Avec l'année 1789, tous ceux qui s'occupent « des arts ou de l'esprit » constatent l'irruption de bouleversements essentiels. Un vent nouveau souffle qui renverse la « Bastille académique », balaie la censure sous un flot d'écrits que nul ne peut contrôler, libère les énergies créatrices, crée de nouveaux marchés et ouvre le champ des possibles. Aux élites cultivées en nombre restreint se substitue un peuple de citoyens auquel il convient de s'adresser, pour lequel il faut utiliser une pédagogie de masse. Mais avec la mort de la monarchie, la radicalisation politique suscite peu à peu l'émergence d'une volonté d'aller beaucoup plus loin que de simples ruptures encore largement soucieuses de respecter certains héritages du passé. A la révolution nouvelle, il faut à présent un « homme nouveau », et 1793 – 1794 est le temps fort de ce désir utopique. La République de l'an II tente ainsi d'accélérer la coupure entre un monde qui ne doit plus être et un monde qui est à inventer.
[...] Celle-ci jouera un rôle essentiel dans les victoires des armées françaises à partir de 1794 (cf. le rôle des aérostats lors de la bataille de Fleurus, qui contribuent à faire comprendre plus rapidement à Jourdan l'importance et la position des réserves autrichiennes). Le Directoire ou l'idéal d'une République des savants (1794 1799) 1 La nouvelle position du savant Au sortir de la Terreur, la position des savants est renforcée : si leur rôle dans les victoires militaires est reconnu, ils bénéficient surtout du système d'interprétation culturelle mis en place par les thermidoriens pour expliquer la Terreur. [...]
[...] Cette conception est radicalement opposée à l'idéal de République des Savants car en aucun cas la communauté scientifique ne saurait constituer un contre-pouvoir susceptible de s'opposer, voire de contrebalancer la volonté de Bonaparte. On assiste ainsi à une dépolitisation de la figure du savant. La décision prise d'épurer en 1802 le Tribunat et le Corps législatif des opposants libéraux proches des Idéologues (dont de nombreux membres de l'Institut) marque cette volonté de restreindre désormais le terrain d'intervention des savants qui doivent se concentrer exclusivement sur leurs travaux. [...]
[...] Qu'elle se rattache à la tradition allégorique, au grotesque ou à un mélange débridé des deux, elle met, comme le pamphlet, la politique à portée de tous. A la caricature révolutionnaire répond la contre-révolutionnaire, mais si la première est avant tout portée par les événements de 1789 à 1791, la seconde est au centre d'une véritable guerre des caricatures déclenchée par les royalistes à partir de 1791. A la chasse aux aristocrates et aux patriotiques fessées répond le portrait-charge du militant populaire assoiffé de sang, tandis que le roi et sa famille désacralisés s'enfoncent inexorablement dans un univers où l'animalisation, la monstruosité et les perversions sexuelles sont monnaie courante Une Révolution avortée de la culture La radicalisation culturelle s'ouvre au printemps et à l'été 1793, au moment où se conjuguent, non sans tensions, l'existence de mouvements populaires très actif et des projets de régénération issus de la Convention montagnarde ; l'un des principaux aspects en est la déchristianisation. [...]
[...] Le succès rencontré par ce livre ne fait que renforcer la politique menée par Bonaparte contre la figure du Savant-Législateur et justifie les mesures prises pour la restriction de son espace d'intervention Une science officielle et subordonnée En échange de la perte de leur mission politique (la démission de Chaptal de la fonction de ministre de l'intérieur en 1804 est sur ce point un symbole important), Bonaparte offre à une minorité de savants des possibilités importantes de promotion sociale par le jeu de gratifications, de fonctions dans l'administration et d'honneurs symboliques (la Légion d'Honneur, dont le naturaliste Lacepède devient Grand Officier en 1802). Les sciences doivent désormais servir d'instruments de contrôle des pops (cf. l'évolution des statistiques départementales) et d'outil de promotion politique et nationale. [...]
[...] C'est la Convention qui charge son Comité d'Instruction publique d'y remédier grâce à l'adoption d'un nouveau calendrier. Trois objectifs majeurs sont poursuivis : marquer la rupture avec l'Ancien Régime par une réconciliation de la nature et l'histoire (l'équinoxe d'automne 1792 devient le premier jour de la République, symbole de l'égalité dans la nature aussi bien que dans la société) ; purger le calendrier des références religieuses et remplacer le martyrologe chrétien par des symboles liés à la Révolution, à la nature et au travail ; rationaliser le découpage du temps (douze mois de trente jours divisés chacun en trois décades, auxquels s'ajoutent en fin d'année des jours complémentaires). [...]
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