Analyse de la spécificité du rapport à la guerre de la socité russe ( et soviétique), en se fondant sur les nombreux travaux du spécialiste Nicolas WERTH. Ses thèses sont ici largement reprises, pour démontrrt que le fait guerrier russe obéit à une chronologie spécifique (ne s'arrêtant pas en 1914 mais se prolongeant jusqu'en 1922).
D'autre part, on peut constater que la société russe a été durablement meurtrie par l'effacement de toute frontière nette entre le front et l'arrière, les ennemis de l'intérieur et de l'extérieur, la guerre et le politique, la violence militaire et la violence sociale. La guerre de 8 ans, expérience matricielle a donné le pouvoir au bolchevique, eux qui conçoivent la guerre comme un instrument, si ce n'est l'instrument politique.
Dès lors, une tendance lourde de l'histoire russe émerge, celle du lien jamais démenti entre un pouvoir politique qui se maintient en fondant sa légitimité sur l'hypothèse toujours possible d'une guerre des ennemis extérieurs comme intérieurs.
[...] La société russe et soviétique et la guerre (1914 1922) La société russe avant 1914 : 25 ans après le décollage économique amorcé par le ministre S.I. Witte, la Russie connaît à la veille de la Première Guerre mondiale une croissance auto-entretenue. La voie économique suivie est celle d'un pays en retard. En voici les caractéristiques (cf. Alexander Gerschenkron, Econmic backwardness in historical perspective) : taux rapides de croissance industrielle reposant sur des secteurs-moteurs à forte intensité technologique et capitalistique (bien d'équipement, chemin de fer), concentration impressionnante de la main-d'œuvre salariée dans de grosses entreprises cartellisées, affirmation d'un Etat régulateur de l'économie qui se substitue aux initiatives défaillantes du marché. [...]
[...] Le faible enthousiasme du début de la guerre ne dure guère. La débâcle de l'été 1915 (pénurie de munitions, incompétences des officiers, front enfoncé) attise les tensions au sein de l'armée : le sans-classe, c'est-à-dire le soldat paysan ne compte pas. Les soldats voient dans l'officier les représentants de ces verkhi qui envoient les moujiks à la mort pour que jamais plus à l'avenir ils ne se révoltent dans les campagnes (pougatchevtchina). L'armée ne joue donc pas en Russie un rôle de brassage social, mais reproduit voire exacerbe les tensions larvées de la société. [...]
[...] Les bolcheviques surent s'imposer dans ce contexte de désagrégation car ils avaient un projet, une vision, un but nouveau, global et cohérent : la création d'une société révolutionnaire, où l'expérience militaire est fondamentale : elle s'étend, se diffuse et contamine véritablement toutes les sphères du politique, du social et de l'économique. L'aboutissement en sera le communisme de guerre L'expérience de la Grande Guerre donne son unité à la période 1914 1922, cette guerre de 8 ans ce 2nd temps des troubles (le premier étant la période 1600 1613). Il n'y a pas de césure à rechercher, la continuité prévaut. L'expérimentation bolchevique naît de cette culture de guerre. I / La Grande guerre, l'Etat et la société russe : A / L'automobilisation et l'émergence d'un complexe para-étatique (cf. [...]
[...] Ce courant modéré, réformateur et libéral rêve d'un régime parlementaire. Ces chefs sont le prince Lvov, Milioukov (affaires étrangères) et Kerenski. Le second pouvoir est le Soviet de Petrograd, émanation du mouvement populaire, partagé entre socialistes révolutionnaires bolcheviques et mencheviques. Or, ce n'est pas un double pouvoir mais en réalité une absence de pouvoir : le gouvernement provisoire est privé d'autorité car sans la confiance du peuple de la capitale, tandis que le Soviet refuse d'assumer des responsabilités politiques car est incapable d'une action gestionnaire. [...]
[...] B / La question de la guerre, catalyseur de toutes les crises de l'année 1917 : Toutes les grandes forces politiques qui aspirent à gouverner après février 1917 doivent définir leur position par rapport à la guerre, tout en tenant compte de la lassitude des soldats paysans. De mars 1917 à mars options furent proposées. La première est celle des constitutionnels-démocrates (KD). Ils proposent de poursuivre la guerre conformément aux engagements de l'ancien régime. Les KD souhaitent à tout prix la victoire avec les alliés, car cela légitimera et assoira leur pouvoir. De plus, ce sera aussi l'occasion de mettre fin aux révolutions, d'ancrer le pays à l'Ouest capitaliste et d'achever la modernisation débutée avant guerre. La deuxième est celle du Soviet de Petrograd. [...]
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