Nationalisme et antisémitisme en France de 1880 à 1914, dissertation d'histoire contemporaine
Quelques années après le traumatisme de 1871, la France est dite 'malade', et pour de nombreux hommes politiques comme Paul Déroulède, 'il y a des questions intérieures qui dominent les questions extérieures'. Dans un contexte d'angoisse politique, partout la 'décadence' du pays est dénoncée: il faut donc au plus vite pour retenir une patrie qui se défait mettre le doigt sur les problèmes, trouver des coupables, avant de se poser en protecteur face aux problèmes internes. Pour ce nationalisme de repli, l'objectif est de dresser une ligne d'arrêt face à l'influence croissante et décomposant de plusieurs groupes sociaux. P. Birnbaum montre bien le danger d'un tel nationalisme qui passe rapidement à droite: selon lui, ce que Dreyfus ne voit pas, c'est que le temps de l'universalisme est terminé et qu'il se trouve remplacé par un culte de la nation considéré comme incompatible avec la présence de ceux qui restent aux yeux de la majorité des étrangers à l'identité française. Ce nationalisme implique forcément l'explosion de l'antisémitisme. Mais il semble toutefois que le nationalisme ait au recours à cet antisémitisme qu'il diffuse souvent lui-même.
I . L'antisémitisme montant, arme du nationalisme
II . Antisémitisme et redéfinition du nationalisme
[...] Lemaitre, ou Brunetière, prône un nationalisme conservateur, républicain, et bourgeois contre le socialisme, et affiche son antisémitisme entre autres valeurs qu'elle défend. Le nationalisme populaire est chauffé à blanc par ces ligues antisémites et les journaux qui les accompagnent dans leur entreprise de diffusion dans les masses du sentiment national et de sa protection qui passe entre autres par le rejet des juifs. Au cours de l' Affaire Dreyfus et de ses dérives populaires, observons par exemple l'onde de fanatisme de l'année 1898. [...]
[...] L'alliance entre nationalisme et antisémitisme semble en effet être réelle en ce début de siècle Le 11 mai 1902, alors que les nationalistes se sont lourdement inclinés au cours des élections à l'echelle nationale, le Paris rebelle et démocrate est tombé entre leurs mains. La liesse nationaliste qui emplit la ville est alors remarquable. Mais ce qui en ressort, c'est que le mouvement est fortement antisémite. Pour ne citer que lui, Drumont est acclamé devant le siège de La Libre Parole. "Pour s'emparer de Paris, l'antisémitisme est ouvertement choisi comme signe de ralliement collectif remarque P. Birnbaum. En effet, la Ligue de la Patrie Française s'est alliée aux ligues antisémites pour cette victoire. [...]
[...] Antisémitisme et redéfinition du nationalisme L'Affaire et le virage à droite du nationalisme De La France juive à la crise dreyfusienne, on peut parler de l'incubation d'un nationalisme sur fond d'antisémitisme. A l'aube de l'Affaire, l'opinion publique est préparée à s'obstiner à croire en la trahison d'un juif. "J'aurais du m'en douter", lance le colonel Sandherr lorsqu'on lui apporte les soit-disant preuves de la culpabilité de Dreyfus. Voilà une occasion en or pour les fantasmes antisémites de s'épanouir, traduisant ainsi une forme de défense irrationnelle contre la marche au néant. [...]
[...] Ce sont en réalité les ligues qui continuent de lier aux idées nationalistes des convictions mais aussi des actions extrêmement antisémites. Tout d'abord, c'est en 1897 que Jules Guérin reprend la Ligue antisémitique de France pour " libérer les Français et la Nation du Joug des juifs Il rassemble à son apogée adhérents, et est appuyé par un journal hebdomadaire tiré à exemplaires :L'Anti-juif. La Ligue des patriotes de Paul Déroulède, fondée en 1882 et qui compte pendant l'Affaire adhérents, est elle aussi antisémite, mais cela ne figure pas dans son programme, même si ses membres crient haut et fort leur haine des juifs, puisque nous le verrons son chef ne le fait pas. [...]
[...] Conserve-t-il une place dans le nationalisme du nouveau siècle? I . L'antisémitisme montant, arme du nationalisme Sources et développement de l'antisémitisme français Au cours des années 1880, l'antisémitisme se diffuse dans tous les milieux français et prend des proportions de plus en plus importantes jusqu'à l'éclatement de l'Affaire. Ainsi, à la suite de Drumont, les journaux proclament ces idées auxquelles le peuple est réceptif : La Libre Parole, fondée par ce dernier en 1992, La Croix, qui se dit être le journal "le plus anti-juif de France" et dénonce le "péril juif", alors que l' Intransigeant de Rochefort se veut le défenseur des petits face à l'exploitation juive. [...]
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