La Première Guerre mondiale a représenté une expérience sans précédent pour des millions de soldats de tous les horizons. Dans les pays les plus directement impliqués au sein du conflit, en particulier la France et l'Allemagne, c'est la majorité des hommes approximativement âgés de 20 à 40 ans en 1914 qui ont fait l'expérience de la guerre ; autant dire que cette expérience fondamentale recouvre plus que l'étendue d'une génération au sens strict du terme
[...] Mais les discours qui fustigent la politique, activité par excellence des vieilles générations, ne faiblissent pas. Apportons d'emblée une nuance à cet antiparlementarisme combattant. Comme Antoine Prost l'a bien montré, et selon sa formule qui est restée célèbre, cet antiparlementarisme n'est que de façade et de parole Il participe d'une certaine rhétorique du discours combattant, que l'on examinera plus loin. Il n'en demeure pas moins un trait constant et abondamment développé, en des termes qui surprennent par leur violence : ainsi Hubert-Aubert, respectable membre de l'UNC, multiplie dans La Voix du Combattant les articles sur ce sujet qui lui tient à cœur : il évoque des députés hors d'usage des vieux cadres vermoulus, bref, des politiciens qui sont retournés à leurs vomissements De même Jacques Vèze parle-t-il, dans Le Poilu du Centre, en mai 1925, des loques de la politique qui sont des hommes gâteux pour la plupart Dans le même organe, l'abbé Bernard Secret donne, en janvier 1924, sa conception de la politique en tant qu'activité lucrative : c'est un métier qui consiste à vivre sur le dos du peuple sans aucun souci de la vérité ni du bien public La réaction logique est le rejet : plus loin, dans le même article, on peut lire : les combattants sont dégoûtés de la politique, ils n'en veulent plus. [...]
[...] Article : ( Winock, Michel, Le pacifisme à la française in L'Histoire n°144, mai 1991, pp. 34-45. Sur la Troisième Partie : ( Burrin, Philippe, La Dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery : 1933-1945, Paris, Seuil p. ( Laval, Michel, Brasillach ou la trahison du clerc, Paris, Hachette p. ( Loubet Del Beyle, Jean-Louis, Les non-conformistes des années 1930 : une tentative de renouvellement de la pensée politique française, Paris, Seuil p. ( Prochasson, Christophe, Les intellectuels, le socialisme et la guerre (1900-1938), Paris, Seuil 359p. [...]
[...] Autre exemple : 14 juillet 1919, sur les Champs Elysées, le traditionnel défilé militaire fut ouvert par des mutilés et des anciens combattants, hommes marqués dans leur chair par la guerre, incarnant les victimes d'un événement tellement haïssable qu'il fallait à tout prix éviter qu'il se reproduise. Ce pacifisme viscéral est la composante essentielle des cérémonies qui ont lieu dans l'entre-deux guerres à l'occasion du 11 novembre. Ce jour devient fête nationale en 1922, à la suite du tollé provoqué par le refus du gouvernement d'en faire un jour férié ; les anciens combattants ont joué un rôle essentiel dans la satisfaction de cette revendication. [...]
[...] Comme le dit en substance Stéphane Audouin-Rouzeau, Barbusse est l'un des rares intellectuels français à s'être engagé au sein du communisme dès le début des années 1920, tirant les conséquences jusqu'au bout d'un pacifisme viscéral né en partie de son expérience de la guerre. Le mouvement Clarté, dont le projet est lancé en 1919 par Barbusse, constitue un bon relais de cette pensée pacifiste et révolutionnaire dans les années 1920 et 1930. D'autres écrivains issus de la génération du feu participent au mouvement : c'est le cas de Raymond Lefebvre et Paul Vaillant Couturier, nés respectivement en 1891 et en 1892. [...]
[...] Première Partie : Une expérience commune fondamentale, qui s'enracine dans la mémoire nationale A. L'épreuve du feu La peur et la mort au quotidien La vie quotidienne des soldats pendant la Grande Guerre a déjà fait l'objet de très nombreux travaux, et l'objectif n'est pas ici d'en rendre compte de manière exhaustive. Il s'agit seulement de voir en quoi le fait d'avoir vécu dans des conditions d'une difficulté extrême pendant plusieurs années a pu influencer le comportement de millions de soldats, une fois ceux-ci revenus à la vie civile. [...]
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