Avant la seconde guerre mondiale, la Russie représentait une révolution socialiste dans un seul pays. C'est seulement après la guerre que le communisme est devenu une réalité mondiale et quotidienne nécessitant une étude réellement historique et non plus seulement empirique ou journalistique. Il faut insister sur la place particulière qu'occupait l'analyse de l'histoire de l'URSS dans le contexte de la guerre froide et d'un monde bipolaire. Comme le rappelle Martin Malia, il était probablement impossible de traiter de l'URSS dans les universités occidentales « de façon tout à fait neutre ou calmement rationnelle ». Pour schématiser, deux pôles d'explication vont se constituer dans les milieux historiens, deux pôles très extrêmes, l'un naissant en fait en réaction par rapport à l'autre. On peut se demander dans quelle mesure la chute du régime soviétique et l'ouverture des archives permettent d'apprécier l'historiographie du communisme des années 1950 au début des années 1990...
[...] Globalement, les historiens totalitaires dressent un idéal-type du régime totalitaire : un système qui structurellement englobait toutes les fonctions de la société et qui fait montre d'une grande continuité, en particulier de Lénine à Staline La réaction des historiens révisionnistes a. Le contexte de son apparition. Les bouleversements sociaux, économiques et culturels de 1968 engendrent une éclipse de l'idée de totalitarisme en Occident, où elle fait figure de reliquat idéologique de la guerre froide. On assiste à un certain retour en force du marxisme, et à l'essor d'une nouvelle génération d'historiens et de sociologues affranchis des clivages idéologiques des années 1950, comme Moshe Lewin. [...]
[...] Malia, mais un événement inscrit dans l'évolution sociale de la Russie et notamment la montée du mouvement ouvrier. La guerre civile et la NEP sont également vues sous l'angle de luttes sociales. L'histoire de l'URSS n'est plus perçue dans une continuité totale et l'équation Lénine égale Staline est récusée. Au total, cette histoire est déterminée non pas par des traits structurels inhérents au bolchevisme mais par un ensemble de circonstances objectives qui lui sont au moins partiellement extérieures : réactions de la société, mobilité sociale, environnement international b. [...]
[...] Ils en voient la démonstration dans la politique de glasnost de Gorbatchev. Visiblement, ils semblent ignorer que les régimes vacillent à l'Est. Les totalitaires estiment eux que le régime est fondamentalement incapable de se réformer, car il est fondé sur une emprise maximale sur les hommes. Il adoptent donc deux attitudes dans l'analyse de la période Gorbatchev : pour certains d'entre eux, le système soviétique ancien continue et l'ouverture de Gorbatchev n'est qu'un mirage le pouvoir n'a en réalité jamais été aussi fort ; pour d'autres, l'éveil des sociétés rendait inévitable l'écroulement total du communisme. [...]
[...] On va voir que, jusqu'à la chute du régime, les deux écoles ont continué à s'opposer dans un combat au fond assez stérile, dans la mesure où les systèmes de pensée étaient trop figés pour être parfaits Les analyses du moment Gorbatchev et de la fin du régime a. Gorbatchev : révisionnistes triomphalistes, totalitaires circonspects. La grande idée des révisionnistes est de dire que le régime soviétique peut se réformer par lui-même, du fait de l'évolution de la société et des tensions sociales. [...]
[...] Révisionnisme et totalitarisme : deux idéologies pour expliquer le phénomène URSS Avant la seconde guerre mondiale, la Russie représentait une révolution socialiste dans un seul pays. C'est seulement après la guerre que le communisme est devenu une réalité mondiale et quotidienne nécessitant une étude réellement historique et non plus seulement empirique ou journalistique. Il faut insister sur la place particulière qu'occupait l'analyse de l'histoire de l'URSS dans le contexte de la guerre froide et d'un monde bipolaire. Comme le rappelle Martin Malia, il était probablement impossible de traiter de l'URSS dans les universités occidentales de façon tout à fait neutre ou calmement rationnelle Pour schématiser, deux pôles d'explication vont se constituer dans les milieux historiens, deux pôles très extrêmes, l'un naissant en fait en réaction par rapport à l'autre. [...]
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