L'émergence de la photographie dans la société française au XIXe siècle a créé un véritable émoi. Cet enthousiasme est d'abord porté par la société savante puis il devient collectif, se retrouvant dans les élites sociales, dans les classes aussi bien aristocratiques que bourgeoises. Cet engouement prend une dimension quasi-métaphysique lorsque la philosophie et la littérature s'en emparent. On peut citer en exemple le romancier français Marcel Proust et le philosophe et économiste britannique John Stuart Mill, afin de rappeler le noyau d'échange originel du débat photographique entre la France et l'Angleterre et pour montrer que ce sentiment n'est pas le
témoignage d'une fascination uniquement française mais bien européenne. Pourtant la perception de la photographie en France est particulièrement intéressante puisqu'elle se réalise à travers, mais
aussi en-dehors de ses rapports avec l'Etat. "Cette découverte, la France l'a adoptée ; dès le premier
moment, elle s'est montrée fière de pouvoir en doter libéralement le monde entier" conclut Arago lors de la séance du 19 août 1839 qui marque l'officialisation de la photographie. Plus tard, en 1857,Ernest Lacan s'écriera "Un prodige !" lors d'une démonstration du daguerréotype.
Tout au long de la seconde moitié du XIX siècle, cette fascination ne cesse de s'accroître. En parallèle, le mécanisme des appareils se perfectionne, dotant la photographie de nouveaux usages et de nouveaux objectifs.
[...] C'est ce qui est montré pour la relation instaurée avec le prince Victor. Ce dernier est en effet tenue par sa nourrice. Elle porte une robe simple à manches longues, d'une couleur claire fermée sur le devant par quelques boutons. Le col et les manches d'une chemise blanche dépassent. Elle porte également un tablier dont les rebords sont froncés. Une sorte de fichu paraît recouvrir ses cheveux. L'enfant, est recouvert d'une robe blanche avec un châle. Elle porte les attributs de sa fonction domestique qui consiste à nourrir et élever l'enfant. [...]
[...] C'est donc un empereur-président qui s'affiche aux yeux des citoyens à la manière de Louis-Philippe qui s'était 9 HIS E24 - Image et Histoire Présenter et Représenter : Le Régime Sous le Second Empire Jean-Yves ROSSO crée une image de citoyen-roi. Napoléon III rappelle de cette manière le caractère avant tout électif de son accession au pouvoir et atténue le coup d'Etat. Alors même que la photo a été prise en 1858, dans la période autoritaire (c'est le "césarisme démocratique", terme inventé par Troplong), Il joue en ce sens sur l'ambiguité de ce Second Empire alors même que Louis-Napoléon, à la différence de son oncle, ne s'est pas fait sacrer. [...]
[...] C'est également son action qui va être décisive 12 HIS E24 - Image et Histoire Présenter et Représenter : Le Régime Sous le Second Empire Jean-Yves ROSSO pour franchir le dernier pas vers l'Empire : il convainc jusque dans les derniers jours LouisNapoléon de la nécessité du rétablissement. C'est lui qui organise le voyage qui fait passer LouisNapoléon dans toute la France pour le faire acclamer par les foules. Le 2 décembre 1852, Persigny, en grand uniforme de Ministre, proclame l'Empire sur la place de la Concorde devant le peuple et la garde nationale, Persigny atteint son but et le 31 décembre, il est nommé Sénateur de l'Empire. [...]
[...] Est-ce pour rappeler, tout en insistant sur le caractère bourgeois de sa tenue, ses origines nobiliaires ? En effet, Jacobo Luis Francisco Pablo Rafael Fitzjames Stuart y de Ventimiglia (18211881) est héritier de la plus prestigieuse famille d'Espagne après la famille royale et du roi d'Angleterre Jacques II d'Ecosse. Il est ainsi le 15e duc d'Albe et le 8e Duc de Berwick. Bien qu'il fût premier Teniente (conseiller) au maire de Madrid en 1853 qu'il quittera immédiatement lors de la mort de sa femme, le beau frère de l'impératrice vit surtout de sa fortune personnelle et ne cherchera pas à exercer une activité particulière. [...]
[...] La diagonale des éléments montrent une femme au service d'un haut personnage (le portrait vide) dont la fonction est de s'occuper (symbolique du métier à tisser) mais qui se doit d'être également cultivée (le livre) car elle est dans l'intimité du femme de pouvoir. On observe donc une scène qui place la princesse dans sa fonction quotidienne au service de 36 HIS E24 - Image et Histoire Présenter et Représenter : Le Régime Sous le Second Empire Jean-Yves ROSSO l'impératrice mais dans un position également oisive puisqu'elle lit en tricotant. Elle n'est pas non plus considérée comme une simple servante ou une dame du commun. [...]
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