On s'intéressera ici plus particulièrement à la façon dont Pierre Mendès France s'est situé par rapport à la construction européenne naissante, et à la vision de l'Europe qu'il a pu développer. Du rejet de la Communauté européenne, Mendès France a gardé une image d'anti-européen, confortée par son refus du traité de Paris en 1951, puis des traités de Rome en 1957. Pourtant, vers la fin de 1958 et avec l'arrivée au pouvoir du général de Gaulle, Mendès France va désormais défendre une Europe supranationale, socialiste et planifiée. Comment expliquer la trajectoire de cet engagement européen ? Est-il mieux décrit en termes de rupture ou de continuité ? Si elle pointe aussi des ruptures et des contradictions, l'analyse aboutit à montrer qu'il y a bien une continuité dans cette conception, depuis les années trente jusqu'à la fin de la vie de Mendès France : celle de la défense d'une Europe sociale.
Ainsi, l'engagement européen de Mendès France a été formé en partie par la position occupée par celui-ci à un moment donné dans le champ politique, mais la conception de l'Europe par Mendès France s'inscrit surtout en rapport avec la tradition radicale et républicaine, puis dans un projet socialiste.
[...] Avec l'insistance sur la nécessité de sauvegarder la souveraineté nationale et la primauté du politique, ce discours ancre aussi fermement Mendès France dans la tradition républicaine. Comme le rappelle Maurice Agulhon dans son ouvrage de synthèse sur la République, Pierre Mendès France sera le dernier des hommes politiques de quelque importance pour qui la République aura valeur de référence, parce qu'il en aura chargé le nom du même lot de valeurs combinées que l'en avaient investi Victor Hugo ou Jules Ferry, Waldeck-Rousseau, Jean Jaurès ou Édouard Herriot Mendès France avait en effet revêtu la République d'une forte valeur symbolique, qui s'explique d'autant plus lorsqu'on examine l'histoire du personnage, victime d'un procès inique intenté par le régime de Vichy, puis résistant. [...]
[...] Il en sera de même dans les années soixante, avec l'adoption par Mendès France d'une position défendant la supranationalité, contre la défense gaullienne du caractère intergouvernemental de la construction européenne. L'épisode de la Communauté Européenne de Défense souligne la part de la contingence dans l'irruption de la question européenne au cours de la carrière politique de Pierre Mendès France. Lorsqu'il arrive à la présidence du Conseil, le 18 juin 1954, Mendès France hérite d'un traité en attente de ratification depuis sa signature le 27 mai 1952. [...]
[...] On s'intéressera ici plus particulièrement à la façon dont Pierre Mendès France s'est situé par rapport à la construction européenne naissante, et à la vision de l'Europe qu'il a pu développer. Du rejet de la Communauté européenne, Mendès France a gardé une image d'anti-européen, confortée par son refus du traité de Paris en 1951, puis des traités de Rome en 1957. Pourtant, vers la fin de 1958 et avec l'arrivée au pouvoir du général de Gaulle, Mendès France va désormais défendre une Europe supranationale, socialiste et planifiée. Comment expliquer la trajectoire de cet engagement européen ? Est-il mieux décrit en termes de rupture ou de continuité ? [...]
[...] cit., p Jean-Louis Rizzo, Op. cit., p Gérard Bossuat, Op. cit., p Ibid. Ibid., p Jean-Louis Rizzo, Mendès France ou la rénovation, p Jean-Louis Rizzo, Op. cit., p Pierre Mélandri, Faire mentir Machiavel in François Bédarida, Jean-Pierre Rioux (dir.), Pierre Mendès France et le mendésisme (Fayard, 1985), p Jean-Louis Rizzo, Op. cit., p Cité dans Rizzo, Op. [...]
[...] cit., p Ibid., p Maurice Agulhon, La République, Tome II à nos jours (Hachette, 1997), p Cité dans Gérard Bossuat, Op. cit., p Jean-Louis Rizzo, Op. cit., p Cité dans Jean-Louis Rizzo, Op. cit., p Jean-Louis Rizzo, Mendès France ou la rénovation, p Gérard Bossuat, Op. cit., p Jean-Louis Rizzo, Pierre Mendès France, p Gérard Bossuat, Op. cit., pp. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture