l'ami des ouvriers et se lie en particulier avec l'un d'eux, le jeune Dahoum, qui symbolisera plus tard son attachement au monde arabe. [...]
[...] Après 1920 En avril, la Conférence de San Remo, plus tard surnommée ‘conférence interalliée de distribution de prix', décide de partager le Proche-Orient en un double mandat français (Syrie, Liban) et anglais (Irak, Palestine), confirmant pour l'essentiel les accords de 1916 et 1918. Lawrence écrit de plus en plus dans la presse pour dire et redire sa honte que les Britanniques aient quitté la Syrie et que Faysal y ait été chassé, avec ses partisans nationalistes arabes, par les Français en juillet. Il propose aussi que Faysal joue un rôle en Mésopotamie en attendant de rentrer à Damas. Entre temps, Français et Anglais ont du mal à établir leur autorité en Orient arabe. [...]
[...] Un accord qui privilégie évidemment leurs intérêts face à ceux des Français, Grecs ou Italiens. Immédiatement après, Lawrence demande une permission pour aller en Europe, et ne reviendra plus jamais en Syrie. Ecœuré par les dernières violences perpétrées, il part défendre la cause de la libération des tribus arabes descendantes des Omeyyades. Il sait que l'avenir de la région se discutera dans les semaines et les mois à venir. Le Foreign Office est dorénavant défavorable aux accords Sykes-Picot, que Lawrence veut aussi torpiller mais les Français en réclament l'application. [...]
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