Le thème des Malgré-nous est incontestablement à lier à la place de l'Alsace-Moselle en Europe, à la frontière franco-allemande, et sujette à de nombreux conflits entre ces deux pays pour son obtention. Cela soulève donc le problème de l'identité car l'Alsace-Moselle a changé de nationalité à quatre reprises entre 1871 et 1945.
Par ailleurs le sujet soulève de nombreuses questions telles que celle de la notion de « forcé ». Telle était la polémique à la fin de la guerre : malgré eux ou non ? En outre, quelle aurait dû être la réaction officielle de l'Etat français sur la question de 1940 à 1953 ?
Pour la délimitation du sujet, nous n'étudierons l'incorporation de force que sous la seconde guerre mondiale, par le fait de son importance en terme numérique, et du caractère capital de l'événement d'Oradour, même si l'invention du terme provient de la première guerre mondiale. Durant celle-ci en effet le phénomène s'était déjà produit, les Mosellans servant dans l'armée allemande ayant voulu s'expliquer ainsi en 1918, une fois que les deux régions étaient redevenues françaises.
En outre nous traiterons de l'Alsace-Moselle, et non de l'Alsace-Lorraine, car le reste de la Lorraine ne fut pas annexée en 1940.
En quoi la question des Malgré-nous exprime-t-elle l'ambiguïté de la question de l'Alsace-Moselle ?
Telle est notre problématique qui peut englober toute la complexité du problème posé ; nous tenterons d'évaluer la question du patriotisme, qu'il soit français ou allemand, au moment de l'incorporation de force, puis nous soulèverons le problème du rejet inconditionnel des Malgré-nous par les autorités et par une part importante des opinions publiques des deux pays. Enfin nous réserverons une partie au traitement du massacre d'Oradour-sur-Glane, ainsi que son procès, car il matérialise de manière brutale l'ensemble du problème des Malgré-Nous
[...] Ou bien faut-il se présenter à l'armée au risque d'être considéré comme un traître ou tout simplement de mourir au front au milieu de soldats qui ne vous considèreraient jamais comme étant de leurs cotés, qu'ils soient allemands, français ou russes ? Il est important en effet de connaître l'attitude des peuples à l'égard des Malgré-nous, attitude qui conditionne encore aujourd'hui la mémoire de cet évènement. II. Les réactions des populations face à ce phénomène particulier L'attitude des peuples fut souvent hostile, hormis en Alsace-Moselle même, où l'unité régionale était forte. En effet beaucoup ne comprenaient pas cette situation inédite, car peu rencontrée durant la première guerre mondiale, et traitaient les Malgré-nous comme des traîtres, alors que beaucoup n'en étaient pas. [...]
[...] Les deux peuples semblent se réveiller. Rassemblements, distribution de tracts, les familles n'acceptent pas cette situation, et ce mépris de l'opinion publique. Devant les gares, on peut noter des incidents, ainsi que dans les trains. Les soldats chantent souvent la Marseillaise et beaucoup font preuve de mauvaise volonté, par exemple pour signer les livrets militaires. De nombreux soldats fuient, notamment par les Vosges, d'où l'importance des passeurs. Ces attitudes de révolte peuvent s'expliquer par la relative jeunesse des Malgré-nous. Comme le témoigne Emile Roegel, incorporé de force à l'âge de 17 ans, quand il évoque qu'il montait dans des trains en chantant la Marseillaise : On était jeunes, on était scouts. [...]
[...] Beaucoup se sentent coupables et ont honte. D'autres estiment qu'ils n'avaient pas le choix. Le fait de se sacrifier pour sa famille peut être vu comme du courage, et la désertion comme acte d'égoïsme et de mépris envers sa famille. Cela étant dit nous n'irons pas jusque là, notamment par le fait que les menaces allemandes ne furent souvent que des menaces. Enfin étant donné les problèmes patriotiques des Alsaciens et des Mosellans, même si le patriotisme français était plus implanté que l'allemand, il pouvait paraître normal à certains Alsaciens-Mosellans de combattre au côté des Allemands. [...]
[...] Depuis 1953 et le procès de Bordeaux, les malgré- Nous ont été rangés dans un coin obscur de la conscience nationale. A. Les faits Un très bref récapitulatif du massacre s'impose. Le 10 juin soldats appartenant au quatrième régiment d'infanterie de la deuxième division blindée das Reich des Waffen SS entrent dans le village d'Oradour-sur-Glane (Limousin), quatre jours après le débarquement en Normandie. Les Allemands fuient la France et beaucoup brûlent des villages. Les Nazis apprennent qu'un commandant de régiment aurait été tué par un ou des résistants, habitant le village d'Oradour. [...]
[...] Il est difficile de traiter de l'attitude générale des familles pendant la guerre en raison du manque de sources. On ne peut aller qu'au stade des suppositions : des familles choquées, mais de manière évidemment différente des autres familles allemandes (la guerre étant terminée pour les Français). A la peur de la mort du fils, du frère, du père, s'ajoute l'incompréhension de la guerre. Pourquoi risquent-ils leur vie ? Au nom de valeurs auxquelles les familles ne s'attachent pas, d'où une certaine confusion dans les esprits. [...]
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