De 1940 à 1944, le gouvernement de Vichy, le gouvernement de l'Etat Français du Maréchal Pétain, a collaboré avec l'Allemagne nazie. La légitimité de ce gouvernement est contestée par le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) du général De Gaulle. De ce fait, au-delà de sa légitimité, c'est l'existence même de ce gouvernement de Vichy qui va diviser les Français après la guerre.
De « l'oubli » de cette période de l'histoire de France dans le but de restaurer l'unité nationale dans l'immédiate après-guerre, à la résurgence de ce que H. Rousso appelle « un passé qui ne passe pas », nous allons voir comment la perception de Vichy a évolué depuis cinquante ans.
[...] Mais la collaboration reste un sujet tabou. Le chagrin et la pitié de Marcel Ophuls remporte un grand succès à sa sortie en août 1971, mais il reste interdit de diffusion à la télévision jusqu'en 1981. En 1972, Georges Pompidou donne sa grâce à Paul Touvier, ancien chef milicien lyonnais (qui sera tout de même condamné, car on révélera que certains de ses actes relèvent du crime contre l'humanité, imprescriptible depuis décembre 1964). Son discours, le 21 septembre 1972, en réponse à un journaliste qui lui faisait part de l'émotion des résistants face à sa décision, illustre bien la volonté d'oublier Vichy et de réconcilier les Français une bonne fois pour toutes. [...]
[...] Rousso appelle un passé qui ne passe pas nous allons voir comment la perception de Vichy a évolué depuis cinquante ans. À la Libération, la France est presque en état de guerre civile. Les débordements de l'épuration sauvage, causés par des résistants de la dernière heure poussent le général De Gaulle à dissoudre les milices patriotiques (d'obédience communiste) et à intégrer les FFI dans l'armée régulière. Le PCF proteste puis rentre dans le rang . De Gaulle va se poser comme le seul vrai chef de l'État et ainsi permettre la France de retrouver un rang international au sortir de la guerre et conforter les Français dans l'oubli de Vichy et dans l'idée qu'ils sont un peuple de résistants afin de restaurer l'unité nationale. [...]
[...] Dès 1945 et 1948, la Haute Cour de justice va juger et condamner une centaine de hauts responsables de Vichy. Déjà, les acquittements sont nombreux. Pour les gaullistes, Vichy n'a jamais existé, du moins légalement et légitimement. L'Etat Français est déclaré nul et non avenu par une ordonnance du 9 août 1944 qui stipule que la république n'a jamais cessé d'exister. Si par cette manoeuvre, il y a une volonté de la part des gaullistes de substituer à Vichy les bases de l'état républicain, il y a aussi une volonté d'oublier cette page de l'histoire de France. [...]
[...] Le discours de Jacques Chirac en 1995 marque cependant une étape importante dans la possible réconciliation des Français avec leur histoire. Certes, les Français n'ont pas tous collaboré, mais ils n'ont pas non plus tous résisté. Une majorité de la population s'est installée dans l'attentisme jusqu'à la Libération. Mais nier l'existence de la collaboration, ce serait nier que Vichy a participé à la Shoah et donc nier que des milliers de Français sont morts parce qu'ils étaient juifs, handicapés, tziganes, homosexuels . Vichy, longtemps sujet tabou, est aujourd'hui accepté comme une page de l'histoire de France. [...]
[...] Il en est de même pour Paul Touvier en 1994 et Maurice Papon en 1998. La reconnaissance officielle de Vichy a lieu le 16 juillet 1995, lorsque Jacques Chirac, alors fraîchement élu Président de la République, déclare pour la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv que la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État Français Depuis plus de 60 ans, les plaies de l'occupation ne sont pas toujours cicatrisées. Au contraire, ces moments tragiques de l'histoire nationale se sont inscrits dans l'inconscient collectif avant de ressurgir, des décennies plus tard . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture