Aujourd'hui encore, Tito et les partisans sont souvent perçus comme des héros nationaux ayant su se libérer de la domination allemande de manière plus ou moins autonome ; pourtant, loin du mythe construit autour du futur chef d'État de la République fédérale socialiste de la Yougoslavie, l'action des partisans se doit d'être recontextualisée et analysée d'une façon plus nuancée. Pour revenir quelques années en arrière : en 1934, le roi de Yougoslavie Alexandre Ier qui tenait le pays d'une main de fer est assassiné à Marseille ; le prince Paul assure alors la régence en attendant la majorité de Pierre, le fils d'Alexandre. C'est ce même prince régent qui adhère le 25 mars 1941 au pacte tripartite (Allemagne, Italie, Japon) ; c'est alors que le 27 mars, le régime est renversé par putsch militaire du général serbe Dusan Simovic : Pierre II monte sur le trône sans avoir encore atteint l'âge de la majorité. Allemagne furieuse attaque la Yougoslavie sans déclaration de guerre le 6 avril 1941, l'armée capitule moins de deux semaines après, le 17 avril ; Pierre II s'est déjà enfui avec membres de son gouvernement ; à ce moment-là, le royaume de Yougoslavie est plongé dans le chaos et on voit mal comment une résistance peut s'organiser et mener une lutte armée. Et c'est donc dans ce contexte d'une Yougoslavie morcelée et rongée par les rivalités ethniques qu'on peut se poser la question suivante : comment les partisans parviennent-ils à remporter la victoire finale face à l'occupant ?
[...] DONC CRÉATION D'UN ÉTAT NOUVEAU AVEC SON ARMÉE, SON ADMINISTRATION INTÉRIEURE, ET PLEINS D'AUTRES ATTRIBUTS D'UN ÉTAT L'aide des Alliés occidentaux et de l'URSS Décisions prises lors de la conférence de Téhéran en 1943 : il est décidé que les partisans de Yougoslavie doivent être aidés dans toute la mesure du possible en ravitaillement et en matériel, ainsi que par des opérations de commandos (Aide de l'armée rouge qui sera notamment déterminante elle qui porte réellement les partisans à Belgrade) Après Téhéran, l'influence des partisans ne cesse de grandir : en juin 1944, le gouvernement en exil du roi Pierre II, soutenu par les alliés, signa un accord avec le mouvement de Tito, reconnaissant les Partisans comme l'armée régulière de la résistance yougoslave et ordonnant aux Tchetniks de se joindre à eux. Le 12 septembre, le roi nomma officiellement Tito comme chef de l'armée yougoslave de l'intérieur. Dans le courant de 1944, les Partisans, désormais armés également par les Soviétiques, passèrent à la contre-attaque en Serbie. En octobre, le gouvernement collaborateur serbe cessa d'exister dans les faits. [...]
[...] Une partie des résistants Tchetniks, auxquels une amnistie avait été promise, fit défection pour rejoindre les forces de Tito. À la fin du conflit, les effectifs des troupes de Tito étaient estimés à hommes En mars 1945, l'Armée populaire de libération devint l'Armée populaire yougoslave, qui devint en novembre de la même année l'armée officielle de la République fédérale populaire de Yougoslavie. - La victoire finale : après avoir repris Belgrade, unités yougoslaves avancèrent vers l'Ouest et la lutte armée de l'occupant se désagrégea peu à peu III) La guerre patriotique des partisans : entre mythe et réalité Le principe de fraternité et d'unité des peuples yougoslaves posé par Tito Combat de toute la patrie yougoslave, Habileté de Tito : posa en principe la politique de la fraternité et de l'unité de tous les peuples de Yougoslavie lutte contre l'occupant et contre tous ceux qui organisent guerre fratricide dans le pays (alors que oustachis exterminent serbes et que Mihailovic avait également lancé le mot d'ordre d'exterminer les Croates) Tito veut être perçu comme l'instigateur d'un nouveau fédéralisme qui reconnaîtrait l'égalité fraternelle et en droit de toutes les nations yougoslaves, et non seulement de celles issues de la Première Guerre mondiale, la serve, la Croate et la Slovène (Antoine Sidoti). [...]
[...] Seconde mission de Mihailovic : combattre son adversaire révolutionnaire qui est l'adversaire à long terme. Mais pas de mission de créer instances nouvelles, car de toute façon ne relève pas de ses fonctions de colonel, puis de général et de ministre de l'Armée La conquête du pouvoir et l'instauration d'un nouvel ordre sociétal comme but véritable de la lutte Il y a une réelle volonté chez les partisans communistes de remplacer la structure monarchique-constitutionnelle de l'État d'avant-guerre par une autre structure de type socialiste On observe en effet un double jeu chez Tito : Objectif premier en 1941 : renverser le régime monarchique La Yougoslavie doit être, avant tout, désagrégée dans ses nombreuses composantes et, à ce moment-là, le Parti sera en mesure de poursuivre son travail avec chacune d'entre elles, conformément aux directives déjà données délégitimer une bonne fois pour toutes la monarchie Et d'ailleurs, le terme même de Partisans : façon de déguiser quelque part le mouvement communiste en mouvement de libération nationale, car au sein même du mouvement, en réalité, les opérations sont menées par communistes dictées par l'idéologie révolutionnaire/ceux qui ont rejoint ensuite les partisans : ont cherché une poursuite simple de la guerre que le royaume désuni de Yougoslavie avait perdu DONC but principal du Parti communiste yougoslave est d'utiliser cette guerre de libération comme moyen de conquérir le pouvoir Tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins, qu'importent (quelque part) les représailles sur le peuple. [...]
[...] Il organise début mai 1941 la résistance. Incarnation de la continuité de l'État yougoslave avec gouvernement en exil à Londres. Janvier 1942 : mouvement est appelé Armée yougoslave dans La Patrie montrer lien symbolique qui unit le mouvement à l'armée royale yougoslave et au gouvernement en exil. Mais à cette époque aussi, Mihailovic reconnu comme chef de la résistance yougoslave en étant nommé ministre de la Guerre. [...]
[...] Pour réaliser leurs plans, les Allemands ont insisté sur les anciennes oppositions internes profitaient du fait que la Yougoslavie d'avant-guerre n'avait pas réussi à résoudre la question nationale attisement des haines nationales et religieuses Serbie : soumise à l'autorité d'un commandant militaire allemand mise en place ensuite d'un gouvernement fantoche, celui du général Milan Nedic/État oustachi sous l'autorité d'Ante Palevic, l'État croate indépendant formé en Croatie et en Bosnie (ici, l'armée allemande se présente au peuple comme l'armée libératrice du joug serbe) Littoral de l'Adriatique et Monténégro : Italie Slovénie : partage entre Allemands et Italiens Macédoine : occupée par Bulgares Une partie de la Yougoslavie septentrionale : Hongrois Face à cette occupation, organisation de mouvements de résistance : Tchetniks et partisans : deux résistances, deux légitimités Le premier mouvement de résistance yougoslave : celui des tchetniks Résistance légitimiste menée par Draza Mihajlovic : royaliste serbe, le général des Balkans Tchetnik : terme emprunté au folklore héroïque de la Serbie en souvenir de la lutte contre les Turcs (Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale). Le colonel Mihailovic, au moment où il apprend la capitulation de l'armée yougoslave et la fuite en exil du roi Pierre II, décide, accompagné d'une poignée d'hommes, de poursuivre la lutte contre l'occupant. [...]
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