L'ouvrage s'organise en trois parties que nous suivrons. Les trois premiers chapitres s'intéressent aux carrières des députés avant la convocation des Etats généraux. Les trois suivants concernent les origines de la dynamique révolutionnaire et l'émergence des premières transformations au niveau des mentalités de mai à novembre 1789. Quant à la dernière partie intitulée « Politique et Révolution », elle est consacrée au travail législatif des députés jusqu'à la fête de la fédération et à l'analyse de la lutte entre les Jacobins, les Capucins et le Club de 1789...
[...] Quant à la nouvelle direction du roi à partir de février, du moins aux yeux des députés patriotes, elle ne suffit pas à supprimer les intenses rivalités au sein de l'Assemblée ni à diminuer les aspirations de ses membres les plus radicaux. Le mois de mai marque une nouvelle étape dans la prise de conscience des députés avec le débat capital sur le droit de déclarer la guerre et de négocier la paix, prérogative jusqu'ici réservée au roi mais touchant aussi à la question de l'ampleur de la souveraineté nationale. [...]
[...] L'évolution des discussions à propos du veto royal correspond en fait à une prise de conscience de plus en plus importante des aboutissements des premières victoires du Tiers. Sans rentrer dans le détail des débats, rappelons que ce sont les monarchiens qui proposent une alternative à l'opposition entre les partisans d'un veto illimité pour le roi, d'une part, et leurs détracteurs, d'autre part, en soutenant la thèse du veto suspensif. Celui-ci est accepté par 673 voix contre 325 le 11 septembre ce qui constitue une victoire limitée de la droite mais non négligeable pour comprendre la psychologie des députés qui, une fois encore, préfèrent un compromis à l'affrontement directe avec les anciens tenants du pouvoir de l'Ancien régime . [...]
[...] Enfin, concernant les relations des députés avec leurs électeurs, elles sont variables mais rarement inexistantes. Même si les élus sont censés être indépendants et représentés la nation tout entière, la plupart sont conscient que des relations étroites entre élus et électeurs sont parties intégrantes du nouveau phénomène de démocratie représentative. Si quelques uns cherchent à transformer l'opinion de leurs électeurs en les poussant dans la voie du radicalisme, la majorité essaient scrupuleusement de se faire leur porte-parole devant l'Assemblée et garde une correspondance régulière avec les élites locales, lesquelles envoient d'ailleurs de véritables délégations à Paris jusqu'à l'été 1790. [...]
[...] De son règlement, il faut toutefois retenir la règle de la simple majorité adoptée en juillet et l'institutionnalisation du système interne des membres du bureau, du président et des six secrétaires. En dépit de ses efforts pour limiter ses dépenses, l'Assemblée a employé un nombre croissant de personnes (huit fois plus en février 1790 qu'en juin 1789) lesquelles occupent toute une série de nouveaux postes créés pour faciliter son fonctionnement. L'institution dont les effets ont été les plus importants sur le travail des députés est sans doute celle des comités. [...]
[...] En conclusion, en précisant à quel point la première année de la Révolution a été une période remarquable dans la vie des députés, Timothy Tackett ouvre une nouvelle piste sur les origines culturelles de la Révolution française. Il montre que les députés ont non seulement profondément évolué dans leur manière de concevoir les problèmes de la nation mais également dans la manière de les traiter. Cette évolution, dont le processus est plus ou moins inconscient et relativement rapide, repose sur des facteurs de développement qui relèvent de la dynamique révolutionnaire, tels la pression des évènements, l'enthousiasme collectif ou l'exacerbation des luttes politiques au fil des débats. [...]
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