Fiche de révision pour le CAPES.
Source: Robert Frank, « Une histoire problématique, une histoire du temps présent »,Vingtième Siècle, 2001, n°71.
[...] Une grille de lecture Mais rejeter une histoire européenne sous prétexte que l'histoire est avant tout nationale relève d'une conception trop étroite. Hartmut Kaelble a croisé comparaison interne (à l'intérieur de l'Europe) et externe (avec les sociétés extra-européennes) afin de cerner les composantes d'une société européenne et ses convergences (structure de la famille, âge au mariage, utilisation de l'espace urbain, culture ouvrière, Etat-providence, etc.), qui tiennent au poids des relations entre les nations européennes et du degré d'autonomie des sociétés par rapport à l'Etat. [...]
[...] La conscience européenne se forge et se transforme ainsi contre des adversaires (Hitler, Staline) ou des fléaux (la guerre, le déclin, la barbarie). Elle évolue aussi. Elle est ainsi réactivée périodiquement (les relances de Messine en 1955, de La Haye en 1969 ou de Fontainebleau en 1984) à l'occasion des échecs de l' Europe de même que chaque phase d'expansion et de succès finit par susciter des inquiétudes nationales, à l'origine de nombreuses déconvenues (rejet de la CED en 1954, crise gaullienne de 1963-1969, dépression thatchérienne de 1979-1983). [...]
[...] Et dans cette histoire européenne les histoires des nations en Europe doivent avoir toute leur place. Il est important de savoir comment, du fait de la construction européenne, les Français (ou les Allemands, les Italiens, les Britanniques, etc.) ne sont pas Français de la même manière en 2000 qu'en 1950. En vérité, l'histoire de l'Europe n'est en aucune façon une histoire de certitude ; elle est l'histoire de la question européenne, l'histoire d'un questionnement que l'historien doit sans cesse renouveler. [...]
[...] J.-.P. Rioux pense que la difficulté de l'Europe de Bruxelles à susciter l'enthousiasme des opinions, restées très nationales, induit la preuve qu'il n'y a pas ou presque pas de place pour une histoire européenne. Or, ce n'est pas parce que le sentiment européen est particulièrement faible face aux sentiments nationaux que l'identité européenne n'existe pas. Elle existe comme un consensus mou qui n'en est pas moins une force profonde (P. Renouvin), une force discrète mais socialement enracinée et largement diffuse. [...]
[...] La conscience européenne est le sentiment, socialement partagé, d'une nécessité vitale de construire l'Europe [on peut être Européen, se sentir Européen, sans ressentir la nécessité de faire l'Europe], phénomène important du 20ème siècle, façonné par ses grandes tragédies [S'unir ou mourir, tel était le titre du livre de Gaston Riou publié en 1929]. Mais si ce sentiment anime très tôt des militants depuis les années 1920, il est peu répandu dans les sociétés au 20ème siècle, car il rencontre la concurrence des sentiments nationaux. [...]
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