A l'entrée du XVIIIe siècle, la France et la Grande-Bretagne se partagent « les Isles » de la Méditerranée américaine, certes l'Espagne reste présente à Porto Rico, à Saint-Domingue, à Cuba, mais ces grandes terres sont délaissées, quant aux Pays-Bas ils conservent en périphérie de l'arc des Antilles une poussière d'îles, d'Aruba à Curaçao.
Dès la fin du XVIIe siècle « les Isles » connaissent une période de prospérité exceptionnelle qui repose sur le développement d'une économie de plantations centrée sur le sucre, une richesse née du sang des esclaves. L'essor de l'économie sucrière antillaise est la conséquence directe des bouleversements qui affectent l'alimentation et les modes de consommation en Europe au XVIIIe siècle. Le sucre, monopole d'une minorité privilégiée, utilisé essentiellement comme médicament, épice ou élément décoratif, devient un aliment populaire, de plus la gamme de ses emplois, la fabrication du rhum par exemple, dépasse celle de tous les autres produits coloniaux...
[...] Des révoltes blanches à la révolution noire. Les grands Blancs, les minorités possédantes, cherchent à s'affranchir de l'autorité de la métropole, leur politique tend à faire pression sur les institutions locales et à mobiliser les petits Blancs1. Dans le royaume, les planteurs entretiennent un solide groupe de pression, au parlement anglais, par exemple, ils s'opposent au droit de douane contre le sucre. Aux îles, les planteurs sollicitent les assemblées coloniales et les Français le conseil supérieur, des instances qui leur sont toujours favorables pour contester l'arbitraire de l'administration coloniale accusée d'entraver les libertés locales, en réalité l'intense contrebande qui nuit à l'exclusif. [...]
[...] Les îles retrouvent le calme jusqu'à la guerre de Sept Ans ; du côté britannique, l'agitation demeure fort modeste, les colons redoutent la rupture commerciale avec les colonies américaines et restent donc, pendant la guerre d'Indépendance de 1776, fidèle à la Couronne. Par contre, la guerre a consolidé la contrebande de Saint-Domingue avec les colonies américaines, la Guadeloupe s'est laissée prendre par les Anglais, partout règne une forte anglophilie. A Saint- Domingue, le parti colon arme les libres qui se joignent aux petits Blancs pour investir Port-au-Prince en mars 1769, la rébellion n'est matée qu'en juin. [...]
[...] Sa Majesté le Sucre. La croissance de l'économie sucrière se lit dans les chiffres des exportations et du commerce des esclaves qui alimente la main-d'œuvre des plantations antillaises. Jusqu'à la guerre de Sept Ans, le sucre domine dans les exportations des Isles et les Antilles françaises à elles seules éclipsent les British West Indies : les Antilles anglaises fournissent en moyenne tonnes de sucre chaque année, Saint-Domingue en produit près de tonnes, la Guadeloupe et la Martinique non loin de tonnes dans les années 1750- 1765. [...]
[...] La tourmente révolutionnaire touche les autres îles, la Martinique se rallie à la Grande- Bretagne de 1794 à 1802, quant à la Guadeloupe elle lève, de novembre à décembre 1794, avec Victor Hugues, une armée d'esclaves libérés qui résiste aux Anglais, par la suite ce mouvement s'effondre. Bonaparte tente de reprendre en main les îles à sucre, il envoie le général Leclerc en février 1802 à Saint-Domingue. Toussaint Louverture abdique, il mourra en exil, toutefois l'armée napoléonienne est décimée par la fièvre jaune et la grande île retrouve son indépendance le 1er juillet 1804. [...]
[...] Les ports de la métropole et leur arrière-pays profitent de ce commerce d'une triple manière. Ainsi, à Liverpool, le commerce est contrôlé par dix compagnies financées par un éventail de très modestes investisseurs parmi lesquels on compte des avocats, des drapiers, des épiciers, des barbiers, des tailleurs Chaque détenteur possède le huitième, le quinzième ou le trentième d'une action, ces petits porteurs se groupent pour affréter les bateaux destinés au transport des esclaves, la bourgeoisie profite avec de beaux dividendes de ce commerce indigne. [...]
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