De 1946 à 1958, le général de Gaulle vit en marge du pouvoir de la IVe République, « faisant connaître, à Bayeux, ce que devraient être nos institutions ; condamnant, en toute occasion, la constitution arrachée à la lassitude du pays ; appelant le peuple français à se rassembler sur la France pour changer le mauvais régime. » Avant même la fin de la rédaction de la Constitution de la IVe République, le général de Gaulle s'opposait au projet de la Constituante. De cette Constitution, il rejette jusqu'à la procédure d'adoption. Observant que seuls 36 % des inscrits l'ont approuvée lors du référendum, il relève qu'« un tiers des Français s'y est résigné, un tiers l'a repoussée, un tiers l'a ignorée ». En critiquant les institutions de la IVe République, il définit sa propre vision des institutions censées assurer la stabilité et la force nécessaires au pays. On peut dès lors se poser la question suivante : dans quelle logique le général de Gaulle inscrit-il sa conception des défaillances de la IVe République ? Nous tenterons d'y répondre en examinant successivement les raisons de son rejet du régime alors en place, puis celles qui lui font préférer sa propre vision, fondamentalement différente.
[...] A l'Assemblée unique et omnipotente de la IVe République, il oppose le bicamérisme. Au régime des partis, il oppose un exécutif fort. Au trouble de l'Etat causé par les institutions en place, il oppose l'union du pouvoir. Douze années après son discours de Bayeux, le général de Gaulle a l'occasion d'appliquer sa vision lorsque la IVe République s'effondre, abattue par les crises successives qu'elle n'a que trop mal géré. L'œuvre institutionnelle du général de Gaulle connaît la pérennité depuis lors. [...]
[...] Le premier ministre dirige la politique et le travail du gouvernement, alors que le président promulgue les lois et prend les décrets. Il sert d'arbitre, se plaçant au-dessus des partis, soit en présidant habituellement le Conseil des Ministres, soit par l'arme de la dissolution. Il peut recevoir les pleins pouvoirs, car c'est à lui [que revient], s'il devait arriver que la patrie fût en péril, le devoir d'être le garant de l'indépendance nationale et des traités conclus par la France. [...]
[...] Source bibliographique : DE GAULLE Charles, Mémoires de guerre. Le salut : 1946-1948, éditions Plon, collection Pocket réédité en 2004. Cf. notamment le discours de Bayeux, pages 524 à 531. [...]
[...] En outre, la réunion de cette chambre et des élus des assemblées locales des territoires d'outre-mer formera le grand Conseil de l'Union française. Rappelons que lorsque le général condamne la IVe République, la décolonisation est encore loin d'être achevée. Ce grand Conseil délibérera des lois et des problèmes intéressant l'Union, budgets, relations extérieures, rapports intérieurs, défense nationale, économie, communications. On notera que sur certains points cette seconde chambre est proche de ce que le Président De Gaulle souhaita plus tard instituer par le référendum d'avril 1969. [...]
[...] Il se bat car il croit en la nécessité d'adopter au plus tôt des institutions assurant la responsabilité, la stabilité, l'autorité du pouvoir exécutif. L'indépendance, la cohésion, l'autorité du gouvernement doivent être à la mesure de sa tâche même si sa responsabilité devant l'Assemblée nationale et les comptes qu'il a à lui rendre lors de sa formation ne sauraient être oubliés dans la République voulue par le général de Gaulle, ne remet donc pas en cause les fondements du régime parlementaire. En revanche, il réprouve toute déviation de ce régime vers le parlementarisme absolu. [...]
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