Si l'Angleterre n'a pas connu de révolutions ou si le gouvernement de George III n'a pas été renversé par l'émeute, cela ne signifie pas que les troubles n'ont pas secoué le pays, l'amenant même parfois au bord de l'explosion. Il faut donc s'interroger sur la décade révolutionnaire, et en particulier sur la période 1795 – 1798, qui a bien failli contredire les lieux communs sur l'imperméabilité de la société britannique à la Révolution, avec les mutineries de 1797 et surtout la Grande Rébellion Irlandaise de 1798.
[...] L'émeute est presque toujours une réaction de défense. La violence populaire n'est pas toujours l'expression d'une folie propre à la psychologie des foules Les études montrent au contraire que l'émeute possède une rationalité politique et sociale et que les personnes qui y participent étaient non des brigands, des marginaux, mais des gens parfaitement intégrés dans leur milieu social. L'émeute est, dans une société où le peuple n'a que peu de méthodes légales pour être entendu, un moyen de dire à ceux qui dirigent la société que quelque chose ne va pas et qu'il faut le changer. [...]
[...] Le cortège insulte les députés qui ont proposé la loi, puis s'en prend au Parlement en entier qui préfère ajourner sa séance. La garde réussit à dégager les abords des Communes, mais les groupes de manifestants se dirigent alors vers d'autres quartiers. Ils s'attaquent aux résidences privées de grands personnages catholiques (envoyé du roi de Piémont Sardaigne, Electeur de Bavière ) qu'ils incendient et pillent. Le lendemain juin, des lieux connus pour être des lieux de culte privés sont saccagés. De jour en jour, les destructions s'accumulent, s'étendent à des maisons non catholiques. [...]
[...] Le débat politique concerne donc d'abord et avant tout le système électoral. Il a été lancé par William Beckford, un riche planteur jamaïcain, devenu membre du Parlement puis Lord-maire de Londres. Ce système électoral se caractérise, en effet, par d'énormes inégalités et par l'existence de bourgs pourris (les circonscriptions électorales étant inadaptées à la répartition de la population), avec pour conséquence que les citoyens anglais ne peuvent pas contrôler efficacement le gouvernement par l'intermédiaire du Parlement ; d'ailleurs, le gouvernement tient lui- même en main un nombre élevé de circonscriptions ! [...]
[...] Au total, il n'y a jamais eu de conjonction entre les différents moments insurrectionnels, pas de conjonction entre les élites et les mécontentements comme il y en a eu en France pour générer le moment révolutionnaire. Au total, certains historiens anglais ont insisté sur la spécificité non révolutionnaire et l'autonomie du mouvement britannique. Le gouvernement anglais et donc toujours resté maître de la situation ; mieux, la lutte contre la France révolutionnaire lui a donné une assise qu'il n'avait pas, la personnalité du jeune Pitt ayant joué un rôle considérable à cet égard. [...]
[...] Pourquoi les îles britanniques n'ont-elles pas connu de renversement révolutionnaire du pouvoir ? Ce n'est pas faute d'avoir connu des situations révolutionnaires. Pour les révisionnistes, l'Angleterre était dans une phase d'expansion économique, la société était ouverte, les blocages socio-économiques n'étaient donc pas assez forts pour que le compromis soit impossible. Les conservateurs soulignent que les groupes radicals étaient minoritaires et la masse fondamentalement loyaliste. Seule peut-être une défaite militaire cuisante aurait pu précipiter une révolution en Angleterre, car le gouvernement était solide, et soutenue sans faille par l'armée, la noblesse, la bourgeoisie possédante. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture