Le Front Populaire (ou Rassemblement Populaire) est une coalition reposant sur les forces de la gauche et le parti radical, qui dirige la France dans un contexte général de crise entre 1936 et 1938, sur le serment suivant : « Nous faisons le serment de rester unis pour défendre la démocratie, pour désarmer et dissoudre les ligues factieuses, pour mettre nos libertés hors de l'atteinte du fascisme. Nous jurons, en cette journée qui fait revivre la première victoire de la République, de défendre les libertés démocratiques conquises par le peuple de France, de donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse et, au monde, la grande paix humaine. » (14 Juillet 1935) (...)
[...] La crainte de voir basculer les classes moyennes dans le fascisme (comme en Allemagne ou en Italie) mène Thorez à suggérer un Front populaire du travail, de la liberté et de la paix incluant la petite bourgeoisie, les paysans, artisans, petits commerçants et anciens combattants (fortement antiparlementaristes). Aussi le PCF s'ouvre fin 1934 vers le Parti Radical afin de réaliser l' alliance des classes moyennes avec la classe ouvrière II. Pour le pain, la paix, et la liberté : victoire et espoir de renouveau En mai 1935 sont présentées aux élections municipales des listes communes, et le PC s'insère peu à peu dans le paysage républicain, facilité par le rapprochement franco-soviétique (pacte du 2 Mai 1935, le PCF abandonne le défaitisme révolutionnaire au profit de la défense nationale Le 14 Juillet 1935 a lieu une manifestation scellant la création du Rassemblement populaire Expression choisie pour se démarquer du Front Populaire popularisé par les communistes, c'est pourtant cette dernière qui rentre dans le langage courant. [...]
[...] Un réformisme social conçu comme une des clés de la relance économique : des raisons financières fait annoncer le 13 Février 1937 une pause dans les réformes. En Juin 1937, Blum demande les pleins pouvoirs financiers, qui lui sont refusés par le Sénat. Blum démissionne le 22 Juin 1937, remplacé par Chautemps. La transition semble s'opérer du Rassemblement Populaire à un gouvernement des radicaux et modérés de droite. Cependant, la situation internationale se précipite et le malaise social se généralise. Blum revenu au pouvoir (jusqu'en Avril 1938) cherche en vain à former un gouvernement d'unité française allant de Maurice Thorez à Paul Reynaud. [...]
[...] Les socialistes sont majoritaires, c'est Léon Blum qui sera Président du Conseil. Les communistes refusent, sous prétexte de vouloir éviter une panique, de participer au gouvernement. Cependant, entre la victoire et l'investiture prévue le 6 Juin 1936, c'est l'attente. Des grèves avec occupation d'usine, ont éclaté dès le 12 Mai, par solidarité avec des employés licenciés pour avoir chômé le 1er Mai. Plusieurs usines prennent la relève, sur des questions de libertés syndicales, augmentation des salaires Des occupations spontanées, bien organisées pourtant, dont la raison de fond tient du mécontentement des masses populaires qui ( brimées, comprimées, avaient remâché leur amertume (Jouhaux) enthousiasmé par la victoire du Front Populaire. [...]
[...] Le gouvernement Chautemps, discrédité, doit alors démissionner. Le 6 Février 1934, alors que son remplaçant Daladier sollicite la confiance, ont lieu des manifestations organisées par les ligues et anciens combattants. Les émeutes font 17 morts et 2300 blessés, et sont considérées par la gauche comme une tentative de putsch par des groupes fascistes. La CGT appelle dès le lendemain le peuple à une grève générale de protestation le 12 Février. On assiste aux premières coopérations CGT/CGTU et socialistes/communistes. A la base existait donc un large courant favorable à l'unité d'action. [...]
[...] C'est l'avènement, par ailleurs, d'un parlementarisme dirigé, la tentative de création d'une réelle démocratie des partis, en parallèle au détachement d'un véritable pouvoir exécutif, la présidence du Conseil, qui serait un véritable organe de coordination et de centralisation du travail gouvernemental (Roussellier). Enfin, c'est l'incapacité à s'appuyer sur des partis politiques de masse, gouvernant le Parlement et fondant un exécutif fort, qui fausse l'expérience de 1936, et laisse la voie libre au pouvoir d'Etat et à la mise à l'écart des assemblées. Il faut donc mettre en relation avec la crise des modes d'organisation et d'encadrement politique dans la France du milieu des années 1930. (F. Monier) Le Front Populaire est donc imprégné du contexte, de sa création à sa disparition. [...]
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