Elites : du latin eligere , choisir. Electi , ceux qui ont été choisis, les meilleurs d'un groupe. Les historiens baptisent ainsi les hommes ou groupes d'hommes qui, dans un secteur donné, exercent un pouvoir ou un magistère, moral ou intellectuel, réel, ou supposé tel par la majorité du corps social. Le XIX° siècle voit le passage progressif, et non encore mené à son terme à la fin de la période, d'une conception «naturelle» des élites -- c'est-à-dire que le statut élitaire est acquis à la naissance -- à une conception «culturelle» -- ce statut s'acquiert par une formation spécifique. La question de la formation des élites au XIX° a donc un double aspect : il s'agit d'une part d'éduquer des hommes qui, en soi, appartiennent déjà aux élites -- noblesse, haute bourgeoisie -- pour leur révéler les valeurs propres à leur milieu, d'autre part de former, dans les deux sens du terme, ceux qui occuperont le premier plan par leur valeur propre. L'étude portera sur l'Europe : les pays retenus sont les grandes puissances de l'époque, Allemagne, Autriche, Espagne, France, Grande-Bretagne (en différenciant les systèmes anglais, écossais, gallois et irlandais) et Italie. Il est noter qu'à l'époque tous ces pays, sauf la France, sont des monarchies et ont des aristocraties qui de ce fait jouent un role politique et social, et ce de manière officielle. Il faut donc se garder de commettre un anachronisme en analysant la formation des élites d'alors selon des critères proprement républicains et démocratiques, même si les critères actuels des jugements portés sur les élites, à savoir leur mode de reproduction -- endogamie ou non -- et leur efficacité, sont pertinents pour le XIX° siècle. Les dates habituelles de début et de fin du XIX° siècle, 1815 et 1914, ont été retenues, mais l'analyse pourra porter également sur des périodes antérieures pour mieux comprendre les héritages des systèmes éducatifs au XIX° siècle.
[...] Charle, Christophe. La République des universitaires (1870-1940). Paris, Seuil, collection l'Univers historique p. Chaussinand-Nogaret, Guy. Histoire des élites en France. Paris : Tallandier Demolins, Edmond. L'éducation nouvelle, l'École des Roches. Paris : Firmin-Didot Shinn, Terry. l'École polytechnique, 1794-1914. [...]
[...] Les grandes universités ont été crées au Moyen-Âge : Oxford, Cambridge, la Sorbonne, Bologne ou Salamanque pour ne citer que les plus célèbres. Par la suite ce tissu universitaire s'est renforcé avec les créations des grands ordres enseignants à la Renaissance, et les académies pontificales en Italie. De ces grandes époques de création, les universités européennes ont gardé des traditions d'autonomie vis-à-vis du pouvoir et surtout un idéal pédagogique largement inspiré de l'Antiquité avec le trivium et le quadrivium , qui regroupent l'ensemble des savoirs de l'honnête homme. [...]
[...] L'enfance au château. L'éducation familiale des élites françaises au XXème siècle. Paris : Rivages XIX-317 p. Bibliographie par pays Allemagne Fallon, Daniel. The German University in Conflict with a Modern World. Boulder, Colorado : Press ot the University of Colorado XII-141p. Hudeman, Rainer. Élites en France et en Allemagne aux XIXème et XXème siècles. Oldenbourg p. [...]
[...] Christophe Charle, dans Les hauts fonctionnaires en France au XIX° siècle, distingue trois types de fonction, technique, administrative et de représentation. Les fonctions techniques et administratives sont celles qui tirent la demande d'éducation de type professionnel : elles comprennent, pour la première catégorie, le corps des ingénieurs, des officiers supérieurs et généraux, pour la seconde, les corps de la haute administration judiciaire Cour de Cassation, Conseil d'Etat en France des administrations ministérielles et territoriales, etc. Les fonctions de représentation, comme leur nom l'indique, ne réclament pas de compétence technique particulière, c'est pourquoi elles seront les dernières à véritablement avoir une formation spécifique, et également les dernières à se démocratiser. [...]
[...] Leur formation est-elle efficace ? Ce type de formation généraliste, non professionnelle, n'aurait pas de conséquence majeurs si, comme le pensent les Anglais, la nature des fonctions élitaires est telle que l'on peut s'y former par l'expérience, sans éducation particulière préalable. Dans ce cas, le déclin et la décadence universitaires ne sont un mal qu'intellectuellement parlant, ce qui n'est pas toujours sûr d'ailleurs : Oxford maintient tout au long du XIX° sa prééminence, partagée avec l'Allemagne, en matière de d'études classiques, tandis que Cambridge est spécialisée dans les mathématiques. [...]
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