« L'épopée des soldats de Mussolini en Abyssinie (1936-1938) » de F. Le Houérou

Résumé du document

En interrogeant ces acteurs mineurs de l'Histoire, Fabienne Le Houérou a voulu développer une double thèse : L'Ethiopie était-elle un "miroir aux alouettes" ? Et existe t-il un "racisme à l'italienne" ? Cette double problématique, Fabienne Le Houérou a choisie de la concentrer sur une période très courte : deux années (1936 et 1937). Pourquoi ? Parce que c'est la période de gouvernement de Graziani, c'est à dire de la véritable "aventure fasciste" par excellence. Le passage tourmenté de Graziani à la vice-royauté d'Ethiopie a été une vraie rupture entre la colonisation pré-fasciste et le gouvernement d'Amédée d'Aoste (qui renoue avec une histoire coloniale pré-fasciste). Ainsi en posant la problématique du racisme à l'italienne, Fabienne Le Houérou compte bien faire le lien entre fascisme et racisme et faire le jour sur les méconnues cruautés de cette période, courte mais meurtrière...

Extraits

[...] Le désarmement de la population fut la première étape d'un engrenage de la terreur, mis en place par Graziani. On décida de punir de mort tout autochtone en possession d'une arme c'est quelque chose qui fit naître un sentiment d'injustice chez les éthiopiens. D'après Fabienne Le Houérou, plusieurs milliers de personne ont ainsi été tué sommairement après des simulacres de procès Pour Fabienne Le Houérou l'attentat manqué contre Graziani du 12 Yekätit (19 février 1937) marque le déclenchement d'une politique de terreur qui commence par un événement raciste de première importance : des représailles sanglantes ! [...]

[...] Ce terme désigne d'anciens soldats ou civils qui ont participés à la conquête de l'Ethiopie en 1936 et qui n'en sont jamais repartis Cette population se chiffre à environ 150 personnes (sur les italiens d'Ethiopie en 1936). Le processus d'ensablement concerne une classe sociale bien spécifique : celle des déshérités. Il faut cependant distinguer les "ensablés supérieurs" et les "ensablés inférieurs". Ils ne partagent pas une même vision du monde et n'ont pas les mêmes points de vue politiques. En interrogeant ces acteurs mineurs de l'Histoire, Fabienne Le Houérou a voulu développer une double thèse : L'Ethiopie était-elle un "miroir aux alouettes" ? Et existe t-il un "racisme à l'italienne" ? [...]

[...] De plus les thèmes de la composition sociale et du racisme à l'italienne ont été complètement négligés par l'historiographie. Quand on pense aux méfaits du fascisme : souvent, c'est seulement à ses actions en Europe que l'on pense, et on a tendance à considérer l'Ethiopie comme une "simple répétition". Or elle a en effet servie de répétition mais il y a eut une véritable application d'une politique fasciste, raciste et meurtrière en Ethiopie, pas seulement des essais ou des tentatives : des massacres, des condamnations à mort, de la délation, de la collaboration et surtout des camps de la mort. [...]

[...] Les études antérieures de la colonisation italienne avaient eut recours uniquement à des témoignages d'acteurs qui eurent un quelconque pouvoir pendant la période. jamais avant Fabienne Le Houérou on avait pensé à donner la parole à des acteurs mineurs. Les ensablés s'étaient ensablés eux- même, mais ils ont aussi été ensablés par leurs compatriotes et par les historiens. Les militaires et les hommes de pouvoir ont laissé des mémoires sur les évènements d'Ethiopie. Grâce à Fabienne Le Houérou et cet ouvrage, les ensablés l'ont fait aussi ! [...]

[...] Ce racisme n'est pas une composante fondamentale du fascisme italien en Italie, mais hors d'Italie c'est un élément essentiel de la politique coloniale. Le travail de Le Houérou sur ce sujet a été de démontrer que ce racisme a l'italienne a été une somme de contradictions spectaculaires entre lois sur la race et comportements des métropolitains Il s'avère en effet que les colons ont été pour la majorité - c'est à dire la population ouvrière - incapable de mépris et de conduite raciste, malgré qu'ils aient intégré la notion de supériorité. [...]