La colonisation est-elle légitime ? Cette interrogation occupait déjà les esprits au XVIème siècle, du temps où l'Espagnol Sepulveda déclarait que la guerre contre les Indiens d'Amérique était une guerre juste, la domination coloniale un devoir, quand bien même il est nécessaire de recourir à la violence, tandis que son compatriote Francisco de Vitoria, dans son ouvrage De jure belli, se refusait à considérer comme juste la guerre pour imposer une religion ou annexer un territoire, donc la guerre coloniale.
Nous nous proposons de traiter ce même sujet, transposé à la IIIème République en France : la question de la légitimité y est d'autant plus intéressante que le terme de « République coloniale » laisse transparaître un paradoxe qui n'existe pas au XVIème siècle sous la monarchie espagnole, puisque les droits de l'homme n'ont pas encore été proclamés.
Il s'agit de mettre en relief les contradictions de l'idéologie coloniale républicaine qui cherche à légitimer la colonisation, à en faire une cause juste.
[...] Rejetant le modèle patriarcal de l'Ancien Régime, elle se veut une mère pour les peuples conquis. A l'inverse de la Grande-Bretagne, qu'elle juge sévèrement, comme étant un pays oppresseur, négligeant les populations locales, elle cherche à légitimer sa domination sur ses conquêtes : la IIIème République insiste donc sur les motifs nobles, les principes moraux, sa bonté, sa volonté de guider ces peuples qui ne connaissent pas la civilisation. C'est ainsi que la IIIème République instruit, soigne les populations indigènes : les figures de l'instituteur et du médecin coloniaux deviennent emblématiques. [...]
[...] Bibliographie - La République coloniale, Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Françoise Vergès, Albin Michel - La colonisation aussi est un crime, Oruno Lara, L'Harmattan Garnier-Pagès, Dictionnaire politique, Paris Jean-Pierre Cot, A l'épreuve du pouvoir. Le tiers-mondisme pour quoi faire ? [...]
[...] De plus, la rhétorique de l'infériorité raciale, que l'on retrouve notamment dans les discours de Jules Ferry les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures même s'il s'agit, dans une certaine mesure, d'un racisme philanthropique vident de sens les idéaux de la Révolution Française. En 1881, le code de l'indigénat instaure des pénalités particulières réservées aux indigènes et met en place la spoliation des terres des populations colonisées. Paradoxalement, les colons, qui doivent guider les peuples colonisés, ne leur laissent aucune autonomie, ils disent vouloir faire d'eux leurs égaux mais leur refusent un traitement d'égal à égal : la transmission du savoir prend ainsi la forme d'une acculturation forcée. [...]
[...] En effet, comment décider à la place d'un peuple de ce qui est bon pour lui ? Conclusion De nos jours, la question de la légitimité de la colonisation est loin d'être résolue. Tandis que certains hommes politiques font acte de repentance ou déclarent que la colonisation française est un fait historique particulièrement regrettable comme B. Delanoé en 2005, d'autres, de droite comme de gauche, cherchent à mettre en avant les bienfaits de la colonisation, comme JP. Chevènement dans son article Cessons d'avoir honte A. [...]
[...] N'oublie-t-on pas une dimension fondamentale, qui comprend les principes de souveraineté, de liberté, d'égalité, et qui relativise donc les réalisations positives de la mission colonisatrice française ? Les exemples de colonisations à travers les âges laissent penser que la colonisation est, par essence, une guerre injuste. Néanmoins, si la IIIème République avait su articuler ses propres intérêts avec un véritable accompagnement des peuples colonisés vers un progrès non seulement économique et social, mais aussi politique, en respectant les valeurs de la Révolution Française, alors sa mission civilisatrice nous aurait semblé, sans doute, plus légitime. [...]
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