Il conviendra de démontrer que l'histoire des femmes pendant la première guerre mondiale constitue l'un des nombreux paradoxes de cette guerre. En effet, celle-ci est empreinte d'une dualité, d'un double aspect qui la fait percevoir à la fois comme un élément d'émancipation, d'intégration (Ière partie) et comme un événement conservateur, marqué par la volonté d'un retour à la société traditionnelle de l'avant-guerre (IIème partie)
[...] Philadelphia: The Open University Press Philadelphia HIGONNET, Margaret Randolph (éd). Behind the lines. Gender and the two world wars. Yale University Press 309p. POTT-BUTER, Hettie A. Facts and fairy tales about Female labour, family and fertility. A seven country comparaison 1850-1990. Amsterdam: Amsterdam University Press 370p. WALL, Richard, WINTER, Jay (éd). [...]
[...] Avec les massacres vécus, ils avaient avant tout le sentiment d'avoir assisté à une régression à l'état sauvage. La guerre a aussi permis de diagnostiquer des états dépressivo- confusionnels ainsi que l'hystérie chez les soldats, alors que jusque-là ces troubles étaient considérés comme typiquement féminins. On craignait donc une féminisation des soldats, tout comme une remise en cause de la capacité de résistance aux traumatismes de la guerre, qui apparaissait comme l'attribut de l'homme normal. Ainsi, les soldats hystériques étaient observés avec hostilité et soupçonnés de simuler leur mal-être pour échapper au front. [...]
[...] Les femmes ne sont d'ailleurs pas étrangères à cette vision des choses. On peut à cet égard citer l'œuvre de Charlotte Perkins Gilman intitulée Herland (1915) qui décrit l'utopie d'un univers sans hommes. Ainsi, les femmes font l'objet de critiques incessantes à propos de leur conduite pendant l'absence de leurs maris. On les accuse d'immoralité et de trahisons, comme l'illustre R.Radiguet dans Le diable au corps. Ces trahisons dépassent largement le cadre de la vie familiale et elles entrent dans la sphère publique car tromper son mari avec l'ennemi revêt un caractère hautement antipatriotique. [...]
[...] Ces clichés s'associent à bien d'autres, tels que ceux sur les salaires fantastiques que les femmes touchaient ou encore sur leur volonté exemplaire de servir. Ils aboutissent, à l'aide de la littérature, à forger le mythe de la guerre émancipatrice pour les femmes, aussi bien d'un point de vue social, privé que d'un point de vue économique ou encore public. Comme nous l'avons déjà dit, il est indéniable que les femmes ont vu leur place au sein de la société bouleversée pendant la durée de la guerre. [...]
[...] Au lieu de permettre à la femme de sortir des stéréotypes forgés durant les siècles, elle consolide le modèle féminin de la mère ménagère. Cet aspect conservateur résulte du caractère superficiel et provisoire des changements affectant la condition féminine. De plus, il faut garder à l'esprit l'idée que la guerre n'a pas affecté uniformément la situation de toutes les femmes. Il y a eu des différences considérables quant à l'impact de la guerre sur la condition féminine selon les pays, les classes sociales ou encore les tranches d'âge. [...]
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