La Seconde Guerre Mondiale, notamment à cause de la Shoah, est le premier fait historique qui parle à l'humanité dans son ensemble. L'ignominie des crimes qui y ont été commis, le choix de l'extermination systématique d'un ennemi sélectionné, « racialement » choisi est un message pour l'humanité entière. La particularité des deux pays que nous étudions est d'avoir abrité deux régimes qui chacun à leur manière ont participé à ce crime systématisé, à cette épuration « scientifique » d'une « race » – pour emprunter leur vocabulaire – dont on décide qu'elle n'a plus le droit d'exister. Ces deux pays ont agi de façon très différente : l'Allemagne fut le cœur de cette terrible entreprise et la population enrôlée dans le cadre d'un régime totalitaire – grâce à une idéologie investissant tous les domaines politiques, sociaux, culturels – ne trouvait que très peu de voies d'expression. La France quant à elle, devant son « étrange » défaite, lasse des difficultés politiques, se voue corps et âme au « vainqueur de Verdun ». Ces « 40 millions de pétainistes » comme l'écrira Amouroux pour les français de 1940 contribueront à leur façon à l'entreprise nazie, puisque la solution de la collaboration telle qu'elle est envisagée par Pétain va loin : l'administration française contribuera à la déportation de 76 000 juifs français et étrangers dont seuls 3% survivront, elle combattra avec virulence les francs maçons et les résistants qui tentent de s'organiser pour lutter contre l'occupant nazi.
La chute de cette entreprise et la victoire des idéaux démocratiques en Europe annoncent la fin du régime nazi et du régime vichyste. Il nous a semblé intéressant de comprendre ce que l'on a fait des dépouilles de ces deux régimes, dont on suppose qu'ils n'ont pas eu une existence sans soutien – si l'on considère que le silence et l'attente deviennent un soutien implicite.
Avant de considérer la participation de la population, de l'élite, et des intellectuels à cette contradiction de l'humanité – que ce soit pour des raisons pratiques ou idéologiques – les dirigeants de l'après guerre voient avant tout la nécessité de reconstruire un pays en ruine, à l'économie vacillante et à la population meurtrie. Que faire d'un pays dont on aurait condamné la majorité de la population ?
[...] Les Allemands de la deuxième génération grandiront avec ce syndrome d'Hamlet ballotés entre le spectre de leur père nazi qui serait soit réel soit le produit de leur imagination et l'oncle paternel assis sur le trône devenu un bon social-démocrate ou un libéral. Cet énorme fossé générationnel conduira les enfants à se faire les bourreaux des bourreaux ou à se victimiser. La première option se manifestera à travers la vague terroriste que connaîtra l'Allemagne dans les années 70, la deuxième sera la voix des femmes. [...]
[...] L'effondrement des régimes nazi et vichyste laisse place au temps des jugements et des recherches de responsables ce qui nous invite une fois de plus à mesurer la difficile détermination des acteurs. La culpabilité des Allemands est très difficile à déterminer. En effet, Jean Yves Gaudard parlera de culpabilité diffuse ou de culpabilité clair-obscur En effet, le régime totalitaire considérant que tous les individus étaient interchangeables étouffait toute forme d'expression d'un héroïsme individuel. Par la même, la masse des gens au sortir de la guerre n'est ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente. [...]
[...] Par la suite, Fritz Fischer[29] montre la continuité des buts de guerre allemands et que ceux-ci sont conformes aux suggestions des industriels et des hommes d'affaires. Enfin, Ralf Dahrendorf[30] met en lumière les dysfonctionnements de la société allemande du XIXe siècle, tiraillée entre féodalité et modernité. Ainsi, une vision plus complexifiée du nazisme se fait jour, qui ne se focalise plus sur la seule responsabilité du Führer ou sur les relations politiques au sommet mais prend en compte l'ensemble des interactions de la société allemande afin de saisir l'instigation et le développement du phénomène En France L'amnésie première. [...]
[...] L'Allemagne et la France sont en effet considérées comme le moteur d'une Europe souvent pensée en panne dans le cadre de notre actualité chargée sur la thématique européenne. Comment dès lors trouver un juste milieu entre les modificateurs de vérité et les justicialistes obsédés quand on sait que notre histoire est le paysage de notre vie ? Annexes Annexe 2 : l'enquête sur le terrain poitevin : la rencontre de deux générations autour de la mémoire de la Seconde Guerre Mondiale en France Nous avons entamé notre étude empirique en interrogeant tour à tour des personnes poitevines ayant vécu la guerre et des personnes de la deuxième et aujourd'hui troisième génération. [...]
[...] En même temps ressurgit la mémoire pour ne pas dire l' obsession juive dans le seul cas français[23]. La place de l'éducation : un lien entre la politique et la mémoire vive : on a pu voir que l'enseignement que reçoivent les élèves a une place déterminante dans leur quête de vérité. En effet, alors que la politique d'éducation laissait grandement à désirer dans les premières années d'après- guerre, il semble que les jeunes aient aujourd'hui une connaissance assez nette des événements de la Seconde Guerre tant en Allemagne qu'en France. [...]
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