Les années 1870, 1880 et 1890 furent en Europe le moment de l'invention de multiples traditions, ecclésiastiques, scolaires, militaires, républicaines et monarchiques. Au même moment débute la ruée européenne vers l'Afrique. Les colons durent se définir comme les maîtres incontestés d'un grand nombre d'Africains en faisant appel aux traditions européennes inventées pour définir et justifier leurs rôles et pour mettre en place des modèles d'asservissement (...)
[...] Ils utilisèrent pour cela, les rituels inventés et ré institués du syndicalisme corporatif pour en exclure les Africains et se considéraient désormais non pas comme des agriculteurs blancs mais comme des gentlemen-farmers Les conditions favorisant l'implantation d'une société de gentlemen plus stable furent réunies et des mesures politiques furent prises pour affaiblir la production agricole Africaine et mettre la main d'œuvre à disposition des gentlemen-farmers. II. L'initiation des Africains aux traditions du gouvernement Les blancs utilisaient les traditions inventées comme instrument de modernisation. Au temps de la reine Victoria très peu de gens possédaient des vêtements hormis des peaux et des couvertures et presque aucun ne savait lire. [...]
[...] Cette conception était cependant totalement erronée des réalités de l'Afrique précoloniale. La colonisation et ses traditions inventées avait développé un processus d'immobilisation des populations, de renforcement de l'ethnicité et de plus grande rigidité de la définition sociale Il y avait de la part des colonies le souhait de : rétablir l'ordre, la sécurité et un sentiment communautaire en définissant et en imposant la tradition Les gens devaient revenir à leur identité tribale l'ethnicité devait être restaurée comme socle de l'association et de l'organisation. [...]
[...] Les tentatives Africaines d'usage de la néo-tradition Européenne. La bourgeoisie aspirante cherchait à s'approprier cette panoplie d'attitudes et d'activités qui définissaient les classes moyennes Européennes. Certains adoptèrent le symbolisme néo-traditionnel européen par esprit de mode. De nombreux africains se trouvaient déracinés et n'avaient d'autre choix que de se constituer une nouvelle société. Dans la ville de Kimberley, dans les années 1890, on pouvait trouver une petite bourgeoisie africaine qui aspirait à devenir actrice à part entière dans l'univers libéral britannique du XIXe, un univers de liberté et d'égalité, régit par le droit commun, garantissant le droit à la propriété et la vitalité entrepreneuriale. [...]
[...] Cela s'effectue de deux façons : accepter l'idée que certains Africains pouvaient devenir des membres de la classe dirigeante de l'Afrique coloniale et être éduqués dans un cadre néo-traditionnel et créer une société hiérarchisée où les Blancs commandent les Africains. La célèbre école King's College de Budo, en Ouganda offre la meilleur illustration de la façon dont certains africains peuvent être transformés en gouverneurs par une immersion dans la néo-tradition britannique. Le but était d'adapter la méthode du collège privé anglais à la scène africaine. Mais l'expérience de Budo ne devait pas devenir un modèle générale. La plupart des Africains ne pouvaient accéder qu'a la partie subalterne du rapport maître/esclave. III. [...]
[...] Les colons durent se définir comme les maîtres incontestés d'un grand nombre d'Africains en faisant appel aux traditions européennes inventées pour définir et justifier leurs rôles et pour mettre en place des modèles d'asservissement. Terence Ranger est spécialiste de l'histoire de l'Afrique, spécialisé dans l'histoire du Zimbabwe. Il est notamment l'auteur de Postcolonial identities in Africa. Dans son ouvrages intitulé L'invention de la tradition, qu'il écrit avec Éric Hobsbawm, il se propose d'étudier une question inhérente à l'histoire aussi bien factuelle que sociale des XIXème et XXème siècles qui est la tradition, ou plutôt l'invention de la tradition. Il consacre notamment une partie à l'invention de la tradition en Afrique à l'époque coloniale. [...]
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