Ouvrage de référence : Laborie, Pierre. L'opinion française sous Vichy. Sur le plan méthodologique, l'auteur souligne que l'opinion est multiple et surtout changeante. Il pense néanmoins que des idées forces, des courants majoritaires peuvent être discernés. Daladier et surtout Vichy portèrent une attention incontestable à l'état de l'opinion, ce qui aide l'historien. Pierre Laborie informe le lecteur que son étude s'appuie principalement sur des observations menées dans le Sud-Ouest et le Midi toulousain, en tenant compte du contexte national et en élargissant quand c'était possible
[...] La SFIO louvoie constamment sur cette question et contribue à brouiller les repères. Les antagonismes se figent dans des contradictions insurmontables. Deux grandes attitudes se dégagent au sein de l'extrême gauche révolutionnaire sur la question de la paix. La première rejoint le champ très ouvert du pacifisme intégral. La deuxième grande tendance est celle du défaitisme révolutionnaire, qui préconise de transformer la guerre extérieure en guerre civile et en révolution ouvrière internationale pour permettre au prolétariat de prendre le pouvoir. [...]
[...] Cette perception fut celle des contemporains. Elle depuis, influencé le discours de l'histoire et contribué à légitimer l'opinion, communément admise, qui postule la singularité de Vichy et insiste vigoureusement sur la spécificité de ses traits. La singularité de Vichy a la force de l'évidence. Cependant, s'inspirant d'analyses de Tocqueville au sujet de la révolution de 1789, Pierre Laborie appelle à prendre en compte le passé de l'événement. En effet, pour lui, il apparaît tout à fait artificiel de vouloir dissocier les attitudes dominantes du contexte général de crise qui pèse de manière diffuse dans la conscience collective pendant les dernières années de l'avant-guerre. [...]
[...] Enfin, l'école est source de confusion. Pétain l'accuse en 1934 d'éduquer les jeunes dans l'ignorance et le mépris de la patrie.” Les instituteurs ont pu favoriser une diffusion de l'idéologie pacifiste. Le mot de pacifisme désigne une très grande diversité d'attitudes dont le seul point commun est une profonde aspiration à la paix. L'idéologie pacifiste stricto sensu n'est pas représentative du sentiment majoritaire. D'une manière générale, l'attachement à la paix coïncide avec un patriotisme intériorisé, mais réel, et avec la permanence d'une germanophobie latente. [...]
[...] Pierre Laborie affirme en 1990 que les études consacrées à l'opinion publique sous Vichy sont rares. Il souligne la bizarreté d'un tel phénomène, puisque ces problèmes reviennent immanquablement dans tous les débats autour de la France de Vichy et qu'on les retrouve en première ligne et au coeur des enjeux de mémoire. L'élucidation des phénomènes d'opinion passe par l'analyse des représentations mentales à travers lesquelles ces idées et ces faits sont perçus, vécus et commentés et par l'importance de l'irrationnel. [...]
[...] Les perceptions de la France allemande et du Vichy milicien précipitent le rejet du régime. Les combats symbolisent le refus de la soumission et créent spontanément autour des victimes des liens de solidarité. Les premiers défilés de maquisards, les occupations momentanées de villes, les parachutages monstres et les célébrations en armes du 14 juillet 1944 expriment la volonté de rassembler la nation dans le même idéal de lutte. Les mécanismes ainsi décrits aident à mieux rendre compte d'une évolution globale, mais ils ne rendent compte que grossièrement des différences d'attitudes qui apparaissent selon les situations géographiques. [...]
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