Le lundi 18 août 2008, quelques mois après l'annonce par le président de la République Nicolas Sarkozy de l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, une embuscade faisait dix morts et une vingtaine de blessés parmi les troupes françaises. Dans la vallée d'Uzbin, à quelques dizaines de kilomètres de Kaboul, des paras du 8ème Régiment Parachutiste d'Infanterie de Marine de Castres (8eRPIMa) et des marsouins du Régiment de Marche du Tchad de Noyon (RMT) firent face, durant plusieurs heures, au feu nourri et précis des insurgés. Cette attaque était la plus meurtrière pour les forces de la coalition depuis 2001. Mais surtout, en France, il fallait remonter vingt-cinq ans en arrière pour trouver un bilan plus élevé : le 23 octobre 1983, au Liban, cinquante-huit soldats français avaient alors été tués dans l'attaque au « camion-suicide » contre le « Drakkar », QG des forces françaises à Beyrouth. La France venait de payer un lourd « tribut à la démocratie » en Afghanistan.
[...] Dans ce cadre et selon les directives de l‟ISAF, le commandant du RC-C a confié au bataillon français (BATFRA) la mission de reconnaître l‟ensemble de la zone. Ces opérations ont débuté le 15 août. L‟action de combat a eu lieu au cours de l‟une de ces reconnaissances. La mission reçue était de reconnaître les points importants du terrain et de prendre contact avec la population. En tête, la section du 8e RPIMa est accompagnée d‟une section de l‟ANA et suivie par une section du RMT, elle-même accompagnée d‟une section de l‟ANA renforcée détachement de forces spéciales américaines. [...]
[...] Mais les insurgés n‟avaient pas dit leur dernier mot : à 9h30, ils allaient recommencer à harceler les paras, qui demandaient en conséquence un appui mortier. À midi les talibans avaient fui, et la vallée était de nouveau sous contrôle de la FIAS. En France, les premières informations sur l‟embuscade arrivaient dans les rédactions. Figure 31 : Vallée d'Uzbin, environs de Sper Kunday Jean-Dominique MERCHET, ibid., p.26 Jean-Dominique MERCHET, ibid., p III. Les discussions sur le retrait des troupes françaises La nouvelle de l „embuscade avait donc fait grand bruit, et les critiques concernant la présence des troupes françaises en Afghanistan allaient redoubler. [...]
[...] Aux synthèses et aux descriptions issues de mes recherches viennent aussi s‟ajouter des analyses : la proximité des faits étudiés me laissant une marge de manœuvre appréciable mais risquée, je me suis efforcé d‟apporter les justifications nécessaires à mes interprétations grâce à l‟utilisation de mes ressources bibliographiques, essayant de sortir d‟une vision binaire, d‟aucuns diraient manichéenne, qui opposait histoire officielle à histoire médiatique Les sources Ce mémoire est avant tout fondé sur l‟analyse de publications françaises, consultées à la bibliothèque de l‟IEP ou bien récupérées sur Internet, via le portail factiva : premièrement parcouru les quotidiens Le Monde, Le Figaro et L'Humanité sur toute la période étudiée, du 1er avril au 23 septembre 2008. De même, je me suis appuyé sur la lecture des hebdomadaires Paris Match, Valeurs Actuelles et L'Express. J‟avais ainsi à ma disposition un panel large d‟opinions, de l‟extrême gauche L'Huma à la droite dure (Valeurs Actuelles). [...]
[...] Tous se [laissaient] gouverner par l'émotion »332. De plus, si dix morts et vingt-trois blessés justifiaient un déplacement en urgence du Président, alors les insurgés pourraient en tirer une leçon : S'ils sont rationnels, les talibans ont compris depuis hier que les Français représentaient une cible de choix, eu égard à la résonance politique et médiatique que leur mort suscite »333. Dans la même logique, on pouvait se demander était opportun de se mettre en quête des détails sur la mort des soldats, d‟entrer dans des suppositions morbides pour savoir s‟ils avaient été capturés, torturés, égorgés, Bref, la mort de dix soldats avait plongé le pays dans le doute et l‟incompréhension : le 18 septembre, seuls 34% des Français se disaient favorables au maintien des troupes françaises en Afghanistan334. [...]
[...] Comment afghaniser le conflit dans ces conditions ? La cacophonie au sujet d‟éventuelles négociations avec les insurgés semait le trouble dans les rangs de la coalition. Le président de la République Nicolas Sarkozy, lors entretien télévisé le 24 avril 2008, soutint qu‟aucun dialogue ne pouvait être établi entre la coalition et les talibans. Les valeurs que ces derniers défendaient étaient trop éloignées des nôtres, et le président s‟interrogeait : Ouvrir un dialogue [ ] avec des gens qui ont amputé d'une main une femme parce qu'elle avait mis du vernis à ongles, ont empêché des millions de petites jeunes filles d'aller à l'école, qui ont mis à terre des bouddhas qui avaient plusieurs siècles d'histoire »100 ? [...]
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