Après une longue période creuse dans l' évolution de la critique barrésienne depuis les années 30, ponctuée seulement de quelques publications autour de 1962 commémorant le centenaire de la naissance de l'écrivain, la thèse soutenue par Zeev Sternhell en octobre 1969, puis le livre publié en 1972 remettent au goût du jour la vieille statue d'un Barrès des années 1900.
Biographie intellectuelle, qui cadre Barrès au sein de la vie politique et des idéologies de 1880 à 1920, Maurice Barrès et le nationalisme français est sans doute aujourd'hui l'un des meilleurs ouvrages sur l'auteur de Scènes et Doctrines du Nationalisme, et, en tout cas, presque le seul disponible aux étudiants. Pourtant, sa parution a provoqué et continue de susciter bien des polémiques quant à la thèse défendue: Barrès, précurseur du fascisme.
Quoi qu'il en soit, la problématique de l'ouvrage est la suivante: comment se concilie chez Barrès tradition et modernité, caractères "plébéien et bourgeois", "socialisant et conservateur"?
[...] Quoi qu'il en soit, Sternhell a eu le mérite de souligner, dans la mouvance de ses précédents ouvrages (La Droite révolutionnaire 1885-1914; Les origines du fascisme), combien certains nationalistes français et en particulier Maurice Barrès ont su mettre en avant, afin de fortifier leur doctrine, ce culte de l'élan vital, cette glorification de la jeunesse et du héros, cet attachement à la terre et au sang, cette haine des valeurs bourgeoises, ce romantisme de action, principes qui, il est vrai, en d'autres circonstances, serviront dans accomplissement des desseins les plus funestes. Cette vision, réduite ou non à Barrès, est en tout cas à tous égards novatrice, et Sternhell se défend bien de reprendre les thèses les plus extrêmes qui elles s'entêtent véritablement à voir Barrès en précurseur du fascisme: celle de Peter Viereck, de Hans Kohn, par exemple; c'est ce type de travaux que blâme JM Domenach lorsqu'il déclare: "les demi-ignorants qui présentent Barrès en pré-fasciste" (Barrès, une tradition dans la modernité p.142). [...]
[...] p.33 par exemple), pas plus que son nationalisme n'est un véritable courant de pensée; Sternhell, en privilégiant le cadre du nationalisme français, néglige sans doute l'homme au profit de ses amitiés et des influences extérieures. D'autre part, il aurait fallu souligner davantage combien ce "système nationaliste" n'en est pas vraiment un, combien il conservera longtemps une certaine irrationalité (cet attrait de l'"instinct" sur Barrès), qui correspond plus à l'étanchement de la soif intellectuelle de Barrès qu'à une idéologie ordonnée et structurée. [...]
[...] Par ailleurs, Sternhell a conçu son ouvrage en le centrant autour de la vie extérieure de Barrès, celle que retrace Journal de ma vie extérieure (Julliard, 1994) par exemple. Mais, en faisant ce choix, n'excluait-il pas certaines étapes de la vie privée de Barrès, ou de sa vie littéraire, qui, non totalement indissociées de sa vie politique, ont pu jouer un rôle important dans l'élaboration du nationalisme barrésien ? évocation, à défaut de l'étude détaillée, de la prime jeunesse de l'auteur du Culte du Moi (1869~1884) aurait ainsi permis de montrer le cadre familial et scolaire du jeune lorrain, prélude nécessaire au premier chapitre de Maurice Barrès et le nationalisme français: "formation d'un doctrine". [...]
[...] Biographie intellectuelle, qui cadre Barrès au sein de la vie politique et des idéologies de 1880 à 1920, Maurice Barrès et le nationalisme français est sans doute aujourd'hui l'un des meilleurs ouvrages sur l'auteur de Scènes et Doctrines du Nationalisme, et, en tout cas, presque le seul disponible aux étudiants. Pourtant, sa parution a provoqué et continue de susciter bien des polémiques quant à la thèse défendue : Barrès, précurseur du fascisme. Quoi qu'il en soit, la problématique de l'ouvrage est la suivante: comment se concilie chez Barrès tradition et modernité, caractères "plébéien et bourgeois", "socialisant et conservateur"? (p.362) I. [...]
[...] qui viennent illustrer et appuyer une démonstration solide. En fait, Maurice Barrès et le nationalisme français se révèle être non seulement indispensable pour qui désire saisir la toile sur laquelle se peint existence de Barrès, mais aussi une source privilégiée de documentation, un véritable livre d'histoire sur la fin du XIXème siècle qui retrace avec précision les principaux événements qui ont marqué le rythme de la Troisième République: chronologiquement: boulangisme, scandale de Panama, vague anarchiste, Affaire Dreyfus, tout cela sur fond d'agitation patriotique dont Barrès sera bien évidemment l'un des acteurs essentiels, tout du moins à partir de la décennie 1890. [...]
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