Le 1er août 1914, alors que la mobilisation générale est proclamée en France, l'incertitude sur le comportement des Français et leur adhésion à la défense nationale est quasi-totale. Même si au cours de la décennie précédente, les crises internationales se sont multipliées et ont rendu de plus en plus crédible la perspective d'une guerre contre les puissances centrales, rien ne laissait présager que l'assassinat de l'archiduc Francois Ferdinand serait le véritable détonateur au nom duquel l'Europe se jetterait à corps perdu dans un affrontement des deux alliances.
La guerre s'impose donc comme une réalité brutale à chacun, si bien qu'en France, le gouvernement et l'état-major redoutent l'agitation révolutionnaire et leur propagande pacifiste. Ils mettent donc en place ce que l'on a surnommé le carnet B, à savoir une ( liste plus ou moins exhaustive des opposants possibles, deux mille noms, susceptibles de saboter l'effort de guerre) Or, ce qui est int dans cette ancedote, c'est que finalement les autorités n'ont pas besoin finalement de recourir à ce carnet B, ce qui montre à quel point leurs inquiétudes et leurs précautions étaient infondées ou en tout cas excessives. Question qu'on peut se poser en : est ce que la poussée nationaliste de 1914 a été suffisament forte, et surtout suffisament durable, pour étouffer les voix pacifistes durant toutes les épreuves de la Grande Guerre ?
Il apparait qu´il n´y a pas de réponse monolithique, cela dépend des périodes et des hommes... Etre pacifiste en 1914, c'est d'abord et avant tout être minoritaire, tant le consensus national semble opérationnel au départ. Remis en cause au fur et à mesure que le conflit s'enlise, mais jamais transformé en une culture politique puissante.
[...] Etre pacifiste en 1914 Le 1er août 1914, alors que la mobilisation générale est proclamée en France, l'incertitude sur le comportement des Français et leur adhésion à la défense nationale est quasi totale. Même si au cours de la décennie précédente, les crises internationales se sont multipliées et ont rendu de plus en plus crédible la perspective d'une guerre contre les puissances centrales, rien ne laissait présager que l'assassinat de l'archiduc Francois Ferdinand serait le véritable détonateur au nom duquel l'Europe se jetterait à corps perdu dans un affrontement des deux alliances. [...]
[...] Mais cette illusion se dissipe rapidement, et la prolongation du conflit et les difficultés éco et soc qui l'accompagnent permettent à la minorité pacifiste d'élargir progressivement son audience en profitant de ce désenchantement. En 1915, l'opposition correspond essentiellement à une démarche isolée de quelques dirigeants syndicaux, comme Monatte ou Rosmer qui s'expriment dans un organe de presse indépendant La Vie Ouvrière La politique d'Union sacrée de la CGT et de la Sfio essuie de plus en plus de critiques, mais lors de la conférence de Zimmerwald organisée en Suisse, en sept, seule une minorité de syndicalistes représente la France (Merrheim, Bouderon) pour créer une plateforme contre la guerre. [...]
[...] (dans certaines unités, a influencé les mutins) Le fait est que les autorités militaires tendent à surestimer la popularité du pacifisme pour se dégager de leurs responsabilités, mais il suffit pour se prouver du contraire d'observer avec quelle rapidité Pétain a résorbé la crise une fois nommée généralissime, en combinant la répression et une action sur les racines profondes du malaise (fin des offensives désorganisées, permissions plus régulières, amélioration du ravitaillement, etc.) pour venir à bout de l'indiscipline. Les aspirations à la paix ne sont pas, dans l'ensemble , des appels à la fraternisation, mais bel et bien l'espoir d'une paix victorieuse ce qui revient en substance à la doctrine des gouvernements. Clémenceau déclare d'ailleurs aux socialistes Vous voulez la paix ? Moi aussi. Mais ce n'est pas en bêlant la paix qu'on fait taire le militarisme prussien. [...]
[...] Etre pacifiste en 1914, c'est d'abord et avant tout être minoritaire, tant le consensus national semble opérationnel au départ. Remis en cause au fur et à mesure que le conflit s'enlise), mais jamais transformé en une culture politique puissante. Le constat qui prédomine au moment où la marche vers le conflit paraît irréversible, c'est que la Nation l'emporte sur la Révolution (carnet B). Pourtant, au début du siècle, l'antimilitarisme était un véritable leitmotiv des discours socialistes et syndicalistes. Bien avant l'attentat de Sarajevo, la SFIO et la CGT essaient de freiner la fièvre nationaliste qui s'empare de la société française (incarné par l'élection de Poincaré, le vote du rallongement du SM à 3 ans qu'ils ne peuvent empêcher) Jaurès multiplie les interventions anti-guerre aussi bien en France qu'à l'étranger ( s'illustre au Congrès de Bâle de L'internat en 1912, publie un article retentissant dans l'Huma Sang froid nécessaire mais son assassinat le 31 juillet par Raoul Villain, un nationaliste sensibilisé aux thèses de l'Action Française, brise net les élans pacifistes et les dernières velléités internationalistes. [...]
[...] et enfin le même jour les socialistes prennent part au vote unanime sur les crédits de guerre. Le phénomène qui emporte les masses ouvrières à l'automne, et révèle la profondeur de l'attachement à la patrie porte un nom, c'est l'Union sacrée. Il s'agit non pas d'une disparition des clivages, mais d'une trêve du combat politique au profit de la survie de la mère patrie. La guerre est ralliée de toute part : par les nationalistes évidemment, les socialistes, mais aussi les catholiques qui ferment les yeux sur les messages pontificaux en faveur de la paix (Pie puis Benoit XVI), les anarchistes qui prônent l'anéantissement de la nation la moins socialiste (Reich). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture