En Amérique latine, comme dans le Macondo de Cent ans de solitude, toute action a des conséquences qui semblent s'éterniser. Les inégalités actuelles, criantes, le racisme, banalisé, des Créoles vis-à-vis des Indiens, les problèmes fonciers dans les Andes, perpétuels, le dualisme de l'économie, l'instabilité politique, endémique… Tout cela puise souvent ses origines dans le XIXe siècle. Dans la période coloniale. Dans les guerres d'indépendance. Dans la domination des Créoles. Une fois instaurés, les (dés)équilibres semblent persister dans leur voie, mus par une incroyable inertie.
Il était donc intéressant d'essayer de déterminer quels ont été les héritages du fondateur des nations de l'arc andin en étudiant tout d'abord son œuvre politique, puis le sens que lui ont donné ses successeurs : quelle était son idée de l'union ? De l'Etat ? De la société ? Et surtout, qu'en a-t-il été dans les faits ? On pourrait être tenté de lui attribuer la responsabilité de tout ce qu'il s'est passé au XIXe siècle, tant le personnage est célébré comme le père de l'Amérique latine et tant son action fut capitale pour le continent. Nous verrons cependant que dans une large mesure, ce sont plutôt les habitudes de l'époque coloniale qui vont perdurer. Bolívar n'arriva pas, et parfois ne chercha pas, à les modifier.
Les origines de l'indépendance des vice-royautés d'Amérique hispanique sont à chercher au XVIIIe siècle et… en Europe. Le Siècle des Lumières est aussi celui du despotisme éclairé de Frédéric II de Prusse, de Catherine de Russie et de Charles III (1759-1788) en Espagne. Ce dernier veut rénover l'Espagne, rattraper son retard économique et politique et la faire accéder au rang de grande puissance capable de concurrencer l'Angleterre, la France et la Hollande. Les vice-royautés sont réorganisées afin d'être administrées directement en fonction des besoins de la métropole, elles ne doivent surtout pas concurrencer ses cultures comme la vigne et l'olivier. Bien que le statut juridique et politique de ces pays ne change pas, elles sont considérées, comme des colonies (à partir de 1787 dans les documents officiels, avant, dans la pratique).
Pour cela, deux réformes sont engagées. Au niveau administratif, la Couronne procède à une réorganisation territoriale et à la création d'intendencias.
Au niveau commercial, le commerce est timidement libéralisé.
[...] La constitution de Bolivie est écrite dans l'optique d'être applicable à toute la Fédération des Andes que Bolívar souhaitait créer. Elle est plus fédérale que les précédents, ce qui peut sembler une contradiction. Il faut savoir cependant qu'en 1825 Bolívar était alors au faîte de sa gloire, ayant libéré l'Amérique hispanique, il se peut qu'il ait eu beaucoup plus de foi dans l'homme. Il crée un Pouvoir électoral formé de collèges de Grands Électeurs : dix citoyens désignent un électeur. [...]
[...] La Bolivie perd alors son débouché sur la mer et connait dès lors le destin d'un pays enclavé. Le Pérou perd la province de Tarapaca. Le Pérou et la Bolivie se firent brièvement la guerre en 1841. Conflits entre le Pérou, la Colombie et l'Équateur : 1829 : Pérou-Grande Colombie 1859 : Pérou-Equateur 1863 : Équateur-Colombie qui laisse le champ libre aux États-Unis Ces unions avortées ont alors laissé le champ libre aux États-Unis pour promouvoir leur propre conception de l'intégration américaine, au profit des intérêts du plus fort. [...]
[...] L'opposition se fait de plus en plus importante. Bolivar, malade et épuisé, renonce à la présidence et s'en va vers la côte dans le but de voyager en Europe. L'assassinat à Berruecos du Général Sucre et l'attitude de ceux qui gouvernent le Venezuela l'affectent profondément. Il s'installe à San Pedro Alejandrino, et meurt le 17 décembre 1830, il aurait prononcé ces derniers mots : "Partons, partons . Ces gens-là ne veulent plus de nous dans ce pays . Allons, mes enfants, portez mes bagages à bord de la frégate 3 - Pensée et œuvre politiques 1. [...]
[...] Ce pourcentage descendit parfois à en Bolivie, Colombie, Venezuela, Équateur et au Pérou. À noter que lorsque le suffrage fut direct, la participation électorale grimpa à 24% au Pérou en 1858. Pour parfaire ce système, mentionnons les traditions de fraude, soit par des pressions exercées sur l'électeur (pas de bulletin secret), soit par la distribution du droit de vote en priorité aux partisans du gouvernement sortant. Le résultat est un tableau exemplaire de la reproduction sociale dans les institutions politiques où le pouvoir appartient un nombre restreint de personnes, le plus souvent des dynasties, des familles ou des groupes d'intérêts économiques. [...]
[...] Les Espagnols seront vaincus aux batailles de Junín et d'Ayacucho par les armées de Sucre et Bolívar en 1823 et 1824. Le 9 décembre 1824, l'Espagne a perdu définitivement l'Amérique latine. Sucre occupe alors le Haut Pérou, Bolívar s'attache aux deux projets qu'il méditait depuis des années déjà : le Congrès de Panama et la constitution bolivienne, qui doit être le fondement d'une Fédération des Andes. Ces deux projets, ainsi que la fondation de la Grande Colombie, sont emblématiques du grand rêve bolivarien de l'unité hispano-américaine, en partie face aux États unis d'ailleurs. [...]
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