Ce rapport du ministre de la police, Fouché, est destiné à une diffusion restreinte même s'il s'agit d'un document public. En effet, il rend compte de l'opinion générale de la population (le fameux ‘'esprit public'') sur la récente distribution de Légion d'honneur par l'Empereur.
Napoléon, empereur des Français depuis le 2 décembre 1804, a effectué la première remise officielle des insignes de la Légion d'honneur aux Invalides deux jours auparavant. Cette cérémonie intervient 2 ans après la création de la Légion d'honneur (le 19 mai 1802), jusque-là il s'agissait de nominations discrètes des membres de l'Ordre, cette cérémonie fastueuse et publique est donc la première dans l'histoire de la Légion
[...] L'armée est flattée et voit en la personne de l'Empereur un guide qui la comprend et lui donne ce qu'elle attend. Quant au peuple, c'est là où la Légion suscite respect et admiration. Mais Fouché réussit à montrer l'efficacité de l'œuvre de Napoléon car son rapport rend compte que l'ensemble du corps social se sent concerné car tous ont une réaction, n'est ce pas l'objectif de l'Empereur qui veut que l'Ordre de la Légion soit un creuset ou fusionneraient tous les groupes sociaux, civils comme militaires ? Sources -J.O. Boudon, Histoire du consulat et de l'Empire, Paris Perrin, coll. [...]
[...] L'élite religieuse est représentée ici par ‘'les anciens chevaliers de Saint Louis''. Ceux ci expriment leur mécontentement car cette décoration s'inspire d'une façon très large de l'ordre religieux de Saint Louis, donc ordre délivré sur un critère religieux (le critère de catholicité) même s'il s'agit aussi d'un ordre de mérite militaire. C'est ici un reproche à l'action de Napoléon de détourner les valeurs fondamentales à son projet pour la France, dans ce cas précis, la religion n'est plus considérée pour elle-même mais à des fins politiques. [...]
[...] Tempus -J.P. Jessenne, Révolution et Empire, Paris, Hachette, coll. Carré histoire -L. Bergeron, l'épisode napoléonien : aspects intérieurs, Paris, Seuil, coll. [...]
[...] Des sentiments de joies, d'allégresse se découvrent également mais correspondent à une débauche (l.12) de la part des militaires et semble bafoué l'idéal de l'armée et surtout la nouvelle devise adoptée par l'Empereur et qui fut proclamé le 15 aux Invalides : ‘'Honneur et patrie'', l'honneur des soldats décorés ne semble avoir été que de courte durée selon Fouché. Les nouveaux décorés doivent également occuper une fonction qui corresponde à leur statut, à leur valeur : ligne 10-11. Cela renforce le caractère futile de la décoration qui plus qu'une réelle reconnaissance de la personne est un titre honorifique. Il ne permet nullement tout du moins pour les soldats les plus en bas de l'échelle d'une réelle ascension sociale. [...]
[...] La légion d'honneur passe pour une décoration prestigieuse qui distingue les individus. Un réel sentiment de fierté se dégage, les décorés sont les héros que l'on adule et glorifie : ‘'les décorés sont qualifiés de chevaliers'' (l.4). Il s'agit de véritables exemples de la Nation, de l'idéal à atteindre. Dans ce sens, Napoléon semble poser comme le précurseur de la méritocratie, système dans lequel, chacun obtient une place dans la société selon les efforts qu'il fournit et la reconnaissance qui en découle. [...]
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