La question du financement ne se pose pas au début du conflit : la guerre sera courte et l'on pourra vivre sur les réserves. Les belligérants se contentent de suspendre la convertibilité de leur monnaie en or (sauf l'Angleterre où la £ reste convertible), avec l'idée de la rétablir dès la guerre terminée : il n'est question pour personne de renoncer au système de l'étalon-or.
La guerre se prolongeant, deux difficultés apparaissent : financer les opérations militaires, qui réclament un matériel toujours plus important ; financer également le ravitaillement. On a recours à plusieurs moyens et expédients, souvent dans l'urgence. Il faut aussi noter que les phénomènes monétaires ne sont pas encore bien maîtrisés (l'inflation et ses conséquences sont notamment presque ignorées), et que chacun, s'imaginant vainqueur, pense bien à la fin de la guerre se faire rembourser ses dépenses par le vaincu. Cela explique l'incohérence des politiques monétaires.
[...] B / Des résultats mitigés : Les emprunts sont en général des succès. Les affiches insistent bien sur leur rôle dans la victoire finale : souscrire, c'est faire son devoir et aider, dans la mesure de ces moyens, les soldats qui se battent et qui, eux, payent de leur vie l'or combat pour la victoire L'affiche américaine cherche même à culpabiliser : si vous ne pouvez combattre, souscrivez ! Mais le patriotisme n'explique pas tout : les taux d'intérêts élevés font beaucoup pour le succès des emprunts. [...]
[...] D'où un débat important : faut-il se retirer du conflit, proposer une paix blanche à l'Allemagne et préserver ainsi la puissance financière britannique (Asquith et la plupart des libéraux), ou continuer la lutte, mais risquer de voir le dollar concurrencer la livre et partager les responsabilités avec les Etats-Unis (Lloyd George et la plupart des conservateurs). Cette seconde option triomphe avec le gouvernement Lloyd George de décembre 1916. B / Le dollar supplante la livre : Les banques américaines prêtent déjà à la France et l'Angleterre avant 1917. Les américains en profitent d'ailleurs pour racheter aux européens les valeurs que ceux-ci possédaient sur leur territoire (liquidation du capital aux Etats-Unis). Le but n'est cependant pas d'affaiblir la Grande Bretagne, mais d'établir avec elle une sorte de condominium financier pour l'après guerre. [...]
[...] Soutou, comment a été financée la guerre la première guerre mondiale, P.-M. de la Gorce dir., Flammarion, 1991) : On remarque que les principaux débiteurs des Etats-Unis (Grande Bretagne et France) sont solvables, ce qui est plus discutable pour l'Angleterre, et encore plus pour la France, qui a largement prêté à la Russie. On comprend bien qu'au lendemain de la guerre, la France souhaite l'annulation des dettes interalliées, au contraire des Etats-Unis, alors que la Grande Bretagne est assez partagée sur la question (elle a autant prêté qu'elle a emprunté). [...]
[...] Outre 4 grands emprunts à long terme, la France émet des bons de la Défense nationale, à court terme, remboursable sur un an, avec intérêt à Il est indispensable, tant que la guerre n'est pas terminée, que les détenteurs de ces bons renouvellent leur souscription à échéance (sinon, c'est la faillite assurée). Les épargnants doivent donc avoir confiance en la victoire prochaine de leur pays et être convaincu qu'ils participent efficacement à l'effort de guerre. Les affiches (cf. pages 40 41) font appel à des thèmes nationaux et particulièrement mobilisateurs : la guerre sous-marine pour l'Allemagne (qui permettra d'échapper au blocus), l'Autriche brandissant l'épée et les lauriers, le rappel des violences allemandes commises en Belgique pour l'Angleterre (le viol de la neutralité belge est la raison de son entrée en guerre). [...]
[...] Ils n'en usent pas tous de la même façon. L'Allemagne ne peut guère s'adresser à des pays prêteurs et son système d'imposition direct, peu centralisé, n'est pas efficace ; elle a recours à l'emprunt intérieur et à l'émission de billet : la masse monétaire est multipliée par 6 pendant la guerre, ce qui est évidemment facteur d'inflation. En Russie, l'Etat abuse de cette pratique, mais peut, lui, faire appel aux devises de ses alliés (Angleterre et France). La Grande Bretagne est privilégiée : première puissance financière au monde en 1914, elle dispose de réserves importantes et d'un système d'imposition performant (impôt sur le revenu) : l'impôt finance de ses dépenses de guerre. [...]
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