Cela ne semble donc pas être un hasard si Jean-Louis Gay-Lescot se penche sur ce sujet. Auteur de nombreux articles de périodiques consacrés au sport sous l'Etat Français (La politique sportive de Vichy, Le sport en France pendant l'Occupation, Le mouvement sportif et l'éducation physique scolaire en régime autoritaire : l'Etat Français de Vichy…), il faut souligner (et c'est là une autre originalité de l'œuvre de Jean-Louis Gay-Lescot) que celui-ci n'est ni chercheur ni historien, mais professeur d'éducation physique et sportive, et directeur du service inter-universitaire des activités physiques et sportives à l'Université de Bordeaux II. Publié en 1991, Sport et éducation sous Vichy (1940-1944), s'impose ainsi comme le travail le plus abouti de Jean-Louis Gay-Lescot, résultat d'un travail de recherche remarquable consacré à cet objet historique...
[...] L'une des plus significatives réalisations du premier CGEGS est l'adoption, le 20 décembre 1940, de la réactionnaire Charte des Sports, pour remédier aux fléaux du mouvement sportif et justifiée par des arguments utilisés sous le Front Populaire : le déclin des résultats, la dénonciation des luttes intestines et de l'argent dans le sport. L'ennemi principal devient le professionnalisme. La Charte restreint aussi la loi de 1901 sur les associations (qui doivent obtenir une autorisation). Le CGEGS se lance également dès 1940 dans une entreprise importante de constructions d'infrastructures. [...]
[...] Cela explique peut-être le succès de l'Union du Sport Scolaire et universitaire, qui apparaît comme un champ libre dans la semaine. Le contrôle médical de la jeunesse et le soutien à l'épreuve sportive au Baccalauréat (plus de 50% des candidats la choisissent) sont des succès. Mais l'invasion de la zone Sud en novembre 1942 oblige à des changements : redéploiement de certains centres, écoles et administrations, interdiction du vol à voile, difficulté de pratiquer des activités maritimes On assiste aussi sous le colonel Pascot au développement du sport fédéral ; le mouvement associatif sportif est celui qui connaît le succès le plus retentissant (en 1943, il y a trois ainsi fois plus de clubs de football qu'en 1939). [...]
[...] Le Centre National des Moniteurs et Athlètes d'Antibes est un symbole de la politique menée. Neuf centres ouvrent en 1941 et forment principalement au ski, à l'alpinisme (des sports rudes et au vol à voile (ce qui déplait aux Allemands, détenteurs des records mondiaux). En 1940-1941, sont aussi jetées les bases des réformes scolaires : désormais les élèves effectueront 9h par semaine d'EGS (ceci incluant le chant, les travaux manuels Le Brevet National Sportif est créé, dans la continuité du Brevet Sportif Populaire institué par Léo Lagrange en 1938, ainsi qu'une épreuve facultative d'éducation physique au Baccalauréat Enfin, les Instructions du 1er juin 1941, s'inspirant de la Méthode Naturelle de Georges Hébert prônant une éducation physique, virile et morale, visent à définitivement installer les activités physiques au rang des disciplines fondamentales L'action du premier Commissariat Après avoir présenté la structure et le dirigeant du premier CGEGS, Jean- Louis Gay-Lescot s'intéresse à l'action de celui-ci. [...]
[...] De même, la politique sportive du Front Populaire est détaillée avec parcimonie (alors que selon l'auteur elle fonde toute la politique de Vichy qui n'en est que la continuité). Quant à la quatrième de couverture, qui indique que l'EGS relève de la quotidienneté des Français durant l'Occupation et de leur volonté d'exister, d'oublier et d'espérer elle aborde un sujet qui n'est quasiment jamais pris en compte par l'auteur. Cependant, une telle exhaustivité dans les détails ne peut que témoigner de recherches remarquables, provenant de sources nombreuses et diverses. [...]
[...] Afin de contrer la méfiance entretenue à l'égard du CGEGS, sont créés les maîtres d'éducation générale mais leur faible nombre oblige à une importante réduction d'horaires (de 7 à 3h pour les garçons, à 2h pour les filles). Cela peut paraître paradoxal tant la politique féminine de Vichy fut réactionnaire, mais le CGEGS va être l'émancipateur du sport féminin qui est étonnamment dynamique à partir de 1940. Borotra inaugure de nouvelles relations entre l'EGS et l'Armée, dont la défaite témoigne d'une préparation inadaptée. En effet, l'année 1941 signe la fin de l'ère militaire de l'Armée, qui n'a plus le rôle de penseur national de l'EGS. [...]
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