De Léon Blum à Charles de Gaulle, nombreux sont ceux, au sein de courants politiques et littéraires variés, qui ont eu l'œuvre de Maurice Barrès pour source d'inspiration. À la croisée de deux siècles, la vie de celui qui sera "Prince de la Jeunesse", socialiste boulangiste puis nationaliste, est aussi au croisement de plusieurs visions de la société et de l'individu. Du Culte du Moi au nationalisme, sa perpétuelle évolution reste ancrée dans une inlassable quête d'identité.
Mais comment ce jeune journaliste dilettante est-il devenu l'un des chefs de file du nationalisme ? Et quelle place a tenu le nationalisme barrésien à son époque ?
[...] Lui qui défend désormais l'idée d'un déterminisme héréditaire, subis en tant que nationaliste deux échecs électoraux successifs dans les premières années du XXe siècle, avant d'être enfin réélu député en 1906. Son programme antiparlementariste, protectionniste, xénophobe et qui promet la restauration de l'ordre et de l'autorité dans la République oscille contradictoirement entre le conservatisme et le primat de l'intérêt national, qui suppose l'acceptation de la modernisation. Mais le nationalisme de Barrès présente une limite qui va l'écarter du grand courant nationaliste du début du siècle : il est toujours resté républicain, contrairement à une grande partie monarchiste de son entourage, et notamment à Charles Maurras, qui considère comme impossible la réforme du système par l'intérieur, c'est-à-dire au sein de la République. [...]
[...] Maurice Barrès est né à Charmes-en-Moselle dans les Vosges en 1862. Sa jeunesse est marquée par des déménagements successifs, qui constituent ses premiers déracinements. Après être passé au lycée de Nancy, il vient à Paris étudier le droit mais il se sent très vite attiré par les Lettres, et il va tenter de se faire connaître par l'écriture. Pour cela il commence par lancer sa propre revue mensuelle en 1884, les Tâches d'Encre, qui se conclut par un échec après quatre numéros, puis il publie de nombreux articles dans le Voltaire, un journal anticlérical et républicain. [...]
[...] Barrès va trouver dans l'Affaire Dreyfus à partir de 1898 une tribune de choix pour son nationalisme. Il va pouvoir en exprimer une facette que l'on ne retrouvait pas chez Boulanger, l'antisémitisme, qu'il reprochait d'ailleurs au général de ne pas avoir utilisé, comme un thème capable de rassembler au-delà des clivages sociaux et économiques. Barrès était en effet, comme beaucoup d'intellectuels de son temps inspirés par les questions de l'identité, très perméable sur les doctrines raciales. Affirmant Que Dreyfus ait trahi, je le conclus de sa race il s'oppose vivement aux dreyfusards comme Jaurès et Zola, dont il qualifie les écrits de grossièretés retentissantes Il écarte aussi de l'identité française les protestants, mais surtout les Français du sud de la Loire, qu'il accuse de contrôler la France à leur seul profit. [...]
[...] A la croisée de deux siècles, la vie de celui qui sera Prince de la Jeunesse socialiste boulangiste puis nationaliste, est aussi au croisement de plusieurs visions de la société et de l'individu. Du Culte du Moi au nationalisme, sa perpétuelle évolution reste ancrée dans une inlassable quête d'identité. Mais comment ce jeune journaliste dilettante est-il devenu l'un des chefs de file du nationalisme ? Et quelle place a tenue le nationalisme barrésien à son époque ? Nous montrerons d'abord comment la conception de l'identité de Barrès a évolué, du Moi Individuel au Moi National, puis nous étudierons les manifestations du nationalisme barrésien. [...]
[...] C'est l'époque de la découverte de l'Inconscient et du déterminisme sociologique, de la crise de la vision classique du Moi. Fortement influencé par ce contexte et par Jules Soury dont il suit assidûment les cours, Barrès va remettre sa doctrine en question. Sur le plan politique, il va s'orienter vers ce qu'il appelle lui-même le socialisme nationaliste sorte de synthèse qui fait du nationalisme le socialisme véritable, en tant que seul capable de défendre les ouvriers français contre la main-d'œuvre étrangère. [...]
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