En 1864, quand Pie IX décide de convoquer un concile pour les années à venir, non seulement les cardinaux consultés ne sont guère étonnés, mais surtout, ils sont globalement satisfaits de cette décision ; ce ceci montre bien qu'il y avait dans le clergé, si ce n'est dans toute l'Eglise, une attente forte d'un nouveau concile. On peut se demander quelles sont les raisons de cette attente, mais elles sont en fin de compte assez simples :tout d'abord, il n'y avait pas eu de conciles œcuméniques depuis longtemps, puisque quand s'ouvre en 1869 le concile Vatican, le vingtième concile œcuménique, 306 ans se sont écoulés depuis le précédent concile, à savoir celui de Trente qui a eu lieu de 1545 à 1563. Entre-temps, l'Eglise a traversé les secousses des Lumières, des révolutions, du rationalisme et du libéralisme, et enfin du socialisme. Et les rapports Etat-Eglise ont profondément changé depuis le XVIeme siècle. Il apparaissait donc nécessaire de convoquer un concile, pour analyser ces changements, et pour que l'Eglise s'exprimer sur ces sujets.
Vatican I était donc attendu par beaucoup de gens aux intérêts et conceptions divergentes, libéraux, conservateurs, ultra-montains, défenseurs de l'autonomie des Eglises locales… Ce concile nous est aujourd'hui familier pour deux raisons principales qui sont ses deux caractéristiques principales : l'affirmation de l'infaillibilité pontificale et la fin brutale du concile. Globalement, ce concile apparaît comme le triomphe des idées conservatrices en ces sens que toute tentative d'œcuménisme avec d'autres religions, et particulièrement le protestantisme, sont interdites, les « idées nouvelles » (rationalisme, libéralisme, matérialisme…) sont impitoyablement condamnées, et enfin, ce concile reste encore dominé par la question romaine.
Ce concile n'a pas été jusqu'à son terme, puisqu'il sera reporté sine die par Pie IX, à la suite de l'invasion de Rome, et n'aura eu le temps que d'affirmer les pouvoirs du souverain pontife, en définissant sa primauté et son infaillibilité...
[...] Le schéma est approuvé mais ne sera jamais proclamé. En effet, le 21 juillet, le duc de Gramont a ordonné aux troupes françaises d'évacuer la ville de Rome. La débâcle française laisse le champ libre à l'armée italienne. Le général Cardona entre dans une Rome aux abois le 20 septembre ; le 9 octobre l'ensemble des Etats pontificaux sont annexés par le royaume d'Italie. Bien que de nombreux schémas soient laissés en suspens (morale internationale, course aux armements, droit des gens, catéchisme, question ouvrière), Pie IX proroge le concile sine die le 20 octobre. [...]
[...] Enfin un grand nombre de catholiques émettent le vœu de voir le futur Concile œcuménique compléter le cycle des hommages solennels rendus par l'Église a la Vierge Immaculée, en proclamant le dogme de son Assomption glorieuse. Tels sont les vœux au point de vue dogmatique. Les besoins de l'Église de France au point de vue disciplinaire sont multiples et demandent des développements plus étendus, que je prends la liberté de remettre a une prochaine correspondance. In AUBERT (Roger), Vatican I. [...]
[...] C'est pourquoi, nous attachant fidèlement à la tradition reçue dès l'origine de la foi chrétienne pour la gloire de Dieu Notre Sauveur, pour l'exaltation de la religion catholique et pour le salut des peuples chrétiens, avec l'approbation du saint concile, Nous enseignons et définissons que c'est un dogme révélé par Dieu que le pontife romain, lorsqu'il parle ex cathedra, c'est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit , en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu'une doctrine en matière de foi ou de morale doit être tenue par toute l'Eglise, jouit en vertu de l'assistance divine qui lui a été promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que soit pourvue son Eglise lorsqu' elle définit la doctrine sur la foi ou la morale ; par conséquent, ces définitions du pontife romain sont irréformables et par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l'Eglise. Si quelqu'un, ce que à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition : qu'il soit anathème. Constitution Pastor aeternus, chapitre IV, dans Les Conciles œcuméniques, tome II, Les Décrets, Paris, Edition du Cerf, 1994. [...]
[...] Force est de constater que Vatican a conduit à un certain effacement des évêques. Léon XII le confirmera d'ailleurs par ces mots : Autant l'épiscopat français fut jadis personnel et presque raide en face de l'autorité pontificale, autant il s'efface aujourd'hui dans une révérence timide De même le catéchisme du début du XXème siècle présente les évêques comme ceux qui aident le pape parce que celui-ci ne peut aller partout, et obéissent au pape La primauté pontificale s'est donc renforcée suit à Vatican I. [...]
[...] Cette tendance est en partie due au Concordat de 1801-1802, en ce qui concerne le bas clergé français. L'article 9 a en effet considérablement réduit l'autonomie des prêtres ; à part 3400 curés de grandes paroisses, l'inamovibilité des desservants et vicaires est supprimée, et par-là même leur liberté d'action. En outre, beaucoup d'évêques abusent de cette nouvelle autorité qui leur est conférée. Par conséquent, l'ultramontanisme grandit chez les perdants du Concordat : le bas clergé. D'ailleurs la popularité du Pape se révèle en France lors de la déportation de Pie VII (1800-1823) par Napoléon Ier ; témoin, les nombreux articles et déclarations magnifiant, voire déifiant le Pape (Joseph de MAISTRE, LAMENNAIS Après 1848, et les problèmes causés au Pape par la révolution italienne, un nouvel ultramontanisme se développe, antilibéral et opposé à la société moderne. [...]
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