Civil Rights, Malcolm X, Nationalisme noir, émeutes urbaines, ghetto, violence, ségrégation raciale, Etats-Unis
Lorsque des communautés entières vivent dans le dénuement, l'exclusion, lorsque la pauvreté ne touche pas des individus, mais des collectifs immenses qui la ressentent comme un viol dont l'âpreté les destitue un peu plus chaque jour de leur dignité, la violence devient un réflexe de survie. La question est donc de savoir quel est l'instant à partir duquel, un collectif tout entier, comme mû par une force qui le dépasse, bascule dans la violence en réponse à l'exclusion, dans la haine raciale en réponse à la ségrégation de fait (sinon par la loi). Le pouvoir public est-il illégitime ? Les mouvements pacifistes sont-ils insuffisants ? Les réponses importent bien moins que celles aux questions : Pourquoi un collectif entier considèrent que le pouvoir démocratiquement élu n'est plus légitime ? Quelles raisons poussent une communauté à juger la violence nécessaire ? Quel est le point de rupture à partir duquel la frustration individuelle se meut en révolte collective ?
De Marcus Garvey à Malcolm X, du journal « Our World » au Black Panthers Party, tous en appel à la violence pour conquérir la liberté que les autorités publiques ne veulent leur accorder par la voie légale, ou bien dont ils ne jouissent que trop peu dans les faits. Tous en appellent à une révolution qui ne porte pas de nom, qui sommeille en chaque homme noir qui vit dans le ghetto, qui est théorisée par certains (Malcolm X) et appliquée en programme militaire par d'autres (Black Panthers). Tous se retrouvent dans la citation de Heiner Muller : « La guerre c'est la liberté ».
Toutefois, penser la violence sociale, ou encore sa dimension la plus visible, la violence urbaine, comme un mouvement uniquement racial serait une erreur. Force est de constater, en effet, que la frustration des populations exclues a été récupérée par le discours de racialisation de certains leaders. La légitimation de la violence au nom de l'égalité raciale n'a pas été l'unique cause de l'évacuation violente de cette frustration, elle a surtout constitué un cadre directeur et unificateur du collectif.
[...] Pour le biographe de Marcus Garvey, David Cronon, la Black Star était une entreprise qui appartenait aux noirs, qui était gérée par eux et pour eux, et qui donnait même aux plus pauvres des Noirs la chance de devenir actionnaire dans une grande compagnie Toutefois l'excentricité de son mouvement nuit à sa popularisation. Marcus Garvey s'autoproclame président provisoire de l'Afrique et nomme ses proches ducs, chevaliers, etc. Il organise même de grandes parades en uniforme dans les rues de New York. Autant d'éléments qui conduisent J.A. [...]
[...] Cet argument nous éclaire sur les raisons qui poussent les Black Muslims à rejeter le mouvement non-violent de Martin Luther King Jr. Être pacifique signifie de rester passif lorsqu'il faudrait se défendre, de ne pas réagir lorsqu'un homme Noir voit ses droits bafoués. Le mouvement pacifiste laisserait l'homme Noir, eu égard à ce type d'argumentaire, sans défense aucune contre la violence de l'homme blanc. Le 12 Avril 1964, à Détroit, Malcolm X prononce un discours qui restera comme sa plus célèbre allocution, discours qu'il nomme lui-même the ballot or the bullet Ce titre résume à lui seul la dialectique qui s'impose à chaque homme noir dans les années 60, il résume le choix qui lui ait fait entre deux voies, la non-violence ou la violence. [...]
[...] Ils ont aussi développé les circuits d'une administration alternative de la communauté. Cette administration consiste en des programmes visant à fournir la nourriture, l'éducation, les services de santé, etc. Les Panthers ont réalisé des expériences importantes dans le développement de relais sociaux autonomes, des réseaux de coopération sociales et d'autovalorisation[15]. Ils se veulent ainsi être un substitue au programmes gouvernementaux. L'influence mutuelle avec le Black Power semble de fait évidente. Ce mouvement se caractérise en effet par la méfiance vis-à-vis des lois et programmes concernant la justice sociale, et prône l'autodétermination du peuple noir. [...]
[...] La crainte devient de la détermination et de la colère. Logiquement la non-violence prend d'abord le pas sur le mouvement révolutionnaire : boycotts et sit-in se multiplient dans tout le pays. Cependant, ces actions n'ont que de maigres résultats et se heurtent à une répression excessive : emprisonnements, bastonnades, lynchages. Autant de facteurs qui poussent les Noirs à la radicalisation, il devient clair que face à ce type de répression il convient de répondre avec les mêmes armes. Dès la fin des années 50 une partie de la communauté Noire ne se reconnaît plus dans le discours pacifique de Martin Luther King. [...]
[...] Quelles raisons poussent une communauté à juger la violence nécessaire ? Quel est le point de rupture à partir duquel la frustration individuelle se meut en révolte collective ? De Marcus Garvey à Malcolm du journal Our World au Black Panthers Party, tous en appel à la violence pour conquérir la liberté que les autorités publiques ne veulent leur accorder par la voie légale, ou bien dont ils ne jouissent que trop peu dans les faits. Tous en appellent à une révolution qui ne porte pas de nom, qui sommeille en chaque homme noir qui vit dans le ghetto, qui est théorisée par certains (Malcolm et appliquée en programme militaire par d'autres (Black Panthers). [...]
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