L'Europe qui compte environ 3 millions de Juifs au début du XIXème siècle, concentre la quasi-totalité de la population juive mondiale, surtout en Europe de l'Est. Or la population juive connaît une véritable explosion démographique au cours de ce siècle, et en 1880, la population juive mondiale atteint 7,7 millions de personnes dont 90% en Europe. Or, depuis le Moyen-âge et jusqu'au XIIIème siècle, les Juifs sont traités comme des citoyens de seconde zone, enfermés dans des ghettos et se voyant interdire l'accès à de nombreuses professions ; juifs et non juifs forment ainsi deux monde bien séparés. Cependant, avec le combat des philosophes des Lumières pour la tolérance et la liberté religieuse, la question juive devient au XVIIIème siècle un thème récurent. C'est finalement la Révolution française, avec le décret d'émancipation de 1791, et surtout les guerres napoléoniennes, qui vont amorcer le processus d'insertion des Juifs dans les sociétés européennes. Quant à la notion d'émancipation, c'est un processus juridique qui aboutit à la reconnaissance d'une égalité de droit et notamment à l'octroi de la pleine citoyenneté. Elle se distingue donc de l'intégration qui est un phénomène d'avantage social et dont l'une des formes est l'assimilation. Cette évolution est annoncée dès le XVIIIème par la Haskalah, équivalent des Lumières dans le Judaïsme, né autour de 1740 à Berlin avec la traduction de la Bible par Mose Mendelssohn, mais ne se concrétise véritablement qu'avec la Révolution française (octroi de la citoyenneté en 1791) et lorsque les conquêtes napoléoniennes conduisent à l'exporter en Europe.
[...] Comment peut-on définir l'intégration des juifs en Europe ? Provient-elle d'une synthèse engendrée par la sécularisation du monde juif, une métamorphose due à l'absorption de la culture européenne par les Juifs, à l'intérieur de leur propre tradition ? Dans ce cas précis pourquoi malgré une intégration dynamique, des événements ont fait que celle-ci doit être relativisée ? Quels sont alors les échecs de l'émancipation et de l'intégration des juifs en Europe ? Si l'émancipation et l'intégration des Juifs en Europe est relativement effective au XIXème siècle c'est paradoxalement ce qui va conduire à un repli communautaire et à l'antisémitisme (II). [...]
[...] Contrairement à la France où, après la révolution de 1789, l'octroi de la citoyenneté faisait des Juifs des membres de la nation à part entière, dans d'autres pays d'Europe comme en Allemagne, on constate, que les droits civiques et l'appartenance nationale demeuraient bien distincts. Grâce à l'émancipation, les Juifs pouvaient accéder à la citoyenneté mais restaient exclus de la nationalité. L'assimilation avait dissout la nation juive et confessionalisé ses membres au sein de la société allemande, mais l'ancienne nationalité ne fut jamais remplacée par la germanité. [...]
[...] Sur le plan strictement légal, les Juifs devinrent des citoyens allemands à travers de nombreuses étapes tout au long de la première moitié du XIXème, un processus qui ne trouva sa conclusion que dans l'unification allemande en 1871. L'égalité civile est précisée par une loi d'émancipation votée en 1871. En Pologne, les Juifs se voient attribuer en 1862 les mêmes droits dans la zone russe. Les privilèges de certaines villes interdisant l'installation de Juifs sont abolis. En Autriche, après que les juifs aient été expulsés du pays en 1669, ils sont réadmis officiellement en 1848. Sur le plan de l'organisation, les diverses communautés se sont dotées d'instances qui leur permettent d'être représentées auprès de l'Etat. [...]
[...] Différentes réactions face à cet antisémitisme 1. La création d'associations de défense contre l'antisémitisme Face à cette vague d'antisémitisme, les Juifs réagissent en fondant, par exemple en Allemagne l'association de défense contre l'antisémitisme en 1890, puis l'Association centrale des citoyens allemand de religion juive en 1893, qui joue le rôle d'instance de représentation des Juifs Allemands. Le mouvement suscité par Martin Buber, philosophe israélien et autrichien, à travers ses écrits et surtout sa revue, Der Jude, prônait une forme de sionisme culturel (Kulturzionismus) fondé sur l'idée d'un renouveau spirituel de la judéité. [...]
[...] Ils signifieront pour beaucoup l'échec (relatif) des espérances suscitées au début du siècle par l'Emancipation : l'émergence de l'antisémitisme moderne et celle des mouvement nationaux juifs. II. L'échec de l'intégration voit sa concrétisation dans un antisémitisme nouveau, qui donne naissance à des mouvements nationaux juifs A. L'antisémitisme comme la preuve d'une non intégration ou d'une non acceptation par les autres communautés 1. L'apparition d'un antisémitisme nouveau qui s'appuie sur des théories raciales Certes, le mouvement d'hostilité aux Juifs n'est pas nouveau. [...]
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