Quand et comment finit une Révolution ? Terminer la Révolution, cela signifie mettre un terme au processus de bouleversement des institutions et de la société ; terminer la Révolution, c'est, d'une manière ou d'une autre, en fixer les acquis. Choisir la date où on arrête la Révolution (1789, 1790, 1791, 1793, 1795, 1802…), c'est déjà lui donner une identité, en fournir une première interprétation. Clemenceau est le premier à vouloir prendre en compte l'ensemble des héritages : « la Révolution est un bloc » dit-il.
La période qui s'écoule de la chute de Robespierre à la proclamation de l'Empire (27 juillet 1794 – 10 novembre 1799) est habituellement divisée en coupes chronologiques censées représenter les différentes orientations politiques d'un régime dont la seule unité tangible réside dans le maintien de la République, et dans la problématique de la fin de la Révolution.
Convention thermidorienne (juillet 1794 – octobre 1795), premier Directoire (octobre 1795 – septembre 1797) puis second Directoire (septembre 1797 – novembre 1799), et enfin Consulat (novembre 1799 – mai 1804), témoignent des ruptures d'une Révolution sortie chancelante de l'épisode de la Terreur. Le régime républicain, régulièrement préservé au détriment du strict respect de la légalité, apparaît pour ses opposants, soit comme un idéal dont on doit restaurer les valeurs fondatrices, soit comme une incongruité dont il faut se débarrasser. Pour ses dirigeants, il s'agit surtout d'un rempart qui permet de se maintenir au pouvoir et d'un instrument permettant de pérenniser sa politique. Celle-ci s'appuie sur une bourgeoisie possédante résolue à ne pas laisser le peuple des faubourgs ou l'aristocratie traditionnelle reprendre un quelconque ascendant politique.
Cette période de tâtonnement et d'errements est pourtant importante à plus d'un titre. D'une part, elle est primordiale pour l'établissement d'un système social et politique qui contraint l'Empire, en 1804, à ne pas restaurer l'Ancien Régime ; d'autre part, elle est parcourue d'une problématique qui interroge les héritages de la Révolution, et questionne leurs devenirs.
[...] Ainsi, rien n'est prévu en cas d'opposition entre l'Exécutif et le Législatif. Le fractionnement des pouvoirs, la fréquence des échéances électorales censées prévenir tout abus de pouvoir, donnent naissance à un régime fragile, moins par sa Constitution que par l'étroitesse de sa base sociale. Le Directoire est conçu pour durer, mais va rapidement faire l'apprentissage des crises politiques et sociales répétées, l'obligeant à faire appel à la force pour se maintenir au pouvoir. D'ailleurs, sa naissance même est marquée du sceau du coup d'Etat, même s'il s'agissait, le 5 fructidor an III (22 août 1795), d'une manipulation permettant de maintenir les deux tiers des conventionnels dans les nouveaux Conseils, afin de contrecarrer la victoire annoncée des royalistes aux prochaines élections ; symptomatique d'un régime s'accommodant de la fraude malgré la menace qu'une telle attitude fait peser sur les institutions. [...]
[...] Qu'est-ce que la réaction thermidorienne ? La volonté d'effacer la période de la Terreur pour la stigmatiser comme un errement, et reprendre le cours des choses. Qui sont ces thermidoriens ? C'est une alliance hétéroclite. On y trouve des montagnards réacteurs : Barras, Fréron, Merlin de Douai, Tallien Avec eux des membres de la plaine : Sieyès, Boissy d'Anglas, Thibaudeau Avec eux, des membres du Comité de Salut Public comme Barère, Billaud-Varenne, Collot d'Herbois ; des représentants en mission récemment rappelés à Paris (donc sanctionnés et craignant pour leur tête) : Fouché, Javogues par exemple, ou des conventionnels menacés d'épuration (Tallien, Dubois-Crancé, Barras) Alliance donc entre ces groupes. [...]
[...] Le mouvement retombe alors dans la semi-clandestinité, autour d'une presse militante, de réunions privées et de clubs politiques comme celui du Manège à Paris. En choisissant la voie d'un juste milieu n'hésitant pas à briser les oppositions de gauche comme de droite, la République directoriale s'enferme dans une logique répressive d'illégalité qui se retourne bientôt contre elle, et consacre irrémédiablement son incapacité à s'inscrire dans la durée. En novembre 1799, le régime consulaire, à l'empreinte militaire marquée, ne fait que souligner ces contradictions et devient le fils illégitime d'une République qui n'a pas su rassemblée autour d'elle un spectre social suffisamment large pour prendre sa défense. [...]
[...] Clemenceau est le premier à vouloir prendre en compte l'ensemble des héritages : la Révolution est un bloc dit-il. La période qui s'écoule de la chute de Robespierre à la proclamation de l'Empire (27 juillet 1794 10 novembre 1799) est habituellement divisée en coupes chronologiques censées représenter les différentes orientations politiques d'un régime dont la seule unité tangible réside dans le maintien de la République, et dans la problématique de la fin de la Révolution. Convention thermidorienne (juillet 1794 octobre 1795), premier Directoire (octobre 1795 septembre 1797[3]) puis second Directoire (septembre 1797 novembre 1799), et enfin Consulat (novembre 1799 mai 1804), témoignent des ruptures d'une Révolution sortie chancelante de l'épisode de la Terreur. [...]
[...] L'Exécutif, quant à lui, revient à un gouvernement collégial, un Directoire de cinq membres de 40 ans au moins, élus pour 5 ans par le Conseil des Anciens à partir d'une liste décuple proposée par les Cinq-Cents. Il est renouvelable par cinquième chaque année, et soumis à une présidence tournante n'excédant pas trois mois, censée empêcher la prédominance d'un des 5 directeurs. Echec de la République bourgeoise : arrêter la Révolution par la durée Pour garantir sa pérennité, gage d'une Révolution enfin achevée, éviter les crises en les intégrant dans le système, le régime est construit de manière à produire des contradictions, mais celles-ci finiront par causer sa perte. [...]
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